Professeur décapité: le point sur l’enquête et le profil de l’assaillant

17 - Octobre - 2020

A Montigny-les-Cormeilles, ville voisine de Conflans dans le Val-d’Oise, les enquêteurs ont cueilli en douceur le père de la fille élève en classe de 4e qui a diffusé la vidéo fustigeant le professeur décapité, ainsi qu’un ami qui se trouvait sur place au moment de l’intervention. Trois autres suspects, à propos desquels rien n’a filtré, ont été appréhendés en région parisienne.

Les neuf personnes déjà placées en garde à vue devaient être entendues à Levallois-Perret, au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (Dgsi) et de la Sous-direction antiterroriste (Sdat), saisies des investigations, avec l’appui de la PJ de Versailles. Dans le cadre de la procédure antiterroriste, les auditions de suspects peuvent durer jusqu’à 96 heures.

Liberté d’expression

Une source judiciaire confirme au Figaro que l’auteur de cet assassinat, Abadoullakh A., 18 ans, est bien Tchétchène. Présentant des antécédents de droits commun, il n’était pas fiché pour radicalisation. De confession musulmane, il est né à Moscou en 2002.

Sur les faits eux-mêmes, il est établi que le professeur d’histoire quittait l’établissement scolaire à 17 heures, lorsqu‘il a été agressé à l’arme blanche. L’assaillant a tranché la tête de sa victime. Il a ensuite pris la fuite à pied en direction de la commune d’Eragny, toute proche, mais il a été rattrappé par un équipage de la Brigade spécialisée de terrain (BST) de Conflans-Sainte-Honorine. Il a refusé de se rendre aux injonctions de la police et a été abattu par les fonctionnaires avec leurs armes de service.

La victime avait montré récemment à ses élèves des caricatures de Mahomet, lors d’un cours sur la liberté d’expression. Le professeur avait été menacé par des parents et avait même déposé plainte au commissariat.

Hommage national

Noredine, père d’un élève de 13 ans, interrogé sur France info, ce samedi, assurait que, selon les dires de son enfant, témoin de la scène en classe, le professeur d’histoire avait demandé aux élèves de confession musulmane qui suivaient son cours de quitter momentanément la salle, s’ils le désiraient, car il allait présenter des caricatures de Mahomet. «C’était pour qu’ils ne soient pas choqués. (...) il n’a pas voulu manquer de respect», a déclaré ce parent d’élève de confession musulmane.

La semaine passée, des notes du Service départemental de renseignement territorial (Sdrt, ex-RG) ont évoqué l’émoi sucité par l’initiative de l’enseignant chez certains parents issus de la communauté mulsumane. Certains parents voulaient même organiser une manifestation devant l’établissement scolaire.

Le professeur d’histoire-géographie, vivement pris à partie et se sentant en danger, avait des raisons légitimes d’être inquiet pour sa sécurité. Il avait déposé plainte au commissariat, accompagné de sa principale de collège. Le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, doit prendre la parole vers 15 heures, ce samedi, pour éclairer les circonstances du drame. L’Elysée a fait savoir qu’un hommage national sera rendu.

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