QUI DILAPIDENT LES MILLIARDS DU BUDGET MUNICIPAL DE ZIGUINCHOR QUI SE VOLATILISENT TOUS LES ANS ? (PAR SOUMAILA MANGA)

15 - Janvier - 2021

La communication au sommet de l'État donne l'impression que la transparence est de mise dans la gestion des finances territoriales. Or, le laxisme étatique dans le contrôle qui sied fait qu'une opacité totale entoure cette gestion dans les collectivités territoriales en général et Ziguinchor en particulier.

Le vote du budget municipal de Ziguinchor vient de révéler une nouvelle baisse injustifiée de l'ordre de 3% si l'on se base sur les chiffres fournis par l'équipe municipale. On passe de 2.525.332.749 FCFA en 2020 à 2.446.349.188 FCFA en 2021, soit 78.893.561 FCFA de moins. Pour justifier cette baisse, l'équipe municipale nous parle de transfert de la partie des investissements prévus dans le cadre du PACASEN à l'AGETIP. Un argument encore fallacieux.

Nous nous souvenons qu'en 2017, lorsque la mairie a été interpellée sur la baisse du budget, elle avait fourni comme arguments la défiscalisation du tourisme en Casamance et la dette de la SONACOS. Ce qui constitue des arguments fallacieux.

Primo, le tourisme n'a jamais été une compétence transférée. En plus, le tourisme casamançais était moribond depuis des années, ce qui fait que les recettes étaient dérisoires pour la mairie. À la lecture de la Loi N° 2015-13 du 03 juillet 2015 portant statut fiscal spécial des entreprises touristiques installées dans le pôle touristique de la Casamance, on se rend compte que la mairie de Ziguinchor n'a pas perdu grande chose.

Secundo, la dette de plus de 400 millions de la SONACOS dont nous parlait la mairie n'est plus à l'ordre du jour. Elle n'en parle plus et ces plus de 400 millions semblent se volatiliser. C'est l'occasion pour tous les Ziguinchorois de demander des comptes au maire Baldé.

Et pourtant, Baldé avait pris l'engagement de porter le budget à 4.914.627.198 FCFA en 2010. Aujourd'hui, le constat est qu'il fait pire que son prédécesseur, Robert Sagna. Ce dernier, au moins, a laissé un budget de 2.130.466.649 FCFA en 2009 et l'avait fait augmenter de plus de 198 millions en une année (1.932.365.575 FCFA en 2008 à 2.130.466.649 FCFA en 2009). Ceci est révélateur de la santé financière de la commune de Ziguinchor.

C'est vrai que l'évaluation du budget communal obéit à des règles. Les méthodes souvent usées sont la moyenne triennale et la pénultième année. Mais, ces chiffres constituent un indicateur majeur de la pression fiscale dans cette commune. Comment se fait-il alors qu'une ville d'une telle envergure dont le budget était de 2.130.466.649 FCFA en 2009 puisse se retrouver, onze années après, avec un budget de 2.446.349.188 FCFA seulement ? Soit un peu plus de 300 millions de hausse.

Il va de soi qu'en plus de la hausse normale qui devrait porter ce budget du simple au double, la mairie a connu quatre (04) sources de recettes nouvelles.

En 2015, Ziguinchor est devenue une ville assainie avec des taxes de déversement à l'égout qui devraient revenir à la mairie.

En 2017, les cantines ont commencé à payer des taxes mensuelles de l'ordre de 10.000 FCFA au moins à la mairie. Il faut rappeler qu'avant cette date, les tenanciers des cantines ne payaient que la patente annuelle à la mairie et pour d'autres le loyer à ceux qui les avaient construites. Maintenant, la mairie perçoit et la patente annuelle et le loyer mensuel.

Depuis 2015, la taxe Zig-com est imposée aux conducteurs de motos Jakarta. En plus des 5.000 FCFA pour se procurer de la plaque ZIG-com, chaque moto Jakarta paye une taxe mensuelle de 3.000 FCFA en plus de pénalités en cas de retard de paiement. L'association de conducteurs de motos Jakarta nous dit aujourd'hui que 10.000 motos roulent dans la commune. Rien que les recettes tirées de ces motos tournent autour de 400 millions par année.

L'année dernière, nous avons assisté au différend entre la municipalité et les propriétaires des magasins de stockage de l'anacarde. La mairie leur a imposé une taxe annuelle d'un million par magasin sur les 60 magasins que compte la commune.

Où passe tout cet argent ? Qui en profitent ? C'est connu que le clientélisme politique grève sévèrement les finances territoriales. C'est aussi avéré que le copinage est un goulot d'étranglement dans bon nombre de collectivités territoriales. Mais, le "Grand Mal" reste la "Gestion de fait" comme évoquée dans la Loi N° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités territoriales (CGCT) en ses articles 212 et 213 et dans la Loi N° 2012-23 du 27 décembre 2012 sur la Cour des Comptes ainsi que dans son décret d'application.

Malgré tout cela, il faut admettre que la responsabilité majeure incombe à l'équipe municipale et le maire Baldé au premier chef. Donc, la seule personne qui nous doit des explications sur cette mal gouvernance territoriale demeure Baldé qui est l'ordonnateur du budget.

Malheureusement, on ne peut rien attendre de cet homme qui s'est honteusement illustré dans des questions d'argent, de foncier et de relations. Les exemples des salaires indus, des 5 milliards de la CREI et de ses innombrables traîtrises sont encore frais dans nos mémoires. Sans parler de son rapport avec le foncier de Ziguinchor (projets de lotissement des rizières de Colobane, de restructuration de Diabir, de Néma II ...) et de ses proches collaborateurs trempés dans de multiples scandales.

Ce maire fait aujourd'hui des pieds et des mains pour rempiler à la tête de la mairie. Il donne l'impression qu'il est soucieux du devenir des Ziguinchorois. C'est un mystificateur. Son projet ne vise qu'à cacher la mal gouvernance au sein de la mairie. Il pense se pérenniser au sein de cette institution pour que personne n'accède aux informations compromettantes. Il se trompe lui-même car il finira par céder et bonjour les dégâts.

Soumaila MANGA, président Debout Pour La Patrie-DLP
Membre Mouvement JUSCA
Candidat à la de Ziguinchor

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