Risque majeur pour les finances: L'ex directeur de la solde alerte Diomaye Faye

12 - Septembre - 2024

Ancien Directeur de la solde, Charles Émile Ciss alerte le chef de l’Etat avant toute dissolution de l’Assemblée nationale. Pour le membre de la coalition Diomaye, une telle mesure devrait être différée, eu égard aux grands risques qu’il fait planer sur le plan budgétaire. Il l’a dit dans cette tribune que nous vous proposons.

La dissolution de l'Assemblée nationale comporte un risque majeur pour les finances publiques, une inertie totale des autorisations budgétaires. En effet, quand bien même, elle permettrait à la majorité d'asseoir sa main mise sur l'Assemblée nationale, elle n'en comporte pas moins des conséquences juridiques et budgétaires regrettables.

I- Le premier risque est lié au temps exigible pour l'organisation des élections législatives c'est à dire au minimum trois mois comportant les étapes suivantes : prise du décret portant convocation du corps électoral, organisation du parrainage, déroulement de la campagne, tenue du scrutin et publication des résultats. Par conséquent au regard du caractère incompressible des délais : la nouvelle Assemblée ne peut être installée avant fin janvier 2025. Or, l'examen du budget 2025 devrait intervenir à partir du 15 octobre : jour de l'ouverture de la seconde session ordinaire de l’année consacrée presqu' exclusivement à l'examen du projet de loi de finances de l'année.

Par ailleurs, cette session devrait permettre d'examiner et de soumettre au vote du Parlement les projets de lois de règlements des gestions budgétaires 2022 et 2023. En principe, en vertu du mécanisme du chainage budgétaire vertueux, le Projet de loi de règlement de l'année N-1 (2023) doit être examiné avant le Projet de loi de finances de l'année N+1 (2025).

Auparavant, les autorisations budgétaires de la loi de finances accordées au Gouvernement précédent pouvaient être maintenues à périmètre constant. Mais tel n'est pas le cas, puisque les ministères sont passés de 34 à 25. Il s'y ajoute également que leur dénomination a sensiblement changé ainsi que de nombreux services chargés de l'exécution du budget, sans oublier les responsables desdits services. Il a également été relevé un niveau de recouvrement élevé des recettes fiscales et non fiscales. Tous ces facteurs probants concourent à l'urgence d'élaborer une loi de finances rectificative permettant au Gouvernement, conformément aux dispositions de la nouvelle Loi organique relative aux lois de Finances, de disposer d'une autorisation budgétaire couvrant les actes de dépenses initiés par ses membres (ministres, directeurs généraux, etc )

II- Le second risque, non moins majeur en cas de dissolution, c'est que toutes ces opérations budgétaires pŕésentes ou à venir (Budget 2024, Budget 2025) ne seraient pas légalement couvertes et le Sénégal plongerait dans une obscurité budgétaire inédite puisque l'Exécutif, en vertu du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs ne peut s'autoriser à percevoir des impôts et à dépenser. En effet, la Constitution réserve cette compétence exclusivement au Parlement. La seule exception prévue est liée au retard de dépôt du projet de Loi de finances par le Gouvernement. En l'espèce, il suppose que l'Assemblée existe et puisse permettre au Gouvernement, selon les cas, de reconduire les services votés. Or, ici, nous sommes en face d'un risque de vide législatif ce qu'aucun texte ne prévoit.

III- En définitive, compte tenu des risques de dégradation qu'encourt notre profil démocratique déjà rudement malmené durant la fin de régime du Président Macky Sall, il faudrait renouer les fils du dialogue qui avait permis de contribuer à la tenue du scrutin avant la fin du mandat du Président sortant. L'objectif serait de mettre fin à la crise actuelle par :
- ⁠la tenue de la Déclaration de politique générale;
- ⁠le retrait de la motion de censure;
- ⁠ l'organisation du débat d'orientation budgétaire;
- ⁠l'examen et le vote des projets de lois de finances rectificative 2024 et la loi de finances 2025.
" Lorsque nous cesserons de compter, c'est la peine des hommes qu'on oubliera".

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

25 - Décembre - 2019

Cheikh Ahmadou Kara s’oppose farouchement à la mise en place de l’Eco et avertit la Cedeao

Après avoir demandé à changer le nom du Sénégal, Serigne Modou Kara revient pour s’opposer à la mutation du franc de la communauté...

24 - Décembre - 2019

La réforme du franc CFA : plus qu’un symbole

Si la fin annoncée de la monnaie, appelée à être remplacée par le futur éco, ne signifie pas une rupture avec la France, les transformations...

24 - Décembre - 2019

LE FORUM CIVIL ALERTE : PRES DE 70 MILLIARDS DE FRANCS DE FLUX FINANCIERS ILLICITES QUITTENT LE SENEGAL CHAQUE ANNEE

Les flux illicites qui partent du Sénégal vers l’Europe tournent au tour de 106 millions d’euros, soit près de 70 milliards de FCFA, a révélé...

24 - Décembre - 2019

Ecobank Xpress : la colère noire des clients !

Lésés dans leurs droits, des usagers d’Ecobank laissent éclater leur colère contre la banque qui ne fait rien pour améliorer ses services. Drôle de...

23 - Décembre - 2019

Fin du CFA- Marche vers l'ECO Une avancée, mais il reste du chemin à faire...(Felwine Sarr)

Une étape importante vers la souveraineté monétaire a été franchie hier avec la fin du mécanisme du compte d'opérations et le passage prévu...