Réaction de la CAP : "Non, Monsieur le président, la presse n'invente pas des chiffres "

07 - Août - 2020

Non, Monsieur le président, la presse n'invente pas de chiffres sur le nombres de contaminés ou de morts. En conseil présidentiel d'évaluation de la riposte contre la pandémie, le président de la République s’est insurgé contre une « une couverture médiatique alarmiste de la Covid-19 ». Selon lui, "la situation du Sénégal n'est guère inconfortable comparée à tout ce qui se fait à travers le monde", pour susciter tout ce tollé. La coordination des Associations de Presse (CAP) est surprise par ces déclarations du chef de l’Etat. Elle préfère croire qu’il s’est trompé de presse ou de pays. En effet, depuis le début de la pandémie, les médias se sont imposés un mot d’ordre allant même jusqu’à s’appliquer l’autocensure juste pour jouer sa partition dans « l’effort de guerre ». Ces efforts ont été reconnus et soulignés par le ministre de la Santé et le corps médical. Au-delà de notre rôle d’informer juste et vrai, toutes les entités de la presse ont fait plus de la communication et de la sensibilisation. Nous attendions autre chose de vous mais pas ce reproche. Surtout que, Monsieur le président de la République, la presse n'invente pas le nombre de contaminés ou de morts. Elle s’en tient juste aux déclarations des autorités du ministère de la Santé qui sont diffusées en direct régulièrement sur toutes les chaînes, radios et sites sans contrepartie. Malgré tous ces efforts, la presse est encore royalement ignorée dans la distribution des fonds de la force Covid19. Le monde de la culture et les autres secteurs sont-ils plus méritants? Et pourtant depuis le déclenchement de la pandémie, les médias font partie des maillons de l’activité économique qui fonctionnent à plein régime. Les charges d’exploitation sont restées et ont même triplé pour certaines entreprises alors que les recettes ont fondu comme du beurre au soleil. Dans cette lutte contre la Covid19, la presse est aussi engagée que les autres. Elle est le troisième chaînon après le personnel médical et les forces de sécurité. Nous nous sommes engagés dans cet élan patriotique et salutaire sans tenir compte du mépris et des brimades de votre gouvernement. Les locaux du journal « Les Échos » ont été saccagés et jusqu’à là aucun ministre n’a effectué le déplacement sur place. Depuis plus de six ans, notre maison de la presse est confisquée sans possibilité de concertations ou de dialogue pour trouver une solution. Pire encore, toutes les initiatives de reformes consolidantes de notre secteur sont bloquées, sabotées ou retardées. Depuis trois ans, le Code de la presse est en mode stand-by parce que l’Etat ne trouve aucun intérêt à adopter et faire voter les textes d’application. La loi sur la publicité est devenue une chimère pendant ce temps nous les acteurs avons consenti pour une nouvelle Convention collective dont son application pourrait hypothéquer la survie de beaucoup d’entreprises de presse. Il peut y avoir des failles dans la couverture médiatique de la Covid19parce que toute œuvre humaine est perfectible mais il est tout aussi important que la première institution de ce pays accorde plus d’égard à un secteur qui est l’agonie.

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