Rapprochement Abdoulade Wade - Macky Sall: Les 3 saisons d’une entente

22 - Février - 2022

Le Dialogue national en 2016 et les retrouvailles à Massalikoul Jinane en 2019 : 2 évènements qui justifient les déclarations de Mahmoud Saleh, selon lesquelles Macky Sall et Abdoulaye Wade se parlent. La saison 3 de «Macky et Gorgui» est le parrainage du Stade de Diamniadio au nom de l’ancien Président. Une décision qui n’est pas dépourvue d’enjeux politiques.

Certains pensaient à Lamine Diack, d’autres à Pape Bouba Diop mais le Président Macky Sall a décidé de baptiser le nouveau Stade du Sénégal au nom de Me Abdoulaye Wade. Ce joyau sportif, estimé à 150 milliards de francs Cfa, sera inauguré en grande pompe cet après-midi. Mais il ne faut surtout pas être naïf : on est sur un terrain sportif mais où se jouent aussi des enjeux politiques. Par cet acte, Macky Sall semble se rapprocher une énième fois du Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds). C’est la 3e tentative de raffermissement des positions entre les deux, depuis l’emprisonnement de Karim Wade.

La première en 2016 avait occasionné la libération de Wade-fils. En effet, ce 28 mai 2016, première édition de la Journée du Dialogue national, Oumar Sarr a dû rester jusqu’au bout de la nuit au palais de la République, pour réclamer la libération de Karim en prison depuis avril 2013. «Nous considérons que Karim Wade est un détenu politique, victime de la Crei. Nous réclamons la libération de Karim mais aussi la suppression de cette cour», invitait le Secrétaire général adjoint du Pds. Moins d’un mois plus tard, précisément dans la nuit du 23 au 24 juin, Karim fut libéré et exilé au Qatar. Pourtant, la plupart des opposants avaient décidé de boycotter ces concertations. Irréductible opposant à l’époque, Idrissa Seck qualifiait la sortie de prison de Karim Wade, de «deal international sur le dos des Sénégalais», un homme qui «a été livré à un donneur d’ordres» à savoir le Qatar.

Cette décision de Macky Sall avait suffi pour disperser l’opposition. Le Pds, mécontent de la posture du leader de Rewmi, lâchait des tirs contre ce dernier. «Idrissa Seck sait pertinemment qu’il n’a aucune chance de passer devant Karim Wade lors de la prochaine Présidentielle. Le seul espoir qu’il avait, est que Karim Wade reste en prison, que le Pds n’ait pas un candidat et que lui, puisse faire face à Macky Sall», attaquait Toussaint Manga, leader de l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (Ujtl). Au même moment, l’Apr, dans un communiqué, taxait l’ancien maire de Thiès de «dealer qui voit des deals partout».

Depuis, le Pds n’a pas toujours milité pour une unité de l’opposition ou le départ de Macky Sall. En 2019, le parti libéral a décidé de ne soutenir aucun candidat à l’élection présidentielle de février. Dans les couloirs de la permanence Oumar Lamine Badji, il se dit que Wade a eu une entente avec Macky Sall pour ne pas présenter un candidat. «Quand on n’a pas choisi, on a choisi», disait Jean-Paul Sartre dans "L’existentialisme est un humanisme". Par conséquent, ni Ousmane Sonko, ni Idrissa Seck encore moins Madické Niang, ne parviendront à décrocher le soutien du patriarche, qui fait visiblement les affaires du Président sortant.

La fin du film : amnistie pour Karim Wade ?

A l'issue de cette élection, Moustapha Cissé Lô n’avait-il pas déclaré que si Khalifa Sall et Karim Wade étaient candidats, Macky Sall se retrouverait au second tour ? Cet élan d’apaisement entre l’Apr et le Pds s’est confirmé le 27 septembre 2019, lors de l’inauguration de Massalikoul Djinane. Sous l’égide du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, Macky Sall avait accompagné Me Abdoulaye Wade jusqu’à son domicile tout en lui promettant une visite. Elle n’a pas encore eu lieu. Par contre, le Secrétaire général du Pds s’était bien rendu au Palais. D’après les espérances du Pds, ce processus devra aboutir à une amnistie pour Karim Wade, qui vit à Doha depuis près de 6 ans.

Par ailleurs, le Président Macky Sall ne cracherait pas aussi sur une alliance avec son ancien parti, où il a milité de 1988 à 2008. A moins de 6 mois des Législatives, une alliance entre l’Apr et le Pds ne serait pas de trop pour l’une comme pour l’autre. Après le ralliement au camp présidentiel de Oumar Sarr, El Hadji Amadou Sall et Babacar Guèye, marqué la présence du premier dans le gouvernement remanié du 1er novembre 2020, sera très scrutée la formation de la prochaine équipe ministérielle. Finalement comme l’a dit Mahmoud Saleh : «Macky Sall et Me Abdoulaye Wade sont en contact permanent. Ils se parlent par des mécanismes qui leur sont propres ».

Le Quotidien

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

09 - Novembre - 2024

LEGISLATIVES : A LOUGA, OUSMANE SONKO REND HOMMAGE A LA DIASPORA ET APPELLE LES JEUNES A BATIR LEUR AVENIR AU SENEGAL

La tête de liste nationale de Pastef (pouvoir), Ousmane Sonko, a rendu, vendredi, un vibrant hommage aux Sénégalais de la diaspora pour leur contribution cruciale au...

08 - Novembre - 2024

Sûreté urbaine : Ousmane Sonko porte plainte contre Madiambal Diagne

Ousmane Sonko, tête de liste du parti Pastef pour les législatives du 17 novembre prochain a porté plainte contre ce dernier Madiambal Diagne, patron du groupe Avenir...

07 - Novembre - 2024

LEGISLATIVES: A PARIS, LES SENEGALAIS VOTERONT A MONTREUIL

Le 17 novembre prochain, les Sénégalais éliront leurs députés. Ceux de Paris et sa proche banlieue voteront à Montreuil, précisément au 156,...

07 - Novembre - 2024

LES RÊVERIES SOLITAIRES DE MACKY SALL (Par Mohamed GASSAMA)

Les sénégalais s’attendaient à tout sauf à recevoir une Lettre qui traduit les méfaits d’un profond sommeil. Qu’à cela ne tienne, cette...

07 - Novembre - 2024

Construction de l’hôpital d’Ourossogui et de l’université Souleymane Niang : Sonko révèle de graves irrégularités

La tête de liste du parti Pastef en campagne dans le nord du Sénégal a fait état de graves irrégularités sur les marchés de construction de...