Seydi Gassama tire sur Macky: "une fois au pouvoir, ils oublient toutes leurs promesses"

03 - Janvier - 2020

Le secrétaire général d’Amnesty international, section Sénégal, M. Seydi Gassama, ne cache pas sa désolation par rapport aux restrictions de libertés qui seraient, selon lui, sont plus manifestes sous le régime du président Macky Sall que sous celui de son prédécesseur. Il estime que l’Etat doit montrer la vitalité de sa démocratie à l’extérieur en encadrant les manifestations.

"Les grilles du palais ne sont pas un domaine militaire"
« Je ne blâme pas Guy Marius Sagna... Le plateau de Dakar, c’est la partie de la ville de Dakar où il y a les centres de pouvoir. Or, si on empêche aux gens de manifester là où il y a les centres du pouvoir, évidemment, on restreint le droit de manifester. Je l’ai toujours dit, lorsque les partis politiques manifestent, ils doivent pouvoir le faire jusque sous les fenêtres du ministère de l’Intérieur pour pouvoir rencontrer le maître des lieux, pour pouvoir lui soumettre leurs revendications » a-t-il poursuivi.

En ce qui concerne la marche de Guy Marius Sagna, sanctionnée par une arrestation, le droit de l’hommiste bande les muscles. « Les grilles du palais ne sont pas un domaine militaire. Elles ne sont pas un sanctuaire où on ne doit pas manifester. Je ne blâme pas l’attitude de Guy Marius Sagna. On évoque les grandes démocraties comme la France, les Usa … Dans ces pays, manifester devant les grilles du palais est une chose banale. Il y a même des Etats africains comme l’Afrique du Sud ou en Mauritanie, récemment, où des centaines de personnes ont fait un sit-in devant les grilles du palais. C’est le lieu où se trouve le Président. En l’occurrence, s’agissant de l’augmentation du prix de l’électricité, la seule personne capable de revenir sur cette hausse, c’est le président de la République. Si on ne peut pas manifester devant le bâtiment où le président se trouve, cela n’a pas de sens. Il faut qu’on arrête de donner des alibis à l’Etat pour restreindre les libertés. On doit pouvoir manifester devant les grilles du palais comme dans n’importe quel palais du monde. L’Etat ne doit évoquer aucune raison pour interdire cela (...) Des pays comme la Mauritanie sont plus exposés que le Sénégal. Si on permet aux citoyens de faire des sit-in devant le palais en Mauritanie, je ne vois pas pourquoi on ne devrait pas le faire au Sénégal » soutient encore l’avocat droit-de-l’hommiste.

« Une fois au pouvoir les politiciens oublient leurs promesses électorales…»
Essayant de comprendre les explications de l’Etat pour justifier son refus d’autoriser certaines manifestations, Seydi Gassama est d’avis que, lors de la mémorable journée du 23 juin 2011, le régime d’Abdoulaye Wade avait paniqué quand les Sénégalais avaient occupé la place Soweto à quelques mètres de la présidence de la République pendant toute la journée. Ces manifestations ont obligé le Président, qui entendait les cris, de- puis ses fenêtres du palais, à retirer le projet de loi qui avait mis le feu aux poudres.
« Le régime actuel est une copie conforme de l’ancien. Il s’est accroché à l’arrêté Ousmane Ngom. Les gens de ce régime se disent qu’ils ne doivent pas accepter que les opposants ou les citoyens manifestent dans le plateau car ils vont forcer l’Etat à reculer comme l’avait fait Me Wade » argumente Seydi Gassama.
« Les restrictions de libertés sont plus graves sous le régime de Macky Sall que sous celui d’Abdoulaye Wade. Ce dernier avait non seulement autorisé la manifestation du 23 juin, mais aussi celle de Sidy Lamine Niass à la place de l’indépendance (…) Ce sont les mêmes pratiques et le même système qui continuent. Ce sont les mêmes préfets, les mêmes gouverneurs, les mêmes personnes qui étaient sous le régime de Me Wade comme ministres, Premier ministre ou députés, qui sont toujours là. Quand Souleymane Ndéné Ndiaye demande à Macky Sall de mater les manifestants, il lui demande de faire exactement comme eux procédaient lorsqu’ils étaient au pouvoir. C’est la même classe poli- tique qui est sur place et qui reproduit les mêmes atteintes aux libertés. Toutes les bonnes intentions qu’ils annoncent pour ama- douer les Sénégalais afin qu’ils votent pour eux s’envolent une fois qu’ils sont au pouvoir. Macky Sall avait écrit à la commission des droits de l’homme des Nations unies pour fus- tiger les restrictions des marches par Abdou- laye Wade. Aujourd’hui, il reproduit la même chose qu’Abdoulaye Wade » a encore martelé le droit de l’hommiste.

Le Témoin

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

10 - Janvier - 2021

PR PAPE D. SY : « MANSOUR FAYE A EU UNE MAUVAISE LECTURE DE LA LOI »

Il y a quelques mois, en pleine polémique sur la gestion de l’aide d’urgence, Mansour Faye, alors ministre du Développement communautaire, avait déclaré...

10 - Janvier - 2021

PRÉSIDENTIELLE 2024 : ME DOUDOU NDOYE VALIDE LA CANDIDATURE DE MACKY SALL

Me Doudou Ndoye, ancien ministre de la Justice a affirmé que le chef de l’Etat peut faire bel et bien un troisième mandat. Il était l’invité de...

09 - Janvier - 2021

Macky Sall : un président-délinquant qui refuse de déclarer son patrimoine (Par Seybani Sougou)

On a toujours envie de rire sous cape lorsqu’on entend les partisans du régime évoquer la loi. C’est comme si tout d’un coup, un mafieux se mettait à parler...

09 - Janvier - 2021

Assemblée nationale: les députés convoqués en plénière ce lundi

Les députés sont convoqués en séance plénière ce lundi 11 janvier 2021. Des projets de loi des ministères de l’Intérieur et des...

09 - Janvier - 2021

Financement : Ousmane Sonko transmet ses états financiers au ministère de l’intérieur

Ousmane Sonko va peut-être freiner les intentions du ministre de l'Intérieur de dissoudre le Pastef, suite à la campagne de levée de fonds internationale lancée...