SENEGAL : LA DERIVE AUTORITAIRE DE MACKY SALL

24 - Mai - 2023

Le Sénégal est en butte à la politique répressive des autorités qui ont pour objectif de tenter d’imposer à la population un troisième mandat de Macky Sall et d’écarter le principal opposant Ousmane Sonko, qui défend une politique de souveraineté du Sénégal.

Lors de son accession au pouvoir en 2012, Macky Sall s’était juré de réduire l’opposition à sa plus simple expression. Son opiniâtreté à réaliser sa promesse se vérifie tous les jours, même si pour l’instant les différentes tentatives n’ont guère été couronnées de succès.

Éliminer le principal opposant…
Ousmane Sonko est parvenu à être un acteur majeur de la scène politique. Le projet politique de son parti, le PASTEF (Patriotes sénégalais pour le travail, l’éthique et la fraternité) est la reconquête de la souveraineté du Sénégal, la sortie du franc CFA, la lutte contre la mainmise économique de la France et contre la corruption. Un programme qui rencontre une grande popularité dans la jeunesse, et qui s’appuie aussi sur une défense des « valeurs sénégalaises » avec la promesse de durcir la législation sur l’homosexualité.

Ousmane Sonko est aujourd’hui accusé de viols, et pour le pouvoir l’enjeu des procès est d’obtenir une condamnation qui ouvrirait la voie à son inéligibilité. Macky Sall écarterait ainsi son principal adversaire, comme il a réussi à le faire lors des élections en 2019 pour les candidats les plus importants comme Karim Wade ou Khalifa Sall. Cette instrumentalisation du droit, qui a été dénoncée par de nombreux juriste sénégalais, a été aussi utilisée pour invalider la principale liste des titulaires de l’opposition lors des élections législatives.

Depuis mars 2021, dans les manifestations contre le pouvoir, plus de 600 personnes ont été blessées et 20 sont mortes. La presse, avec l’emprisonnement de deux journalistes, est désormais sous pression, et on dénombre dans les geôles du pays 360 prisonniers politiques.

… pour rester au pouvoir
Ce rétrécissement de l’espace démocratique au Sénégal s’explique par la volonté de Macky Sall de rester aux affaires.

Lors de son accession à la présidence de la république en 2012, Macky Sall avait promis de ne faire que deux mandats. En 2019, il a changé la Constitution, faisant passer les mandats présidentiels de sept à cinq ans. Dans une interview au journal l’Express, il considère que les compteurs sont remis à zéro et fait planer le doute sur sa candidature à l’élection présidentielle de 2024 pour un troisième mandat.

Macky Sall sait parfaitement que cette manœuvre est anticonstitutionnelle. Quoi qu’il dise, la loi suprême interdit en effet plus de deux mandats consécutifs. Il sait aussi qu’il devra passer en force et donc affaiblir les organisations de la société civile et l’opposition politique, réunies dans la plateforme F24, qui sont vent debout contre cette manœuvre. D’autant que Macky Sall ne pourra guère s’appuyer sur son bilan, émaillé de scandales de corruption. Le dernier en date porte sur le détournement des sommes destinées à la lutte contre le Covid. Quant à sa rencontre avec Marine Le Pen à Dakar en début d’année, elle n’a certainement pas rehaussé l’estime des SénégalaisES pour leur président.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

01 - Octobre - 2024

QUAND OUSMANE SONKO FAIT DE LA DETTE UN SHOW ELECTORAL ! (PAR IBRAHIMA THIAM)

Le premier ministre Ousmane Sonko semble avoir trouvé sa nouvelle marotte pour la campagne des législatives du 17 novembre : l'état des finances du Sénégal. Avec...

01 - Octobre - 2024

Législatives anticipées : Macky Sall désigné tête de liste de la coalition Takku Wallu Sénégal pour affronter Sonko

Le paysage politique sénégalais a été secoué par l’annonce d’une alliance inédite entre trois grands partis : l’Alliance pour la...

01 - Octobre - 2024

Législatives : voici le nombre de listes reçues à la DGE

La Direction générale des élections (DGE) a reçu 45 listes pour les Législatives du 17 novembre. D’après Le Soleil, qui donne l’information,...

01 - Octobre - 2024

Bassirou Diomaye Faye : « La loi et la Constitution ne permettent pas à Ousmane Sonko d’usurper mes prérogatives »

Bassirou Diomaye Faye évoque le rôle d’Ousmane Sonko dans la gestion du pays. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision Al Jazeera,...

01 - Octobre - 2024

Législatives du 17 novembre 2024 : L'inter-coalition vole en éclats...Amadou Ba claque la porte

L’inter-coalition aurait pu offrir à l’opposition une meilleure chance de remporter les Législatives. Cependant, les ambitions et l’inflexibilité de Samm sa...