SENEGAL : LE CONTENU LATENT DU REMANIEMENT

02 - Novembre - 2020

Dieu est grand, mais Macky Sall n’est pas politiquement petit. En tout le président de la République vient une fois encore d’administrer la preuve, avec formation du nouveau gouvernement, de ses capacités à orienter le destin politique du Sénégal, mais aussi de celui de ses opposants.
Le président de la République , qui avait, dit-on, promis des changements en « profondeur » pour relancer l’économie fortement impactée par la crise sanitaire due au coronavirus, a, à la surprise générale, formé un gouvernement pour résoudre une équation politique. Laquelle peut être formulée comme suit: comment brouiller les cartes pour qu’au sortir de la publication de la composition du nouveau gouvernement, aucun indicateur ne permette aux observateurs de la vie politique de déduire qu’il sera ou pas candidat à la présidentielle de 2024.
La manœuvre du président de la République est opportune car le contexte politique dans la sous-région l’oblige à tenter d’endormir les Sénégalais, le temps de dérouler son programme économique, condition nécessaire avant de s’exprimer sur le troisième mandant.
Pour ce faire, la composition du nouveau gouvernement offre deux grilles de lecture. La première consiste à dire que le limogeage de ses anciens collaborateurs(Aminata Touré, Amadou Bâ, Aly Ngouille Ndiaye et Mouhamadou M. Cissé), qu’une partie de l’opinion prête l’ambition de vouloir se présenter la prochaine présidentielle, est la preuve de sa volonté de briguer un autre mandat à la tête du pays. Autrement dit, qu’il s’est débarrassé d’eux pour tuer dans l’œuf toute velléité d’opposition interne à sa candidature.
Une autre lecture est de dire que Macky Sall prépare sa succession car il est conscient que les Sénégalais s’opposeront à sa candidature à la présidentielle de 2024. Puisqu’aucun ténor de l’Apr ne serait en mesure de gagner la prochaine présidentielle et lui assurer ses arrières , il enrôle Idrissa Seck, qui, en retour, le laissera vivre tranquillement ses jours d’ancien président s’il sort victorieux de la compétition.
A partir ces deux hypothèses, le remaniement ministériel, comme on le voit, ne permet pas d’avoir la position du président de la République sur le troisième mandat. Macky Sall, manœuvrier hors-pair, continue donc d’entretenir le flou sur son avenir politique. Jusqu’à quand?
Cheikh Sidou SYLLA

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