SENEGAL : GREENPEACE ACCUSE DES NAVIRES CHINOIS DE PECHE ILLICITE

09 - Octobre - 2020

« Depuis 2012, les licences de pêche sont gelées par le gouvernement pour faire face à la raréfaction des ressources halieutiques. Pourtant, des bateaux industriels, souvent chinois, continuent d’en obtenir et nous les voyons amasser des tonnes de poissons dans les eaux sénégalaises », constate, furieux, Mor Mbengue, membre de la Plate-forme des acteurs de la pêche artisanale du Sénégal, cité par le monde.
Le Gaipes (Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal) déplore pour sa part « l’introduction illégale de dizaines de navires dans la flotte sénégalaise. » Rassemblés au sein de la coalition nationale contre l’octroi des licences illégales, tous ont adressé en mai une lettre ouverte au président de la République, Macky Sall, pour dénoncer les demandes de licence de cinquante-deux navires étrangers qui « ciblent des ressources pleinement exploitées et surexploitées comme les espèces pélagiques côtières ou les espèces de fonds comme le merlu. »
Le nombre de requêtes atteint « un chiffre record », selon Greenpeace, qui vient de publier un rapport intitulé « Mal de mer : pendant que l’Afrique de l’Ouest est verrouillée par le Covid-19, ses eaux restent ouvertes au pillage », que Le Monde Afrique a pu consulter en exclusivité. L’ONG internationale y confirme que des licences de pêches ont bien été attribuées le 17 avril à quatre bateaux nommés Fu Yuan Yu, « en dépit des affirmations du ministère de la pêche selon lesquelles aucune nouvelle licence n’avait été octroyée ».
Les autorités avaient en effet annoncé le 6 juin avoir refusé la demande de licence aux cinquante-deux navires et accepté uniquement le renouvellement des papiers des navires sénégalais. Pourtant, l’un des quatre bateaux qui a reçu sa licence – le chinois Fu Yuan Yu 9889 – fait partie de cette même liste des cinquante-deux. Il a « obtenu sa licence deux semaines après avoir reçu son acte de nationalité le 3 avril, acte indispensable faute d’accord de pêche entre la Chine et le Sénégal. Il ne peut donc pas s’agir d’un renouvellement », argumente Fatou Niang, membre du Gaipes.
Autorisation signée ou non, pour le pêcheur Mor Mbengue, le problème demeure : des bateaux industriels étrangers continuent de puiser dans les fonds marins sénégalais sans que l’on sache s’ils détiennent une licence valide. Selon Aliou Ba, conseiller politique de Greenpeace Africa, les quatre navires épinglés par l’ONG ne sont pas tous passés devant la Commission consultative d’attribution des licences de pêche (CCAL), une étape pourtant obligatoire.
Le militant dénonce également les navires étrangers qui utilisent des « sociétés-écrans sénégalaises » ou des « prête-noms » à faible capital pour « sénégaliser » leurs navires, en l’enregistrer sous pavillon local afin d’obtenir la licence de pêche. « Ce processus est anormal, manque de transparence. Donc cette pêche est illégale », commente au Monde Afrique M. Ba.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

23 - Septembre - 2020

REPRISE CE MARDI DE LA LIAISON MARITIME DAKAR-ZIGUINCHOR: LE NAVIRE DIAMBOGNE OUVRE LE BAL

La liaison maritime Dakar-Ziguinchor  a repris ce mardi, après plusieurs mois d'arrêt à cause de la pandémie du coronavirus. Les responsables du Consortium...

22 - Septembre - 2020

Sénégal : le karité fait travailler et vivre les femmes

Ces 20 dernières années, la demande de karité a augmenté de plus de 600 %. Il est largement utilisé dans les cosmétiques et dans l'industrie du chocolat...

20 - Septembre - 2020

Vols annulés : Air Algérie, Royal Air Maroc et Tunisair appliquent leurs propres règles

Le confinement a forcé les compagnies aériennes à annuler tous leurs vols sur une longue période. Et même après l’ouverture des frontières et...

20 - Septembre - 2020

MACKY SALL INVITE LE SECTEUR PRIVÉ À INVESTIR DANS LA FILIÈRE LAIT

Le président de la République a invité samedi le secteur privé à investir dans la filière lait pour réduire les importations et assurer...