REPRISE DES COURS LE 02 JUIN : CE QUE JE PROPOSE A MAMADOU TALLA (PAR CHEIKH SIDOU SYLLA)
Le Conseil des ministres du mercredi 29 avril « a arrêté la date de reprise des cours, à compter du 02 juin 2020 pour les élèves en classe d’examen », lit-on dans un communiqué. Cette décision, nous semble-t-il, est la moins mauvaise qui puisse être prise par les autorités éducatives de notre pays pour sauver l’année scolaire. Le choix de mettre l'accent sur les classes d'examen (CM2, 3ème et Terminale) est d'autant plus pertinent que les élèves de ces cours doivent acquérir les compétences nécessaires pouvant leur permettre d’entamer un nouveau cycle, s'ils passent avec succès les évaluations de fin d’année.
Cela dit, la décision prise en Conseil des ministres, pour produire l’effet escompté, nécessiterait l’implication de tous les enseignants dans la formation des élèves qui sont en classe d’examen. Si la propagation du coronavirus n’est pas freinée, il n’y aura certainement pas de reprise des cours pour les élèves qui ne sont pas en classe d’examen. Nous pensons, dans ce cas que leurs enseignants doivent être mobilisés. Concrètement, il faut diviser les classes d’examen pour avoir des effectifs réduits et confier chaque groupe d’élèves à un ou des enseignants selon que l’on est à l’élémentaire, au collège ou au lycée. Par exemple, à l'élémentaire, chaque maître peut prendre en charge un groupe d’apprenants. Au collège ou au lycée, les équipes pédagogiques pourraient mettre en place une organisation adaptée à la réalité écologique de leur établissement. Avec un effectif réduit, les enseignants pratiqueront littéralement la pédagogie différenciée, ce qui accroîtra les chances de réussite des apprenants.
S’agissant des élèves qui ne sont pas candidats à un examen, ils vont certes perdre un trimestre, mais leur année ne doit pas être blanche. Autrement dit, ils peuvent passer en classe supérieure. A la prochaine rentrée, l’objectif pour les enseignants, pourrait être consacré, en début d'année, à l’acquisition des compétences indispensables qui permettraient à leurs élèves de pouvoir suivre le nouveau programme. Dans ce scénario, le rôle du ministère de l’éducation consistera, en grande partie, à créer les conditions d’une année scolaire paisible pour que les élèves ne perdent pas une seule journée de classe. Ce qui veut dire que le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, doit s’entendre avec les syndicats d’enseignants. Il doit aussi prendre toutes les dispositions pour que le slogan « Oubi Tey Diang Tey » soit enfin une réalité sur toute l’étendue du territoire nationale. Pourquoi ne devrait-il pas aussi envisager l’ouverture des classes dans la deuxième quinzaine de septembre, notamment pour certaines académies, cela en fonction de la situation pluviométrique de leur zone de compétence. Comme il pleut beaucoup ces dernières années, en septembre, dans la région dakaroise, l’ouverture des classes peut y être fixée en octobre. Il s’agira, dans ce cas, de s’organiser pour rattraper les deux semaines de retard par rapport aux autres académies. Mamadou Talla peut aussi, exceptionnellement, réduire les vacances de fin d’année et autres pour glaner quelques jours de classe supplémentaires.
S’il le souhaite, le ministre de l’Education nationale peut consulter les chronobiologistes pour voir si les rythmes scolaires sont adaptés. Il peut aussi décider de faire fi de leurs avis en estimant qu’un rythme soutenu ne fera que renforcer les compétences des élèves. En tout cas, ce n’est pas François Orivel, professeur émérite à l’université de Bourgogne (France), qui dira le contraire. « Au Japon, écrit-il dans un article, les enfants des milieux sociaux aisés fréquentent une deuxième école, privée, après l’école publique de la première partie de la journée. C’est dire qu’un des facteurs importants du niveau d’acquisition reste le temps passé à apprendre et à lire, que ce soit à l’école ou ailleurs. »
Cheikh Sidou SYLLA