PROPOS DE MERCREDI :LA COMIQUE TENTATION DU « FAUFILAGE »

09 - Janvier - 2019

En 2012, Mackrond avait réussi à se faufiler au pouvoir en laissant ses collègues de l’opposition guerroyer avec les policiers à la place de l’Obélisque. En 2019, une répétition de cette histoire ne serait que comique. La différence entre ces deux rendez-vous est la suivante : tandis que Wade ne pouvait s’abaisser à frauder, Mackrond, lui, braque les urnes en plein jour.
Le complot judiciaire contre les candidats Karim et Khalifa, la falsification du fichier électoral, le piège à candidats du parrainage, devraient détromper d’éventuels candidats au « faufilage ». Comment peut-on penser un seul instant que ces indignités ont été commises pour servir de marchepied à un troisième larron ?
A l’issue de l’examen organisé par le Conseil constitutionnel, les sept observateurs de la société civile ont confirmé les manquements dénoncés par les candidats de l’opposition. Dans une perspective fondée sur le sens de l’honneur, un désaveu aussi cinglant aurait des conséquences immédiates. Le Conseil constitutionnel serait obligé de tenir compte de l’avis des personnalités qu’il a lui-même choisies pour observer et apprécier son travail de vérification.
Mais chez les hommes de paille, on fait comme si rien ne s’était passé. Mackrond-Juge Constitutionnel ne va quand même pas dire la vérité sur le faux fichier fourni par Mackrond-Ministre de l’Intérieur, ni contrarier la commande de Mackrond-Premier ministre de limiter le nombre de candidats à cinq. Ni, au lendemain du scrutin, proclamer d’autre résultat que la « réélection dès le premier tour » de Mackrond.
La détermination à exécuter, sans états d’âme, leur part de forfaiture est observable dans la décision de ne pas vérifier les signatures des parrains, alors que l’article L57 du Code électoral définit le parrainage uniquement comme une « collecte de signatures ».

Tirer les marrons du feu…marron
L’opposition doit relever le redoutable défi de donner une issue démocratique à un assassinat de la démocratie. Mackrond la provoque sur le terrain de l’affrontement violent avec les forces de l’ordre, afin de l’isoler de la masse pacifiste des électeurs. Avertie de ce piège, elle doit cependant jouer pleinement son rôle de force organisatrice de la résistance citoyenne.
Elle y parviendra à la condition que ses leaders conviennent que leurs destins personnels dépendent entièrement du succès du combat actuel pour des élections équitables ; qu’ils soient intimement persuadés que nul ne pourra se faufiler pour tirer les marrons du feu… marron ; qu’ils érigent la lucidité, la loyauté et l’unité en valeurs gagnantes.
La résistance à l’oppression mackrondienne est une question de dignité. Aucun dictateur n’a jamais pu briser la volonté de notre peuple. Celui-ci a toujours trouvé les ressources morales nécessaires pour résister victorieusement et faire respecter sa souveraineté et ses prérogatives. C’est à la jeunesse sénégalaise de ressusciter cette héroïque tradition de lutte. Ici et maintenant.
Croire qu’il suffira d’aller voter le 24 février, alors que le jeu est déjà faussé, est aussi un espoir illusoire.

09/01/2019
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

22 - Février - 2024

LE SENEGAL EN CRISE POLITIQUE SUSPENDU A LA PRISE DE PAROLE DE MACKY SALL

Le président du Sénégal doit prendre la parole ce jeudi dans la soirée. Il pourrait préciser ses plans pour organiser la présidentielle, qui a...

22 - Février - 2024

REPORT DE LA PRESIDENTIELLE AU SENEGAL : L’OPERATION DEMINAGE DES DEPUTES DE BBY A PARIS

Pouvoir aux abois cherche soutien à Paris. « Alors que l’annulation du scrutin préoccupe la communauté internationale, quatre parlementaires de la majorité...

22 - Février - 2024

CES MOUVEMENTS ET « MANŒUVRES » DE NATURE A COMPROMETTRE LA SURVIE DE CET OLIGOPOLE POLITIQUE (OSWALD SARR)

Les atermoiements du régime actuel face à une fin de règne certaine nous fait penser à ces mots de Spinoza dans son traité théologico-politique. «...

21 - Février - 2024

Libération de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko : Aïssata Tall Sall entretient le flou

Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice n’a pas donné de réponses claires sur la libération d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye. Une telle...

21 - Février - 2024

PDS et Cie insistent que la « reprise du processus n’est pas négociable »

Le Front Démocratique Pour une Election Inclusive s’est réuni ce 20 février 2024. Il prend acte de la décision du Conseil constitutionnel modifiant la liste des...