PROPOS DE MERCREDI :LE SANG VA COULER DU ROBINET

24 - Octobre - 2018

Mackyavel s’est donc adressé aux députés de sa coalition, à propos de la collecte de parrains, en ces termes : « Cessez de faire des processions dans les rues. N’ayez pas peur d’entrer dans les maisons et de parler aux gens ».
S’ils avaient été aussi honnêtes que le maire de Simbani-Brassou, ces députés lui auraient répondu qu’ils ont peur d’être rabroués et chassés à coups de pierre. Et qu’ils collectent leurs parrainages avec les données recueillies pour les financements de la Der. Escroquerie, faux et usage de faux, en toute publicité et impunité.
« N’ayez pas peur ! ». Ce fut l’appel de feu Jean Collin, présidant à Thiès, en 1989, le premier meeting du Ps après que Diouf fut chassé de la place de France à coups de pierre en 1988. Il voulait redonner confiance à des responsables qui rasaient les murs. Comme les collecteurs de parrainages d’aujourd’hui.
S’il les avait interrogés sur les causes de leur timidité, Mackyavel aurait certainement gagné une perception beaucoup plus juste des rapports de force politiques actuels. Car il n’y a pas meilleur sondage que la peur des députés devant les électeurs.
Alors, il aurait lui-même eu « peur » de s’engager dans le sulfureux micmac qui caractérise le contrat d’affermage de l’eau. Ce matin en effet, la presse nous apprend son attribution à la française Suez, qui promet pourtant de nous facturer le mètre-cube d’eau … encore plus cher que la Sde. Un simple communiqué du ministère de M. Beau-Frère donne la nouvelle, sans aucune explication sur les motivations d’une telle décision.
Est-ce que la Sde, confortablement installée depuis 22 ans, a jugé superflu de passer à la caisse ? Est-ce que Suez, que l’Etat français contrôle à travers Engie, a su se montrer plus convaincante ? Comment ? Combien ? A qui ? Autant de questions posées par des observateurs et qui renseignent sur l’ampleur inédite de la corruption marron. A cette échelle, ce n’est plus du courage mais une témérité suicidaire.
La Sde a annoncé son intention de combattre pour conserver son fromage de 80 milliards annuels. C’est sûr : le sang va couler du robinet. Quelles seront, pour les consommateurs et pour l’économie nationale, les conséquences de la guerre fratricide qui s’annonce ainsi ? Quelle est la stratégie mise en place pour préserver l’intérêt national ?
Une révision de la politique de l’eau est un impératif. La privatisation a montré ses limites. Suez fera comme la Sde : s’enrichir au maximum de l’exploitation et investir le minimum possible. C’est ce que font les concessionnaires privés des forages ruraux. C’est ce qu’ils feront tous s’ils arrivent à mettre la main sur l’eau si convoitée de Touba.
Il suffirait pourtant d’un minimum de patriotisme de la part de nos dirigeants pour récupérer notre capacité stratégique dans le secteur vital de l’eau, comme cela a été fait pour l’électricité en l’an 2000.

24/10/2018
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal

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