PROPOS DE MERCREDI : RECALER LE CANDIDAT « KO GOOTO »(PAR BAMBA NDIAYE)

16 - Janvier - 2019

Les manifestations observées depuis avant-hier sont les premières conséquences de la mise en œuvre de la loi 2018-22 du 4 juillet 2018 portant révision du Code électoral. Votée sans débat et dans un climat d'état de siège, cette loi a institué le piège du parrainage et introduit, parmi les critères de validité des candidatures, la notion d'« électeur » qui n'y figurait pas jusque-là. Ces deux innovations blâmables structurent les décisions que le Conseil constitutionnel vient de rendre pour donner libre cours au braquage électoral de Macky Sall.
Pourtant, les mises en garde n'ont pas manqué. L'opposition, la société civile, les chefs religieux, les partenaires étrangers, ... ont tôt averti que l’application de cette loi, adoptée sans consensus à moins de six mois du dépôt des candidatures, allait déstabiliser le processus électoral et le pays. A certains, Sall avait fait la promesse ferme d'y renoncer. Mais juste pour les endormir le temps d'un passage en force. Aujourd'hui, les premiers effets sont là.
L’élargissement et l’exacerbation des manifestations sont le seul moyen dont dispose l'électeur pour obtenir que son vote compte et que les Sénégalais choisissent librement leur prochain président.
Dès 2012, l'obsession d'un deuxième mandat, immérité, a été inscrite sur des affiches placardées dans tout le nord du pays : « 2017, candidat ko gooto » (en 2017, il n'y aura qu'un seul candidat). Dès 2012, les représailles ont commencé contre Khalifa Sall, soupçonné de nourrir une ambition présidentielle. Dès 2013, une Crei supprimée de notre ordonnancement judiciaire a été illégalement réactivée en vue de casser le Pds et Karim Wade.
C'est donc une profonde erreur de penser qu'il serait possible, en 2019, d'attendre le jour des élections pour voter massivement, battre Macky Sall et aller tranquillement au travail le lendemain, comme en 2000 et 2012. Cela ne marchera pas parce que toutes les étapes du processus électoral sont déjà piégées et, au bout, il se fera autoproclamer par ses hommes de paille. C'est ici et maintenant que le problème peut et doit être réglé par la mobilisation, l'héroïsme et l'esprit de sacrifice de la jeunesse sénégalaise.
La souveraineté du peuple ne pourra pas s'exprimer si le dictateur n’est pas lui-même recalé. Cela suppose que d'autres mains que les siennes organisent le scrutin du 24 février. Que la loi 2018-22 soit abrogée et le processus électoral repris sur des bases concertées et consensuelles. Que la virulence des manifestations fasse peur au tricheur.
Macky Sall n'a plus qu'un seul devoir envers les Sénégalais, celui de rendre compte de ses nombreux méfaits contre notre démocratie et nos finances publiques. Quand le chemin du suffrage universel est obstrué, notre Constitution a prévu une seule issue de secours, la résistance à l’oppression : « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».

Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

04 - Novembre - 2024

STOP AUX VIOLENCES POLITIQUES ! (PAR MOMAR-SOKHNA DIOP)

Dans mon ouvrage « Sénégal, diagnostic d’un pays candidat à l’émergence », j’interpelle nos concitoyens et, en particulier, nos...

04 - Novembre - 2024

Casamance : Le Mfdc répond à Ousmane Sonko

La réplique de la branche politique du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) aux récentes déclarations d’Ousmane Sonko n’a pas tardé...

04 - Novembre - 2024

Campagne électorale : Ousmane Sonko fait vibrer Kédougou

Ce dimanche 3 novembre 2024, Ousmane Sonko, tête de liste nationale du parti Pastef, a attiré une foule immense lors de sa campagne à Kédougou....

04 - Novembre - 2024

DECES DE MOUHAMADOU MOUSTAPHA BA: AMADOU BA SUSPEND SA CAMPAGNE ELECTORALE

Amadou Bâ, tête de liste de la coalition Jamm ak Njarin suspend sa campagne électorale. A l’origine de cette décision, le décès, ce lundi 4 novembre,...

03 - Novembre - 2024

SONKO, LE MOTEUR DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE (Par Mohamed GASSAMA)

Il y a une semaine que Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, en bon « pater familias », (père de famille en latin), à travers un message de paix, de...