Réseau gazier du Sénégal: les petits pas prometteurs du projet de gazoduc

10 - Mars - 2025

Dans le sillage des découvertes de pétrole et de gaz entre 2015 et 2016, le Sénégal s’est très vite mis dans une dynamique de mettre en place les textes législatifs et les structures de gestion et de gouvernance pour un meilleur impact des retombées de ces ressources naturelles sur le vécu quotidien des Sénégalais. La création du Réseau gazier sénégalais, en 2019, s’inscrit dans ce cadre. D’un coût de 650 milliards de FCfa, le projet ambitionne de renforcer la souveraineté énergétique du Sénégal à travers un ambitieux système de transport de gaz naturel par canalisation sur une distance de 400 km. Petit à petit, cette ceinture gazière commence à se mettre en place.

Le projet est ambitieux: 400 km de gazoduc. Les moyens pour y arriver conséquents: 650 milliards de FCfa. Mais le jeu en vaut la chandelle parce qu’il s’agit, d’une part, de renforcer la souveraineté énergétique du Sénégal en améliorant l’accès à une énergie fiable et abordable pour les populations sénégalises; d’autre part, de remplacer le fioul et le charbon par du gaz naturel dans les centrales électriques afin de réduire les coûts énergétiques et de diminuer les émissions de CO₂, avec une prévision de baisse de 30 millions de tonnes d’ici 2050. On parle du Réseau gazier sénégalais (Rgs). Créé en 2019, le Rgs est une société anonyme à participation publique majoritaire détenu à 51% par Groupe Pétrosen, 39% par le Fonsis et 10% par Senelec. Il a pour mission de concevoir, de construire, d’exploiter et de développer le réseau national de gazoducs.

Son rôle est stratégique car il occupe la position du « midstream » assurant donc l’acheminement du gaz naturel extrait des gisements offshore (Gta, Yakaar-Téranga, Sangomar) vers les points de consommation, notamment les centrales électriques et les industries. «Sous l’impulsion des nouvelles autorités, et notamment du Ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, M. Birame Soulèye Diop, Rgs s’inscrit pleinement dans la mission de garantir une souveraineté énergétique au Sénégal. Son objectif est de favoriser la réduction du coût de l’énergie pour les ménages et les entreprises; de développer des infrastructures durables, conformes aux normes internationales; de diminuer la dépendance énergétique aux importations de pétroles et de sources d’énergie fossiles; d’encourager le contenu local, en respectant la réglementation en vigueur; de soutenir la croissance industrielle en garantissant un approvisionnement énergétique fiable à moindre coût», précise son Directeur général Pape Momar Lô.

400 km de gazoduc découpés en quatre segments

Dans le cadre de la nouvelle politique énergétique du Sénégal, Rgs est appelé à jouer un rôle crucial et à contribuer à la transition énergétique du pays. Cela, à travers deux axes majeurs : Gas to Power et Gas to Industries. Le premier consiste à alimenter les centrales électriques en gaz naturel, afin de réduire la dépendance au fioul et au charbon, tout en garantissant une électricité plus propre et à moindre coût. Le second vise à fournir du gaz aux industries pour optimiser leur compétitivité et réduire leur empreinte carbone. «En s’appuyant sur ces deux leviers, Rgs contribue directement aux engagements du Sénégal en matière de réduction des émissions de CO₂, avec un objectif de diminution de 30 millions de tonnes d’ici 2050», indique M. Lô. Ainsi, le Réseau gazier sénégalais prévoit un déploiement d’un gazoduc de 400 km de long. Pour une couverture du territoire national, le gazoduc a été pensé par segments au nombre de quatre.

Ainsi, on le Segment Nord sur 85 km qui reliera le hub Gta à la centrale de Gandon. On a le Segment Vert long de 120 km qui assurera l’interconnexion entre le Nord et le Centre du pays. Il y a le Segment Bleu de 100 km de long qui reliera le champ Yakaar-Téranga, le segment vert aux centrales de Tobène, de Mboro, de Sendou et du Cap des Biches ainsi qu’a certains industriels. Enfin il y a le Segment Orange sur 45 km qui alimentera les industries et centrales électriques de Rufisque et de Mbour.

Libération des emprises

Comme tout projet structurant, celui du Rgs ne sera pas sans conséquences sur certains établissements humains qui se trouvent sur les tracés identifiés. Pour réussir cette phase cruciale qui, mal conduite, pas engendrer des conflits avec les personnes impactées, le Rgs a signé, le 27 janvier 2025, un protocole d’accord avec l’Apix visant à faciliter la libération des emprises nécessaires au déploiement des infrastructures gazières.

Le choix porté sur l’Apix est loin d’être un hasard. L’agence a déjà une solide expérience dans la gestion des Plans d’action de réinstallation (Par). «Cet accord permettra à Rgs de bénéficier de l’expertise d’Apix dans la gestion des Par et des enjeux sociaux liés au projet. Ce partenariat illustre l’engagement de l’État à renforcer la coordination entre ses institutions pour garantir une mise en œuvre efficace du réseau gazier, en cohérence avec la vision Sénégal 2050», souligne le Dg de Rgs. Cependant, précise pape Momar Lô, ce partenariat avec l’Apix n’est qu’une première étape dans une stratégie plus large visant à assurer une mise en œuvre efficace et coordonnée du réseau gazier national. «Dans cette optique, Rgs prévoit également de renforcer sa collaboration avec l’Ageroute et d’autres structures de l’Etat comme l’Inpg pour la formation aux métiers du gaz, et avec le Secrétariat technique du Conseil national de suivi du contenu local afin de favoriser une meilleure implication des entreprises locales dans le développement du secteur gazier», explique-t-il.

le soleil

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

20 - Janvier - 2025

Le Sénégal lève 43,529 milliards FCFA sur le marché de l’Uemoa

En janvier 2025, le Sénégal a levé 43,529 milliards de francs CFA sur le marché financier de l’Union économique et monétaire ouest-africaine...

20 - Janvier - 2025

La direction d'Air Sénégal alerte : Si l'Etat n'investit pas, la faillite sera inévitable pour la compagnie

Si l’État n’intervient pas, «il n’y aura pas de miracle, on risque la faillite». C’est l’alerte lancée du côté de la direction...

15 - Janvier - 2025

Hydrocarbures : la SAR prête à traiter le brut de Sangomar au Sénégal

Selon Jeune Afrique, le Sénégal est en passe de franchir un cap historique en matière de gestion de ses hydrocarbures en débutant le raffinage local de son...

14 - Janvier - 2025

Finances publiques au Sénégal : Ayant reçu le rapport de la cour des comptes, le PM Ousmane Sonko annonce « une situation catastrophique »

« Ce n’est qu’une question de temps pour que les Sénégalais se rendent compte de l’état financier dans lequel le pays a plongé avec le...

14 - Janvier - 2025

Sénégal et Mauritanie : Un protocole d’accord pour le développement du champ gazier grand tortue Ahmeyim

Les ministres de l’énergie et du pétrole du Sénégal et de la Mauritanie ont signé ce lundi un protocole d’accord historique visant à renforcer...