TRAFIC DE PASSEPORTS DIPLOMATIQUES : L’EXTREME DROITE FRANÇAISE MET LA PRESSION SUR LE QUAI D’ORSAY ET EXIGE LA FIN DE LA DISPENSE DE VISAS
C’est peut-être la conséquence de la correspondance que Seybani Sougou a envoyée au Quai d’Orsay pour dénoncer le trafic présumé de passeports diplomatiques au Sénégal. Joint par notre confrère, Atlanticactu.com, Benoît Hiberty, porte-parole adjoint du Quai d’Orsay en charge de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Océan Indien, et de la Coopération de sécurité et de défense a eu ces mots qui en disent long sur la volonté du gouvernement français de tirer au clair cette affaire. « Nos services ont bien reçu le courrier dont vous faites état et à ce niveau de prise en charge, je peux vous confirmer qu’une enquête est déjà ouverte et que la partie sénégalaise sera mise à profit pour situer les responsabilités ».
« Au Sénégal, l’esprit de la Convention de Vienne a été détourné de son objet et dévoyé par certains députés appartenant à la mouvance présidentielle.
En effet, 2 députés, Monsieur Mamadou SALL et Monsieur Boubacar BIAYE sont impliqués dans un vaste trafic de passeports diplomatiques. De faux certificats de mariage ainsi que de fausses pièces d’état civil ont été établis pour permettre à des personnes se réclamant « épouses ou enfants de députés » de bénéficier d’un passeport diplomatique, aux fins d’une émigration clandestine. Contre rémunération, en espèces sonnantes et trébuchantes (des millions de F CFA) », avait notamment écrit Seybani Sougou dans sa lettre de dénonciation adressée à Jean Yves Le DRIAN, ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères.
A ce stade, nul ne sait le nombre exact de députés sénégalais mêlés dans les trafics de papiers, ni l’ampleur du phénomène (fabrication de faux passeports diplomatiques) qui dépasse largement les cas des 2 députés précités. Par ailleurs, il est clairement établi que ces faux passeports diplomatiques ont été utilisés frauduleusement et ont servi à alimenter des filières d’immigration clandestine.
Ce ne sont pas seulement le Quai d’Orsay qui s’intéresse à cette affaire. La classe politique française aussi suit l’évolution de la situation. Il s’agit notamment l’extrême-droite dont le cheval de bataille est la lutte contre l’immigration. A en croire Atlanticactu.com des lieutenants d’Eric Zeymmour et de Marine Le Pen exigent tout bonnement la levée de la dispense de visas octroyée aux Sénégalais titulaires de passeports diplomatiques et spéciaux.
Pour Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement National de Marine Le Pen, « ce qui est grave dans cette affaire, ce n’est plus le fait de pauvres jeunes désespérés qui au risque de leur vie, périssent entre les océans et le désert mais, des bandits à col blanc qui ne respectent pas la souveraineté du Sénégal encore moins les lois françaises ». Au téléphone d’Atlanticactu, Sébastien Chenu s’interroge s’il est encore nécessaire que le Sénégal et les autres pays africains-qui sont adeptes de la même pratique continuent de bénéficier de l’Arrêté du 10 mai 2010 relatif aux documents et visas exigés pour l’entrée des étrangers sur le territoire européen de la France.
Diane Ouvry porte-parole des amis d’Éric Zemmour, elle, met en relief la complicité des hommes politiques français qui, au nom de « l’intérêt supérieur » de la France, ferment les yeux sur des pratiques délictueuses qui sont une manière détournée et légale de conforter l’immigration clandestine.
Il faut dire que ce trafic présumé de passeports diplomatiques survient au moment où, en France, le débat politique se cristallise sur l’immigration, grâce notamment à Éric Zemmour.
CSS avec Atlanticactu.com