QUI EST HASSAN NASRALLAH, LE REDOUTABLE CHEF DU HEZBOLLAH, TUE DANS UNE FRAPPE ISRAELIENNE ?

28 - Septembre - 2024

Depuis des décennies, le chef du mouvement armé chiite était considéré comme l’un des hommes les plus puissants du Moyen-Orient. Il était idolâtré par ses partisans, mais une grande partie des Libanais le détestait, lui reprochant de transformer leur pays en un satellite de l'Iran.

«Hassan Nasrallah ne pourra plus terroriser le monde.» Dans un tweet concis, Tsahal a annoncé la mort d’Hassan Nasrallah, en affirmant avoir éliminé «le commandant du Front Sud du Hezbollah» dans une frappe vendredi 27 septembre qui visait le quartier général du Hezbollah à Beyrouth. Une source proche du mouvement libanais, qui lance ses roquettes sur le nord de l’État hébreu, avait pourtant indiqué que son chef allait «bien» vendredi soir, avant d’indiquer ce samedi que le «contact» avait été «perdu» avec son chef chiite.

Hassan Nasrallah s’était toujours présenté comme un adversaire d’Israël. «Nous sommes engagés dans la bataille depuis le 8 octobre», au lendemain des attaques terroristes du Hamas sur des kibboutz en Israël, avait-il déclaré le 3 novembre 2023, coiffé de son habituel turban noir. Il officialisait ainsi le soutien de son groupe au mouvement palestinien. Pour autant, Hassan Nasrallah, 63 ans, n’avait pas annoncé une offensive terrestre contre Israël, contrairement à ce que prévoyaient nombre d’observateurs.

Le chef du Hezbollah, barbe grise et petites lunettes sur le nez, en avait profité pour charger les États-Unis. Il avait ainsi accusé l’Amérique d'être «entièrement responsable de la guerre en cours à Gaza», estimant qu'«Israël n'est qu'un instrument». «L'Amérique empêche le cessez-le-feu et l'arrêt de l'agression (...) Nous sommes prêts (à faire) face à votre flotte, avec laquelle vous nous menacez», avait-il assuré, alors que des navires américains avaient été dépêchés en Méditerranée. Il avait enfin justifié les attaques terroristes du Hamas: «Il n'y a pas de campagne plus importante que la campagne contre les sionistes. Il n'y a rien de plus important que cette campagne d'un point de vue religieux, moral et politique, d’un point de vue humain.»

Un demi-siècle d’antisionisme
Un discours antisioniste qui lui est chevillé au corps depuis près de 50 ans. Après une enfance passée à l’est de Beyrouth, au Liban, il rejoint à l’âge de quinze ans, en 1975, le mouvement Amal, une organisation chiite politique et paramilitaire, impliquée dans la guerre civile libanaise et fortement soutenue par l’Iran. Amal entend à l’époque lutter contre les autorités libanaises qui, selon le mouvement, n'empêchent pas Israël de mener des raids sur le pays, qui abritait des combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) frappant l’État hébreu.

Même s’il devient le commandant d’une des brigades d’Amal, Nasrallah quitte l’organisation en 1982 pour rejoindre le nouveau Hezbollah, alors qu’Israël vient tout juste d’envahir le Liban pour faire définitivement cesser les attaques de l’OLP. Le Hezbollah, également soutenu par l’Iran, souhaite alors «libérer le pays de l’occupation israélienne via la lutte armée». Tout au long de la décennie, le jeune homme gravira les échelons de l’organisation. Il sera ainsi en son cœur, alors qu’une série d’attentats commise par le mouvement endeuillera la région, comme celui d'avril 1983, contre l'ambassade des États-Unis à Beyrouth, qui a fait 63 morts. Il profitera également de ces années pour également se rendre en Iran, afin de parfaire son éducation religieuse, reçue lors de sa jeunesse.

«Dignité et honneur arabes»
C’est finalement en 1992 que ce fils d’épicier prendra la tête du mouvement chiite, alors que son prédécesseur, Abbas Moussaoui, est tué par un missile israélien. De par son parcours, Nasrallah devient automatiquement une cible pour Tsahal. Son groupe armé va alors mener des attaques frontales contre l’armée israélienne, grâce au soutien logistique de l’Iran. Les opérations successives de Tsahal, comme celle nommée «Justice rendue» en 1993, ou «Raisins de la colère» en 1996, ne parviennent pas à faire cesser les assauts du Hezbollah. Tant et si bien que le mouvement chiite est considéré par ses partisans comme le principal acteur du retrait de l’armée israélienne du Liban en 2000. Nasrallah réitérera son «succès» lors du conflit israélo-libanais de 2006, qui s’est soldé par une trêve au bout de 33 jours de combats entre le 12 juillet et le 14 août. Le Hezbollah aura perdu des centaines de combattants, et le Liban, un millier de civils. Ce qui n’empêchera pas Nasrallah d’asseoir son autorité.

Sous sa direction, le Hezbollah parvient même à satisfaire ses ambitions politiques, en entrant au Parlement libanais. Aujourd’hui, il y compte 13 députés. Des ministres issus du Hezbollah sont aussi entrés au gouvernement depuis 2006, comme celui des Transports et celui du Travail, actuellement en poste.

Faisant office de figure politique, mais également religieuse, Nasrallah vivrait dans un bunker depuis 2006. D’après l’encyclopédie Britannica, son règne est marqué par le populisme, alors que le sexagénaire n’a cessé d’insister sur «l’importance de la dignité et de l’honneur arabes», en évitant toute prise de parole «intimidante». Globalement respecté par le monde arabe, la population libanaise est divisée à son sujet, certains Libanais l’idolâtrant du fait de l’influence économique du Hezbollah dans certaines régions pauvres, de nombreux autres le détestant pour son aura religieuse et guerrière. Nasrallah a d’ailleurs été accusé au Liban de corruption et d’autoritarisme, notamment en 2019, quand il a accusé les manifestants dénonçant l’échec du gouvernement à lutter contre la crise économique d’être «manipulés pour servir des agendas politiques régionaux et internationaux», selon France 24.

Le discours enflammé de Nasrallah - qui a fait l’objet de chansons hommages populaires par des artistes libanais dans les années 2000 - lui a permis d’enjoliver son image, déjà très appréciée au Moyen-Orient. Un article du New York Times daté d’août 2006 rapportait qu’un homme politique arabe l’avait qualifié «d’homme le plus puissant du Moyen-Orient» et «du seul dirigeant arabe qui fait réellement ce qu’il dit qu’il va faire». De son côté, Al-Jazeera l’avait comparé à Che Guevara et Fidel Castro. Des figures révolutionnaires, qui ont entraîné dans leur sillage des centaines de morts. Au Figaro , des Libanais avaient déjà témoigné leur crainte d’être entraînés dans la guerre Israël-Hamas à cause du Hezbollah. C’est quasiment chose faite, alors que les rumeurs d’une intervention terrestre israélienne au Liban bruissent, et que Beyrouth est visé depuis de nombreux jours par les explosions israéliennes.

Le Figaro

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