PROPOS DE MERCREDI :"NA DEM" DE 1988 OU "NA DEMA DEM" DE 2000 ?

20 - Février - 2019

"Ma victoire au premier tour est inévitable et personne, personne, ne pourra l'empêcher !", a hurlé le patron des faucons marron lors d'un meeting à Rufisque. Cette phrase est un analyseur de toute la gouvernance mackoute depuis 2012. Parole brutale et vindicative, bravade et défi, elle est mise en mots du forcing de 2004 qui lui avait permis de voter sans pièce d'identité, par la force, devant des assesseurs atterrés.

Cette tirade résume également la série de coups de force qui a ponctué la préparation de la présidentielle de dimanche. Du refus de l'audit indépendant du fichier électoral à l'imposition du parrainage, de l'exaltation de la transhumance aux Marrons du Feu, c'est l'affirmation d'une volonté de faire de la République un "titre foncier", une propriété privée définitivement acquise.

La sentence de Rufisque sonne comme le dernier défi que le lutteur lance à l'adversaire avant les empoignades. Le corps à corps sera ardu. La campagne électorale a permis à des millions de Sénégalais de communier autour des candidats de l'opposition. De prendre conscience de leur force, de leur nombre, en regardant les vidéos circulant sur les réseaux sociaux. De forger une volonté commune de dicter leur loi au dictateur et de fermer une parenthèse peu glorieuse de notre histoire démocratique. Le "Na dem ! Na dema dem !", qui résume cette expérience, a été si bruyant que le candidat sortant n'a pu éviter de l'inviter dans son discours. La décision populaire de faire partir le président candidat est aussi forte aujourd'hui qu'en 2000 et 2012.

Toutefois, la conjoncture actuelle rappelle plutôt celle de la présidentielle de 1988. Une absence de dialogue conduisant une partie de l'opposition au boycott. Une arrogance du pouvoir décidé à s'imposer par la force. Les formules choc de Diouf traitant les opposants de "bandits" et les jeunes de "malsains". La proclamation d'une victoire peu crédible de Diouf au soir des élections. La proclamation parallèle par l'opposition de Me Wade comme "président élu". Les émeutes et la proclamation de l'état d'urgence.

La répétition de ce scénario proclamatoire de 1988 n'est pas une fatalité cependant. On imaginait pire en 2000 et 2012.

Quel scénario pour 2019 ? La paix sociale dépendra du taux de participation qui, élevée, noiera les fraudes et les dangers de déstabilisation. Alors, aux urnes, citoyens !

Mamadou Bamba Ndiaye

Ancien député

Secrétaire général du Mps/Selal

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

11 - Septembre - 2023

Macky Sall va rencontrer Boune Abdoullah Dione

Après la défection de Aly Ngouille Ndiaye qui a démission de toutes les instances de l’APR et de la coalition Benno Bokk Yakaar, Macky Sall veut arrêter...

11 - Septembre - 2023

Après avoir désigné Amadou Ba, Macky Sall va parler avec Abdoulaye Daouda Diallo

Le Premier ministre, Amadou Ba a été choisi par Macky Sall pour être le candidat de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar pour la présidentielle du 25 février 2024....

10 - Septembre - 2023

CHOIX DE AMADOU BA : LE PARI RISQUE DE MACKY SALL

Le pari de Macky Sall apparaît risqué car le choix d’Amadou Ba crispe une frange de la mouvance présidentielle. Les plus hostiles menacent d’ouvrir un front «...

10 - Septembre - 2023

« CE CHOIX EST UNE SUITE LOGIQUE INCONTESTABLE » : LA REACTION DE BBY/FRANCE SUR LA DESIGNATION DE AMADOU BA

La coalition Bby France et la majorité des Sénégalais accueillent avec enthousiasme et espoir le choix porté sur M. Amadou Ba pour mener la coalition BBY à la...

10 - Septembre - 2023

CHOIX DE AMADOU BA : EMILE BAKHOUM APPELLE A L’UNITE ET A LA MOBILISATION « POUR UNE VICTOIRE DES LE PREMIER TOUR »

Le Président Macky SALL, conformément au mandat qu'il a reçu de la coalition BENNO Bokk Yaakaar à la suite de sa décision historique de ne pas briguer un second...