SÉNÉGAL: LA DURÉE DE VALIDITÉ DU PASSEPORT VA PASSER DE 5 À 10 ANS

11 - Juin - 2021

C’est une grosse épine que le chef de l’Etat vient d’enlever des pieds des Sénégalais et principalement ceux de la Diaspora. Face aux nombreuses difficultés clamées ici et là pour l’obtention du fameux titre de voyage jusque-là renouvelable tous les 5ans, le président de la République a décidé de faire évoluer la validité du passeport sénégalais en la portant à 10 ans à l’instar des grandes nations comme les Etats-Unis. Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur et ancien membre de la DES de France où il a servi jusqu’à sa nomination au Gouvernement, Moise Diardiegane Sarr, qui s’est toujours battu pour une telle réforme, explique à l’Observateur les grandes lignes de la décision du chef de l’Etat.

1- La question des passeports des Sénégalais de l’extérieur agite aujourd’hui la diaspora, notamment dans ce contexte de Covid-19. Quelle lecture en avez-vous ?
Nous sommes bien conscients des difficultés que rencontrent nos compatriotes pour se faire établir ou renouveler des passeports dans le contexte actuel. Cette question est d’autant plus préoccupante que la pandémie de la Covid-19 a conduit de nombreux pays à adopter des mesures restrictives pour, d’une part, l’entrée sur leur territoire et, d’autre part, les déplacements dans leur territoire ainsi que le mode d’organisation des administrations.
C’est la raison pour laquelle nos missions diplomatiques et consulaires, qui abritent huit (08) centres de production et huit (08) valises mobiles, étant obligées de respecter ces mesures adoptées par leur pays d’accueil pour ralentir la propagation de la maladie, n’ont pu établir un nombre important de passeports depuis l’apparition de la pandémie.
A titre d’exemple, en France, le centre de production de Paris, en plus d’être sur-sollicité, est obligé de se conformer aux mesures édictées par les autorités françaises en matière de regroupement de personnes. En conséquence, les rendez-vous pour l’établissement des passeports sont fixés à environ trois (3) mois après la demande.

Il s’y ajoute que les missions itinérantes, d’habitude effectuées par le Ministère de l’Intérieur, dans des pays non dotés de centres et de valises mobiles, ont considérablement été inexistantes durant toute l’année 2020 à cause de la fermeture des frontières. Elles ont timidement repris en 2021 en raison du maintien de certaines restrictions décidées par certains pays.
Au regard de ce qui précède, le ralentissement dans la production de passeport a considérablement affecté nos compatriotes de la diaspora pour le renouvellement de leur titre de séjour, de leur contrat de travail, voire leur réinscription dans des universités.
Pour remédier à cette situation, un planning a été établi en collaboration avec le Ministère de l’Intérieur afin d’envoyer des missions itinérantes pour prendre en charge les pays les plus sensibles. A date, des missions ont été envoyées, en Russie, en République du Congo, en Turquie et en République Démocratique du Congo. D’autres missions suivront pour le second semestre de l’année 2021.

2- Nos compatriotes au Brésil et en Chine demandent constamment justement l’envoi d’une mission itinérante d’établissement de passeports. Que prévoyez-vous de faire à ce sujet ?
Avant qu’elle ne soit une exigence de nos compatriotes cette question est d’abord une commande de Monsieur le Président de la République. En effet, immédiatement après les premières mesures d’allégement d’entrée et de séjour sur son territoire prise par la Chine, le Chef de l’État nous a instruit de travailler à l’envoi d’une mission d’enrôlement de passeports dans ce pays. A noter que le confinement à l’arrivée en Chine a été drastiquement renforcé, pouvant aller jusqu’à 21 jours, selon les circonstances.
Malgré ces écueils, une mission a été envoyée depuis Djeddah vers la Chine a été bloquée à Kuala Lumpur en Malaisie donc mais n’a pu être autorisée à accéder dans ce pays. Une nouvelle mise en route en cours de finalisation entre notre Ambassadeur en Chine et notre Consul général à Djeddah et nous espérons que la mission pourra enfin être en Chine dans les meilleurs délais.

S’agissant du Brésil et de l’Argentine, une mission a été désignée par le Ministre de l'intérieur et une mise en route décidée au moment où nous apprenions la fermeture des frontières de ces deux pays. Nous examinons, tout de même avec les autorités compétentes de ces pays amis, des moyens alternatifs de répondre au besoin de nos compatriotes dans ces deux pays.

Comme vous pouvez, donc, le constater, la volonté de trouver des solutions est réelle mais des contingences qui nous échappent président au retard de l’envoi des missions d’enrôlement et d’établissement de passeports en Chine, au Brésil et en Argentine.
Ceci dit, nous travaillons à des scenarii viables et durables pour régler la situation de manière générale et structurelle.

3- Quelles sont ces scénarii ? Quelles solutions viables préconisez-vous ?
Je le disais plus haut, il a été décidé qu’en plus de la Chine du Brésil et de l’Argentine, des missions d’enrôlement s’effectueront, tout au moins, en 2021, au Japon, en Afrique du Sud (qui polarise le Mozambique et la Zambie), au Portugal, aux Pays-Bas, au Cameroun, en République de Corée, en Malaisie, en Algérie et au Qatar.
Par ailleurs, Monsieur le Président de la République a pris des mesures viables, durables et salutaires au dernier conseil des ministres. En effet, il a instruit le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur ainsi Ministère de l’Intérieur à travailler conjointement à l’augmentation des valises mobiles et à l'ouverture de nouveaux centres de production dans nos ambassades et consulats.

Mieux, des centres satellites seront mis en place afin de soulager les centres de production.
A terme le maillage sera très satisfaisant et la prise en charge de nos compatriotes considérablement améliorée pour ne pas dire totalement réglée.

La mesure phare qu’il faut retenir est que Monsieur le Président de la République, pour soulager notre diaspora a décidé de procéder à une grande réforme du passeport. En effet, il a pris la décision de faire passer la durée de validité du passeport de cinq (05) à dix (10) à l'instar de certains pays qui une forte communauté à l'étranger.
Cette mesure extrêmement importante et dont il faut se féliciter, qui viendra s'ajouter à l'augmentation des valises mobiles d'enrôlement et à l'ouverture prochaine de nouveaux centres de production et de centres satellites dans nos missions diplomatiques et consulaires, réglera durablement voire définitivement la lancinante et récurrente question de l'établissement et de renouvellement de passeports dans la diaspora. Elle facilitera, par ricochet, les conditions de séjour de nos compatriotes à l’étranger ainsi que les déplacements de tous les sénégalais.
Une pareille occasion me permet d'exprimer ma profonde gratitude à Son Excellence Monsieur le Président de la République Macky SALL, pour cette prise en charge de cette préoccupation exprimée depuis longtemps par bon nombre de nos compatriotes. Cela montre, une fois de plus, qu'il a, au cœur, notre vaillante diaspora.

l'obs

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