SENEGAL, OH MON PAYS, QU’A-T-ON FAIT DE TA DEMOCRATIE ? (PAR IBRAHIMA THIAM)

11 - Janvier - 2024

A quelques jours de l’élection présidentielle du 25 février, ce qui aurait dû être un grand rendez-vous populaire et démocratique pour le Sénégal a tourné à la farce, pire à la tragédie.
Dans quel pays voit-on plusieurs dizaines, voire près d’une centaine de candidats, postuler à ce qui devrait être la rencontre entre « un homme et son peuple » ? Un rendez-vous avec l’histoire, tous les cinq ans. Un rendez-vous déterminant pour l’avenir des Sénégalais, en particulier les plus jeunes. En soi, ce mépris affiché pour nos institutions constitue un affront, un outrage à la vie démocratique.
Mais il y a pire ! Certes Macky Sall ne se représente pas, mais pour que son clone, Amadou Ba, puisse lui succéder tous les coups sont permis, les plus vils et les plus répugnants. Le pouvoir a ainsi éliminé des représentants de l’opposition, comme Ousmane Sonko, en instrumentalisant la justice. Ce n’est pas nouveau, d’autres, comme Khalifa Sall et Karim Wade en ont fait les frais par le passé. Les mêmes, étrangement, par un fait du prince, ont été admis aujourd’hui à se présenter à la magistrature suprême. Nous étions prévenus, Macky ne reculerait devant rien pour pérenniser son pouvoir et asseoir son successeur sur le trône, afin de le récupérer, qui sait, dans cinq ans, comme le fit un certain couple Poutine-Medvedev.
Et puis il y a eu l’exploitation abusive de la procédure des parrainages citoyens, une procédure qui, soi-dit en passant, élimine de facto la plupart de ceux qui ont la velléité de concourir à l’élection tant elle est semée d’embûches et favorise les leaders de certains partis.
Et le constat est là, plusieurs candidats très sérieux ont été recalés comme de vulgaires élèves au Brevet des collèges. Y compris les meilleurs d’entre eux, comme Abdoul Mbaye, le plus souvent au terme d’arguments fallacieux. On a ainsi invalidé sa liste des parrainages (procédure, je le rappelle, dont le caractère illégal a été condamnée par la Cour de justice de la CEDEAO) une première fois au motif de « doublons » dans les parrainages et une seconde fois en contestant les parrainages présentés en régularisation dans une Clé USB, dont le process de contrôle fait apparaître de failles importantes.
Résultat, de 93 au départ et après que 72 aient été recalés, aujourd’hui une vingtaine de candidats ont pu franchir la première étape avant que le 20 janvier le Conseil constitutionnel ne publie la liste définitive.
En réalité tout a été fait pour mettre en selle Amadou Ba en éliminant les concurrents dangereux et en ne sélectionnant que ceux qui ne sont pas susceptibles de lui faire de l’ombre, mieux, de le soutenir à l’occasion du deuxième tour en lui apportant leurs voix.
En réalité, avec ce système des parrainages, mis en place par un pouvoir aux abois et soucieux de se succéder à lui-même, nous tous, Sénégalais, sommes roulés dans la farine. Cette démocratie n’est qu’une illusion où le peuple, à qui revient légitimement d’exercer le pouvoir, a été relégué au rôle de figurant.
Le 25 février prochain, lorsque sur la scène politique se lèvera le rideau les acteurs interprèteront une pièce qui pourrait s’intituler « La comedia dell’arte », autrement dit la comédie du pouvoir. Le Sénégal mérite mieux que ce numéro de prestidigitateurs !

Ibrahima Thiam
Président du mouvement « Autre Avenir »
Membre de la coalition Abdoul2024

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

19 - Septembre - 2024

Législatives du 17 novembre : Le chef de l’Etat invite le gouvernement à prendre toutes les dispositions pour la bonne tenue du scrutin

Le président de la République a invité, mercredi, en Conseil des ministres, le gouvernement à prendre toutes les dispositions afin d’assurer la bonne tenue du...

19 - Septembre - 2024

Législatives : Dépôt des listes de candidatures, les 29 et 30 septembre

Selon l’expert électoral Ndiaga Sylla, les listes de candidatures aux élections législatives seront déposées les 29 et 30 septembre en vertu du...

19 - Septembre - 2024

Cheikh Issa Sall, l’ancien DG de la CDC qui avait refusé la caution d’Ousmane Sonko, quitte l’APR pour créer son parti

Cheikh Issa Sall, ancien Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC) et actuel maire de Mbour, a pris ses distances avec l’Alliance pour la...

19 - Septembre - 2024

La DGE fixe le chronogramme des Législatives du 17 novembre: la campagne électorale démarre le 27 octobre

La Direction générale des élections a, dans un communiqué publié mercredi soir, fixé le chronogramme des élections législatives du 17...

18 - Septembre - 2024

« TEL EST PRIS QUI CROYAIT PRENDRE » : MORALE DE LA FABLE DES « DÉPUTÉS DE MACKY SALL »( Par Mohamed GASSAMA )

Le bouillonnement, qui intervient suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, reste un événement banal et normal dans un contexte de recomposition, pour les...