PROPOS DE MERCREDI : LA « PRE-VICTOIRE » DE MACKABILA

30 - Août - 2018

Le Général Lamine Cissé est encore au front des transitions démocratiques en Afrique. J’ai eu l’avantage de participer il y a quelques jours, à Dakar, à un symposium sur ce thème organisé sous son égide. Paradoxalement, l’œuvre qu’il a accomplie en tant qu’organisateur des élections de l’an 2000 semble ignorée. Bien à tort.
Devant les polémiques portant à l’époque sur les cartes dites « israéliennes », le Général avait mis tout le monde d’accord en publiant le fichier sur internet.
Cette publicité du fichier est restée un acquis pendant 12 ans, jusqu’aux législatives de 2012. Il a fallu l’avènement du président Sall pour que cette garantie de clarté soit retirée. Au référendum de 2016 comme aux législatives de 2017, le fichier a été au cœur de toutes les pratiques frauduleuses.
C’est sur la manipulation du fichier, et elle seule, que Mackabila compte pour « gagner » une présidentielle qu’il a déjà avoué avoir perdu en affirmant devant ses militants parisiens reçus en audience à Dakar : « il me faudra 2 500 000 voix pour passer au premier tour, soit presque un million de voix supplémentaires par rapport aux législatives, ce qui ne sera pas facile ».
Cet aveu privé, apparemment enregistré et publié à son insu par ses amis, est plus crédible que ce sondage ésotérique qui lui donnerait 53% des voix… au second tour.
La gestion secrète du fichier est le principal outil du complot ourdi autour du parrainage. Les premiers dégâts de cette invention déloyale sont apparus avec le véritable appel d’air qu’a constitué la désignation des coordinateurs de pré-candidats. Cent pré-candidats officiels se sont fait inscrire, prouvant ainsi tout le ridicule de cette innovation douteuse.
La gestion secrète du fichier est censée engendrer une « pré-victoire », avant le premier tour, de Mackabila qui va s’autoproclamer « parrainé » par 2 500 000 signataires. Sauf que, la direction des élections venant d’avouer l’impossibilité technique de vérifier la sincérité des signatures, ces signataires seront aussi fictifs que le million et demi de tonnes d’arachides déclarées l’année dernière alors que la pénurie de foin décime le bétail en ce moment.
Mais ce n’est pas un tel « détail » qui arrêtera un Mackabila affolé, chaque jour un peu plus, par la « difficulté » de mener à bien son idée fixe : « gagner » en étant minoritaire.
En attendant, les forces démocratiques ont engagé la résistance. Mais la détermination de leurs seuls militants et sympathisants suffira-t-elle ? Il faudra que la « majorité silencieuse », qui attend patiemment le jour J, comprenne qu’elle va vers un rendez-vous truqué. Et que c’est ici et maintenant qu’il convient d’agir.
Comme ce fut le cas en 2000 avec la marche historique du 2 février sur la Place Washington, quand des milliers de citoyens mobilisés ont arraché à Diouf l’audit du fichier électoral. Et donné un sens à leur droit de vote.

29/08/18
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

17 - Décembre - 2024

Après l'Assemblée nationale et la Mairie de Dakar : Barthélémy Dias va perdre également son poste de conseiller municipal à la mairie de Mermoz Sacré Coeur

Barthélémy Dias n'est pas au bout de ses peines. Dans sa livraison du jour, Les Échos se demande quel sort lui sera réservé au niveau du Conseil municipal de la...

16 - Décembre - 2024

SERIGNE MBAYE THIAM S’EXPRIME SUR « LES IRREFUTABLES RAISONS DE LA DELIQUESCENCE DU PARTI SOCIALISTE »

La commission électorale, sous la présidence du chargé des élections, le camarade Serigne Mbaye Thiam, a réuni contre la volonté de certains caciques,...

16 - Décembre - 2024

Après la presse, le nouveau régime viserait l'assainissement des partis politiques

Se dirige-t-on vers la fin de la prolifération des partis politiques ? Oui, si l’on en croit L’Observateur, repris par Seneweb, rapporte dans son édition de ce lundi que...

16 - Décembre - 2024

La Cédéao acte la sortie du Niger, du Burkina et du Mali de l’organisation avec un délai de rétractation de 6 mois

La 66e Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, qui s’est tenue hier, dimanche 15 décembre 2024, à Abuja, au...

16 - Décembre - 2024

Diomaye à nouveau mandaté pour négocier la réintégration du Burkina Faso, du Mali et du Niger au sein de la CEDEAO

Lors de la 66ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest...