SÉNÉGAL : FIN DE L’ÉRUPTION BARTHÉLÉMIQUE (Par Mohamed GASSAMA)

16 - Décembre - 2024

Alors que l’an deux mille marchait à peine sur ses deux pieds, naquit dans l’espace public un volcan politique qui se comparait à Vulcain, le Dieu du feu dans la mythologie romaine. Toutefois, au lieu de s’efforcer à écarter ou à éteindre les incendies, comme le faisait Héphaïstos, chez les Grecs, ce politicien fougueux, pourtant nourri au lait socialiste, s’est toujours activé dans des éruptions explosives, à travers un langage nauséabond et une posture qui reste aux antipodes de la République. Dépourvu de culture démocratique, il confondait l’arène politique avec le Colisée, amphithéâtre de la Rome antique où s’affrontaient les gladiateurs, à l’occasion des Jeux du cirque. Pour mémoire, c’étaient, le plus souvent, des condamnés à mort, des esclaves ou des engagés volontaires qui combattaient contre d’autres hommes ou des bêtes féroces. Assurément, personne ne peut se tenir coi face à la volonté manifeste de réduire en cendres les fondamentaux de la société. En effet, le Sénégal est un pays civilisé, au sens noble du terme. De ce fait, tous les actes doivent s’inspirer des valeurs et des vertus qui fondent notre commun vouloir de vie commune. Hélas, « boy town » choisit de se distinguer par l’emballement et le bouillonnement, en accordant peu de considération à l’intelligentsia et aux affaires sérieuses et en ayant beaucoup de penchants pour les débats de bas étage, donc sans intérêt scientifique. Le label « Barth », accrocha facilement les adeptes du bruit et fut exposé sur les différents étals de la « Maison du Parti », située à « Colobane », un des quartiers populaires de Dakar. Malgré la vacuité de ses propos, il se vit propulsé au-devant de la scène politique, sans coup férir. Il fraya ainsi son chemin à travers les méandres entraînés par la retraite de plusieurs ténors socialistes, refroidis par l’avènement de la première alternance, en 2000. In fine, il parvint à envahir l’espace médiatique et à propager son style. Nous nous garderons de revenir sur les détails de son ascension guidée par le leadership et le charisme de celui qu’il ne cessait d’appeler « domou ndèye », à savoir, Ousmane SONKO. Il aura tout fait pour se rapprocher du Président du Parti « PASTEF », qui, contre vents et marrées, le choisira en 2022 comme candidat à la Mairie de la capitale sénégalaise. Mieux, le Président SONKO battra campagne pour son élection. Voilà pour la situation initiale de l’histoire « Barthélémaire ». Contre toute attente, une fois installé dans ses fonctions de Maire de la ville de Dakar, il oublia son bienfaiteur et commença à lui chercher des poux. Subitement, l’homme changea de couleur et retourna sa veste. Il devint l’ami des adversaires de SONKO et fomente avec ces derniers une série de conjuration.
Il prétendit même être le messager de Macky SALL, faignant d’oublier l’identité de son principal bourreau dans « l’affaire Ndiaga DIOUF ». À dire vrai, l’ancien Président a utilisé le nouveau Maire révoqué dans ses basses manœuvres dont l’objectif était de briguer un troisième mandat et d’anéantir la volonté de changement, largement exprimé par le peuple sénégalais. Cela est d’autant plus vrai que la condamnation définitive de Barth, en 2023, participait d’une stratégie qui avait Ousmane SONKO en ligne de mire. Ironie du sort, l’application de la Loi constituera l’élément déclencheur des péripéties qui précipiteront la chute du « boy Dakar ». À n’en pas douter, nul n’est au-dessus de la Loi. Alors vouloir désigner un bouc émissaire relève d’une vision de l’esprit et d’une vaine tentative de manipulation. Le temps n’est pas à la vocifération ou à la menace mais plutôt à l’introspection et à la retenue, s’il veut espérer renaître de ses cendres. Partant, le mieux, pour sa famille, ses amis, ses partisans et proches, serait de lui conseiller de changer de formule politique, au lieu de l’encourager à persévérer dans l’erreur. C’est pour signifier que « Barth » ne doit s’en prendre qu’à lui-même. En guise de situation finale de cette histoire, découle la morale suivante : Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, comme l’écrivait Jean de La Fontaine. Indubitablement, Barth a très tôt crié victoire alors qu’il ne repose sur aucun socle politique et ne jouit d’aucune légitimité populaire. Pour preuve, sa débandade lors des législatives du 17 novembre 2024, sa radiation de l’Assemblée nationale et enfin sa révocation de la Mairie de Dakar, toutes choses qui sonnent la fin de l’éruption barthélémique. Vivement, le « Barthélemy nouveau » pour tenter d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

26 - Août - 2024

ATTENTION ! TROP D’OPPOSITION TUE L’OPPOSITION ( Par Mohamed GASSAMA)

Qu’il nous soit permis, d’emblée, de donner, comme références, les sénégalaises et sénégalais qui, il y a quasi soixante six ans (66...

22 - Août - 2024

Échéances électorales : Le « Bloc des Libéraux et des Démocrates / TAKKU » voit le jour

Ils sont plus de 40 partis et mouvements de la mouvance libérale et démocratique à décider d’unir leurs forces et de constituer une alliance...

21 - Août - 2024

Ousmane Sonko annonce la reprise de ses activités politiques et lance une pique à l'opposition

L'opposition est avertie : la scène politique sera bientôt en ébullition. En tout cas, le leader de Pastef-Les Patriotes a donné le ton. Mardi soir, en direct sur le...

20 - Août - 2024

Cheikh Dieng vs Cheikh Tidiane Dièye : La bataille se poursuit

Le différend opposant le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, au désormais ex-Directeur général de l’Office...

19 - Août - 2024

Élections législatives anticipées : Le budget de l’organisation, une équation à multiples inconnues !

Au moment où l’on évoque la dissolution de l’assemblée nationale par le président Diomaye Faye, la question qui se pose est celle liée aux...