Projet de suppression de la Ville de DAKAR : l’imbroglio juridique (Par Seybani Sougou)

18 - Décembre - 2020

Le projet loufoque de suppression de la ville de Dakar est un véritable serpent de mer qui risque de finir en eau de boudin.

Nous ne nous épancherons pas outre mesure sur les errements du ministre des collectivités territoriales qui ignore les dispositions de la Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant code général des collectivités territoriales. C’est une spécificité du régime de Macky Sall : en matière d’élaboration de certains textes, ils font preuve d’un amateurisme consternant et ne savent pas ce qu’ils font. Connaissent-ils d’ailleurs les tenants et les aboutissants de l’acte III de la décentralisation, dont ils vantent régulièrement les mérites « fictifs » ; une réforme, fruit d’un bricolage administratif et d’une impréparation totale et dont le bilan est foncièrement négatif ? Le doute est permis.

La création et la suppression des collectivités locales est strictement encadrée par les textes.

L’article 2 de la loi 2013-10 du 28 décembre 2013 portant CGCT dispose : « Les collectivités locales sont créées, supprimées, scindées ou fusionnées dans les conditions prévues par le présent code ».

L’article 74 précise les modalités de suppression de la commune : « Lorsque, pendant quatre années financières consécutives, le fonctionnement normal d’une commune est rendu impossible par le déséquilibre de ses finances, sa suppression peut être prononcée par décret, après avis de la Cour suprême….».

Aux termes de l’article 74 du CGCT, le seul motif justifiant la suppression de la commune, c’est le déséquilibre de ses finances pendant 4 années consécutives ; et ce, après avis de la Cour suprême. Pour supprimer la commune, 2 conditions doivent être réunies ; le déséquilibre des finances sur 4 ans consécutifs et l’avis rendu par la Cour suprême).

Quel est le statut juridique de la Ville ? La réponse est donnée par le dernier alinéa de l’article 167 du CGCT : La ville a le statut de commune. C’est clair, net et précis.

L’article 187 du Chapitre V du CGCT concernant les « Dispositions relatives à la ville » vient balayer les derniers doutes sur le statut juridique de la Ville, en ces termes « En tout ce qui n’est pas contraire au présent chapitre, les dispositions du présent code relatives à la commune sont applicables à la ville ». Par conséquent, les dispositions de l’article 74 du CGCT sont pleinement applicables à la Ville.

Pour supprimer la Ville, il faudrait que « pendant 4 années financières consécutives, son fonctionnement normal soit rendu impossible par le déséquilibre de ses finances, et ce, après avis de la Cour suprême ». Point final.

Nous attendons avec impatience de prendre connaissance du projet de texte motivant la suppression de la Ville de Dakar. Nous espérons (pour eux) qu’ils ont pris le soin de publier au journal officiel tous les textes qui seront visés pour la circonstance. La suppression de la commune ou de la Ville ne relève pas d’un pouvoir discrétionnaire. Avec ce projet loufoque, le régime déviant de Macky Sall s’engage, une nouvelle fois, dans une impasse.

Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

01 - Septembre - 2023

Albert Ondo Ossa, principal candidat de l’opposition au Gabon : « Il n’y a pas de coup d’Etat militaire, mais une continuité des Bongo… »

Malgré la prise du pouvoir par les militaires et le président Ali Bongo Ondimba en résidence surveillée, l’opposant Albert Ondo Ossa demeure insatisfait. «...

31 - Août - 2023

Affaire Ousmane Sonko : La réplique sèche de Pastef à Ismaila Madior Fall

Pastef apporte la réplique au ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall. Son porte-parole, Me Abdoulaye Tall, précise que la condamnation de leur leader Ousmane Sonko n’est...

31 - Août - 2023

Gabon::L'opposition craint la confiscation du scrutin présidentiel

Personne dans l'entourage d'Ali Bongo et de son pouvoir ne s'est officiellement exprimé depuis le coup d'État, ce 30 août au matin. Pas de déclaration non plus...

31 - Août - 2023

AFRIQUE : LA RE-NAISSANCE DES COUPS D’ETAT (PAR MOMAR-SOKHNA DIOP)

La fin des putschs en Afrique semblait se dessiner. En effet, entre 1960 et 1970, 65% des pays africains connaissait au moins un coup d’Etat, des révolutions de palais voire des...

31 - Août - 2023

DOUBLE NATIONALITE DE KARIM WADE: LA PART DE VERITE DE BIRAHIM CAMARA

La déclaration volontaire de perte de la nationalité française doit être faite en double exemplaire et accompagnée de l'acte de naissance, de la copie de la carte...