Trafic de faux visas diplomatiques: vers la levée immédiate de l’immunité des députés impliqués
L’affaire de trafic de passeports diplomatiques est un dossier pris très au sérieux par l’Etat. En effet « Le Témoin » est en mesure de révéler que toutes les dispositions légales seront prises au niveau du Parquet pour tirer cette affaire au clair. En particulier, une procédure pour la levée immédiate de l’immunité parlementaire de tous les députés impliqués de près ou de loin dans cette affaire va être déclenchée en mode fast-track !
L’Assemblée nationale risque d’être éclaboussée par cette grosse affaire de trafic de passeports diplomatiques. Une industrie du faux qui n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets. Car, les deux députés cités dans cette affaire seront convoqués et entendus par la Police. Il s’agit de Mamadou Sall et Boubacar Biaye de la mouvance présidentielle. Il en sera de même pour d’autres complices et facilitateurs cités comme étant des maillons de la vaste chaine de trafiquants et de faussaires que les autorités soupçonnent derrière ce trafic.
D’ailleurs, le sieur El Hadj Diadj Condé, présenté comme le présumé cerveau, a été déféré, hier, par la Division des investigations criminelles (Dic). Pour les autres à savoir les députés Mamadou Sall, Boubacar Biaye et Cie, le procureur de la République a ouvert une information judiciaire pour examiner à la loupe leur degré d’implication. En effet, « Le Témoin » est en mesure de vous informer que le président de l’Assemblée nationale sera saisi pour déclencher en procédure d’urgence la machine de la levée de l’immunité parlementaire de ces députés cités.
Joint par « Le Témoin », une haute autorité de l’Etat s’étrangle de colère : « Si l’action publique a été déclenchée au niveau de la Police, c’est parce que le procureur de la République s’est autosaisi. Et tous les moyens légaux seront mis à la disposition de la Justice pour lui permettre de tirer cette affaire au clair. D’ailleurs, une procédure de levée de l’immunité parlementaire de ces députés sera entamée prochainement… » a révélé notre interlocuteur.
Avant d’ajouter : « C’est un dossier très sérieux ! Vous savez, le président de la République Macky Sall a réussi à positionner la diplomatie sénégalaise comme l’une des plus fortes et des plus influentes dans le monde. Donc il n’est pas possible de ne pas ouvrir une information judiciaire sur de tels actes gravissimes » a indiqué notre interlocuteur à propos de l’affaire du trafic de passeports diplomatiques.
La leçon de Mankeur Ndiaye aux députés bordéliques
Il convient de déplorer le fait que l’article 106 modifié et « élargi » du règlement intérieur de l’Assemblée nationale constitue la clé qui a ouvert la boite de Pandore de ce trafic d’influence. Dans cet article, il est dit que : « pendant toute la durée de leur mandat, les députés à l’Assemblée nationale ont droit à un passeport diplomatique, dans les mêmes conditions que les membres du Gouvernement. Ils ont accès au salon d’honneur ».
C’est en 2014 que la question de la modification du décret fixant la liste des ayants droit au passeport diplomatique avait été soulevée par les députés devant l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, lors de son passage à l’Assemblée nationale. Avec insistance, les députés avaient demandé la généralisation de l’accès au passeport diplomatique aux épouses et enfants de députés.
Pour mettre fin à ce débat, puisque, selon lui, la question était déjà réglée par le président de la République, Mankeur Ndiaye avait annoncé la bonne nouvelle. « Désormais, des passeports diplomatiques seront octroyés aux épouses et aux enfants des députés… » avait-t-il déclaré sous un tonnerre d’applaudissements. Profitant de cette tribune, Mankeur Ndiaye s’était également offusqué de la façon dont se comportaient certains députés, détenteurs de passeports diplomatiques.
« Quand on est porteur de passeport diplomatique, on doit avoir un comportement diplomatique. On ne peut pas détenir ce passeport et se comporter d’une façon désordonnée. Certains ministres des Affaires étrangères de pays amis nous le signalent souvent. Le passeport diplomatique est un document précieux qu’on doit protéger. Et le protéger, c’est protéger le Sénégal, l’Etat et sa crédibilité » avait conseillé l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Hélas ! Dans cette histoire de trafic de passeports diplomatiques, les enquêteurs de la Police sont convaincus d’avoir affaire à des membres d’une mafia bien organisée. Une mafia ayant comme cerveaux des députés à l’Assemblée nationale et comprenant des faussaires, rabatteurs et complices faisaient passer des candidates à l’émigration pour des épouses de députés. Et d’autres clients pour des enfants et « domestiques » de députés afin de leur faire obtenir un passeport diplomatique. La preuve par les aveux d’El Hadji Diadj Condé… Et quand on sait que les maires aussi ont demandé, et obtenu, des passeports diplomatiques pour eux et les membres de leurs familles !
Le Témoin