SENEGAL :« PLANS D’AJUSTEMENT STRUCTURELS (PAS), REVE OU REALITE ? »

27 - Septembre - 2019

Eh oui, les Sénégalais ne rêvent pas. Les PAS constituent bien une réalité. En effet, le Fond monétaire international (FMI) n’a pas envoyé au Sénégal une délégation pour faire de la charité ou pour uniquement conseiller le chef de l’État et ses collaborateurs. Il a envoyé, d’urgence, une équipe qui avait pour mission d’imposer à l’État sénégalais des mesures drastiques qui consistent à maitriser les dépenses et à trouver, rapidement, des recettes afin de payer ses créances.
Pourtant dans les années 1980, sous Abdou Diouf, le pays avait subi les mêmes mesures. Mais cette expérience douloureuse n’a vraisemblablement pas servi au régime actuel.
En effet, depuis 2012, année à laquelle il a accédé au pouvoir, Benno Bokk Yakar s’est lancé dans une frénésie d’endettement. Le pays a emprunté d’importantes sommes notamment utilisées pour fiancer des infrastructures non productives, pour satisfaire des dépenses de prestiges, pour acheter de la clientèle politique et pour récompenser des alliés.
Le résultat est qu’aujourd’hui, le pays se retrouve en incapacité de rembourser correctement ses dettes, de poursuivre les chantiers dont le TER, les autoroutes et tous les chantiers inscrits à la deuxième phase du plan sénégal émergent (PSE).
Afin de faire face à cette situation devenue ingérable, le FMI, exige à l’État de diminuer en priorité son train de vie, d’augmenter les taxes douanières et fiscales.
C’est la mission à laquelle s’attèle l’État depuis quelques semaines et les conséquences sont immédiates pour les Sénégalais qui affrontent une hausse exponentielle des prix des produits de première nécessité dont le carburant, l’électricité, le ciment, riz, le lait, etc. Dans les mois à venir, il faudra s’attendre à une diminution des moyens affectés aux services publics de l’éducation et de la santé.
Finalement, les PAS sont néfastes. C’est le constat qu’établit Moustapha Kassé qui nous rappelle que « même si les PAS permettent d’améliorer et de rétablir certains déséquilibres macroéconomiques, elles ne favorisent pas de nouvelles dynamiques de croissances durables. Ces réformes structurelles se traduisent, souvent, par une détérioration des conditions de vie des populations et par un accroissement de la pauvreté 1».
Ce que vit et va vivre le Sénégal dans les mois à venir ne nous surprend pas. Il s’agit d’une situation que nous avions prévue et traitée dans notre ouvrage « Sénégal diagnostic d’un pays candidat à l’émergence 2». En effet, l’émergence proclamée depuis 2012 semble être un slogan car les politiques publiques ne mobilisent pas les ressources nécessaires pour l’atteindre.

1Moustapha KASSE, Economie du développement, tome 1, Editions Panafrika, 2009.
2Momar-Sokhna DIOP, Sénégal diagnostic d’un pays candidat à l’émergence, l’Harmattan, 2019.

Momar-Sokhna Diop professeur d’économie/Gestion et écrivain

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

26 - Janvier - 2020

AMINATA ASSOME DIATTA PROMET ACCOMPAGNEMENT À LA ’’VOCATION SOUS-RÉGIONALE DE KAOLACK’’

La ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises, Aminata Assome Diatta, assure de l’engagement gouvernement à accompagner le secteur privé pour mieux exploiter...

23 - Janvier - 2020

SENEGAL : L'ARGENT DE LA DIASPORA INTERESSE LES BANQUES

Les habitants du Sénégal peuvent compter sur leur diaspora installée en Europe, ou encore aux États-Unis. Les Sénégalais émigrés,...

22 - Janvier - 2020

ECO ET FCFA, QUATRE MARIAGES ET UN ENTERREMENT (PAR KAKO NUBUKPO)

Pourquoi le Nigeria accepterait-il d’être le prêteur en dernier ressort de la Cedeao, rôle qu’il n’a pas voulu jouer lors de la mise en place de la seconde zone...

20 - Janvier - 2020

OPINION : LA GESTION CALAMITEUSE ET LE BILAN CHAOTIQUE DE CHEIKH KANTE AU PORT DE DAKAR (PAR SEYBANI SOUGOU)

« Il n’y a qu’au Sénégal où des délinquants, mauvais gestionnaires et voleurs de deniers publics épinglés formellement par des organes...

20 - Janvier - 2020

NDONGO SAMBA SYLLA : « POURQUOI LES AFRICAINS N’ONT PAS BESOIN D’UNE MONNAIE UNIQUE »

Pour l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla, la réforme du franc CFA en Afrique de l’Ouest, annoncée le 21 décembre 2019 par le...