Sortie du président de la République sur le processus de paix : Des cadres Casamançais avertis donnent le ton et consolident les propos du chef de l’État

13 - Décembre - 2018

La sortie, ce mardi, du président de la République Macky Sall, pour donner sa position sur les accords de paix avec le Mfdc ne laisse pas indifférents les acteurs avertis de la question.

C’est Yaya Mané, l’un des premiers cadres Casamançais à entreprendre des médiations pour la paix en Casamance qui dit : « je suis du même avis que le chef de l’État. Le Mfdc est divisé et tu vas faire un accord avec qui ? Même si tu le fais avec quelqu’un, un groupe, ce n’est pas pour autant que les autres se sentiront engagés. Il y a un certain nombre de préalables. Le problème c’est qu’il ne faut négliger personne. En matière de guérilla et autres, même un petit nombre peut faire des dégâts. Maintenant, s’il s’agit de mener des négociations, il faut voir quelle option tenir. Soit négocier avec tout le Mfdc regroupé ou groupe par groupe ? Je pense qu’il faut une combinaison des deux. Le mieux serait d’avoir un Mfdc réunifié avec un commandement et une aile politique structurée. Au moins là, chaque accord obtenu peut engager tout le monde », nous a-t-il dit au bout du fil.

Yaya Mané est aussi le rédacteur du mémorandum de 1984 remis au président Abdou Diouf contenant un diagnostic complet des difficultés dans le sud du pays et des solutions pour ce problème. Plus qu’averti, il donne une option « maintenant si cette option est difficile à mettre en œuvre, il faudra bien garder le contact avec les groupes qui sont sur le terrain. Mais à mon avis, ce ne serait pas des accords, mais des sortes d’entente. Une fois fini de parler avec toutes les factions et groupes qui se réclament, il faudra le formaliser. Mais dans l’immédiat, on ne peut pas dire qu’on fait un accord avec un groupe. Il faut discuter avec tout le monde ».

Au vu de la situation qui prévaut et l’accalmie qui règne malgré quelques soubresauts, il tranche. « Aujourd’hui, on ne peut pas avoir un accord global. Il est impossible d’avoir un accord global compte tenu de l’état dans lequel se trouve le Mfdc en termes de structuration. Aussi bien le maquis que l’aile civile, sont divisés ».

Sur ce il déballe : «Des éléments du Mfdc sont en train de faire le tour des différents états-majors pour discuter avec les têtes de file de l’aile armée. La semaine passée les éléments de Diakaye étaient chez Compasse et César Atoute Badiate. Reste Salif Sadio qu’ils doivent aller voir pour discuter avec lui. Ils sont conscients de la réunification du Mfdc pour parler d’un seul langage et discuter avec l’État du Sénégal », conclut-il.

Pascal Kotimagne Manga, un autre cadre de la Casamance qui a participé aux pourparlers de Cacheu en Guinée Bissau, donne son avis sur cette sortie du président de la République. «Le président a raison de dire qu’on ne peut pas décréter un processus. Il y aussi la réalité sur le terrain qui est que le mouvement est éclaté. Il va devoir discuter avec toutes les factions et dans ces discussions, les convaincre à s’unir pour régler définitivement ce problème. Les assises malheureusement ont échoué. Mais toujours est-il que discuter avec un Mfdc uni c’est encore mieux, mais là, en l’état, il faut discuter avec tous les groupes. En tout cas, on ne décrète pas la paix comme ça... »

dakaractu

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