Thierno Bocoum parlant du 3e mandat : « le débat a été volontairement relancé »

27 - Février - 2020

Quand deux hauts responsables des domaines d’autorité du Président de la République, à savoir le parti et l’Etat, parlent de la question du troisième mandat, il faut s’arrêter un instant pour analyser le fait. Le ministre Mbaye Ndiaye a succédé à l’ancien Premier ministre Mohamed Boun Abdallah Dionne sur les plateaux de télé pour dire presque la même chose sur cette question.

L’un, secrétaire général de la présidence coordonne les activités du Président Macky Sall, en sa qualité de chef de l’Etat, l’autre, directeur des structures de l’Apr, tient l’appareil du parti que dirige Macky Sall.

Il se sont succèdés en moins d’une semaine d’une télévision à une autre sans que le holà n’ait été tiré de la première intervention pour que la deuxième soit plus conforme aux vœux jusque-là exprimés par le président de la République : travailler et éviter de parler de la question du troisième mandat.

Pourtant, on pouvait valablement s’attendre à une mise au point de la part du chef de l’État, surtout face au premier de ses exécuteurs pour le Fast Track, qui a osé dire qu’il ne se débinera pas en répondant à la «question qui gêne».

La vérité aujourd’hui est que ce débat a été relancé pour que sa banalisation s’impose très tôt. Il fallait le remettre sur la table après avoir effacé les traces d’une approche qui n’était pas la bonne. Une approche qui n’arrangeait pas le chef. Il ne fallait surtout pas dire qu’il ne peut pas, mais bien affirmer que l’éventualité est bien possible. C’est ainsi qu’il fallait poser le débat. C’est toute la différence d’approche entre ceux qui ont été sanctionnés et ceux qui semblent être encouragés. Ils parlent tous de la même question mais l’expriment différemment.

Le Président Macky Sall réduit tous les jours l’épaisseur de la porte de sortie. Il trouve le moyen de travailler à ne devoir compter que sur un trou de serrure qui risque de le compresser dangereusement tout en lui rendant la tâche difficile.

Aujourd’hui il s’expose à tous les risques et expose, par ricochet, notre pays. Le risque de ne plus travailler au service exclusif des populations est d’abord le risque qu’il fait courir à un pays qui doit faire face à plusieurs urgences. L’idée de vouloir arrêter les ambitieux de son camp lui coûtera énormément d’énergie. Ces proches collaborateurs ont aujourd’hui déserté les questions essentielles pour traquer des traîtres et des taupes. Le problème est que finalement ce sont des traîtres à une ambition démesurée, des traîtres qui semblent ne pas vouloir cautionner une éventuelle troisième candidature.

Le risque de faire tomber le pays dans un cycle de violences est réel. Sans parler du recul démocratique inacceptable que ce débat révèle.

En laissant prospérer un tel débat et en donnant l’impression de le cautionner, tant que le ton est « conforme », le Président Macky Sall agit comme un amateur politique. Ce qu’il n’a jamais été jusque là. Il doit savoir que ça ne passera pas. C’est évident que cela ne passera pas.

En tout état de cause, Macky Sall n’a pas le droit de souiller la mémoire de ces dizaines de compatriotes qui ont perdu la vie pour avoir défendu la démocratie. Il n’a pas le droit de faire moins que son prédécesseur après avoir suscité autant d’espoir. Il n’a même pas le droit de couvrir de honte ses soutiens qui se sont battus pour qu’il soit au pouvoir.

Il a le choix entre se ressaisir ou persister dans cette voie. Nous nous n’avons qu’un choix : celui de faire face, par tous les moyens, à toute forme de décision allant dans le sens d’un recul démocratique inacceptable.

Thierno Bocoum

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

29 - Juillet - 2024

Assemblée nationale : Amadou Mame Diop va écrire à Diomaye Faye

Le bureau de l’Assemblée nationale, convoquée vendredi pour se pencher sur la question, déclare «recevable» la proposition de loi portant modification...

29 - Juillet - 2024

Le Pm Ousmane SONKO à l’hémicycle : les enjeux d’une DPG pas comme les autres. « Mortal combat » entre le PSE et le PROJET .( Par l'inspecteur Cheikh Ndiaye responsable politique Grand Yoff )

Le peuple est seul souverain en démocratie. Quand il a voulu un nouveau contrat social et un changement radical de cap, il l’a annoncé dès l’aube, aux...

25 - Juillet - 2024

La réponse sèche de Guy Marius au bureau du Parlement de la CEDEAO : « Je n’ai pas besoin d’être soutenu »

À la suite de son clash avec la vice-présidente du Parlement de la CEDEAO, suivi du communiqué du bureau du Parlement qui condamne son écart de langage, le...

25 - Juillet - 2024

Menacé de destitution à la CEDEAO : Guy Marius Sagna reçoit le soutien de 20 organisations Togolaises

Le Front "Touche pas à ma constitution" du Togo, composé de plus de vingt organisations, a exprimé son soutien au député sénégalais Guy Marius...

25 - Juillet - 2024

SI LA FLAMME OLYMPIQUE POUVAIT ÉCLAIRER LES JEUX POLITIQUES DU SÉNÉGAL ! ( par Mohamed GASSAMA)

Le sigle de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, « Lux mea Lex », (la lumière est ma Loi, en latin), hissé au fronton de l’Institution, en face de...