Prolifération Mutuelles santé dans le secteur éducatif: le ministre Mamadou Talla accusé d’avoir cédé devant la pression syndicale
Dans une lettre adressée le 11 mai aux secrétaires généraux des syndicats d’enseignants, le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, a décidé l’adhésion des enseignants contractuels à une mutuelle de santé. Toutefois, depuis 2009, tous les ministres qui ont occupé ce département n’ont jamais répondu favorablement à cette veille doléance des syndicalistes qui en font une affaire politique pour avoir plus d’adhérents. D’autant plus que le décret N° 2006-1256 du 15 novembre 2006, en son article 5, règle cette question. Les enseignants et quelques responsables du ministère soutiennent la thèse de la pression car le ministre souffre des vagues de contestations de la part des secrétaires généraux de l’éducation.
Qui veut la mort de la mutuelle générale de l’éducation du Sénégal (MGES) ?
Dans son courrier du 11 mai passé, portant sur l’adhésion des enseignants contractuels à une mutuelle de santé, le ministre s’est basé sur les dispositions du décret 2009-423 du 27 avril 2009 portant application de la loi 2003-14 du 14 juin 2003 relative aux mutuelles de santé, plus précisément son article 10 qui stipule qu’« il est possible à un enseignant contractuel de souscrire à une mutuelle de son choix légalement constituée ».
L’utilisation de cet article pour les beaux yeux des secrétaires généraux de l’éducation est en train de faire couler beaucoup d’encre. En effet, pour le gérant de la Mutuelle générale de l’éducation du Sénégal, il faut être de mauvaise foi pour avoir une telle lecture de cet article. « Ce, d’autant plus que le présent décret auquel fait allusion le DAGE relativement à l’adhésion des populations non agents de l’Etat dans une mutuelle de leur choix n’est qu’une mauvaise lecture de la loi. Car le décret N° 2006-1256 du 15 novembre 2006 en son article 5 stipule que l’employeur est tenu d’assurer la sécurité et la santé des travailleurs dans tous les aspects liés au travail. A cet effet, il peut sous sa responsabilité utiliser les services de personnes physiques ou morales, extérieurs à son établissement. Et c’est le cas depuis 1995 » explique Souleymane Barka Ba, gérant de la Mutuelle générale de l’éducation du Sénégal.
A l’en croire, la MGES (Mutuelle générale de l’éducation du Sénégal) assure parfaitement la prise en charge des enseignants et cela sur les 245 structures agréées au niveau national. Joint par téléphone, M.D, un responsable syndical dans le Sud du pays, professeur de langue, est contre cet « émiettement ». Parce que, pense-t-il, la mutualité est la théorie des grands nombres. Par conséquent, soutient-il, le ministre manque de poigne. « Je veux juste rappeler que cette demande ne date pas d’aujourd’hui. Il y a plus urgent que cette veille doléance qui n’est que l’affaire des secrétaires généraux de syndicats. Tout ceci n’est que politique. Car, il y a des forces tapies dans l’ombre dont les intérêts ne sont que personnels » fustige notre interlocuteur, dénonçant la démarche individualiste des syndicalistes.
« Qu’est-ce qui empêche les enseignants de former un seul bloc syndical si c’est réellement l’intérêt général qui est en jeu ? », s’interroge-t-il. « Imaginez une mutuelle qui va se retrouver avec 1000 membres cotisant chacun 2700 FCFA. A coup sûr, il suffit que cinq personnes tombent malades pour que les fonds de la mutuelle soient consommés », alerte le gérant de la Mutuelle générale de l’éducation du Sénégal, Souleymane Barka Ba.
A l’en croire, l’’entrée en vigueur de cette décision, prévue à la fin de ce mois, aura de lourdes conséquences. En effet, dit-il, dans un secteur où il y a plus de 40 syndicats, tous chercheront à mettre sur pied leurs propres mutuelles dans un contexte où les défis de l’éducation sont ailleurs.
De l’avis de nombreux acteurs du secteur éducatif, cette décision portant adhésion des enseignants contractuels à la mutuelle de santé de leur choix aurait été actée pour les beaux yeux des secrétaires généraux des syndicats. Lesquels sont très puissants dans le secteur de l’éducation nationale, rapporte Le Témoin.