TRIBUNE LIBRE : « LA TROISIEME VOIE », CETTE DEMOCRATIE HUMAINE CHEMIN D’AVENIR DU SENEGAL (PAR IBRAHIMA THIAM)

10 - Mai - 2022

Depuis plusieurs années à travers de nombreuses tribunes je plaide pour l’existence d’une « troisième voie » dans notre vie politique sénégalaise, hier cannibalisée par les grands partis et aujourd’hui incarnée par deux hommes, Macky Sall et Ousmane Sonko. Cela m’amuse donc un peu de voir quelques personnages, hier encore silencieux, reprendre cette idée à leur compte et s’en faire le promoteur.
Mais la « troisième voie » ne doit pas être à mes yeux un affichage, un effet d’annonce, une façon d’occuper l’espace médiatique. Pour ces personnes, qui se reconnaîtront, il s’agit à l’évidence d’un gadget, alors que pour moi c’est une forme nouvelle de gouvernement.
Forme nouvelle de gouvernement car associant davantage les élus, les associations, la société civile. Aujourd’hui le chef de l’Etat est un monarque présidentiel au pouvoir souvent autoritaire et solitaire. A mes yeux un président de la République moderne doit être capable d’associer davantage ses contemporains à ses décisions. On oublie trop souvent l’adage « Vox populi, vox Dei », voix du peuple, voix de Dieu. La démocratie se doit d’être plus participative et on voit l’échec où conduit le pouvoir personnel.
La « troisième voie » ne peut, et ne doit pas être une sorte de panacée universelle, et encore moins le simple recours entre la probable candidature aux élections présidentielles de 2024 de Ousmane Sonko et une présence toujours possible de Macky Sall. Ce serait trop simple, trop réducteur et s’il ne s’agissait que de cela ce serait une philosophie mort-née.
A ses origines, la « troisième voie » prônait un concept politique se situant entre la social-démocratie et le libéralisme, tandis que durant la guerre froide elle incarnait un projet entre le communisme soviétique et le capitalisme américain, et qu’en France le gaullisme prétendait l’incarner entre deux courants, l’un dit de « gauche » et l’autre dit « droite ».
En réclamant cette « troisième voie » pour le Sénégal je souhaite proposer un chemin résolument différent, en donnant un nouveau souffle à nos compatriotes, entre la politique et les solutions classiques du chef de l’Etat actuel et l’aventurisme, teinté de radicalisme de Ousmane Sonko.
Macky Sall à travers ses mandats a surtout œuvré afin que son nom reste dans les manuels d’histoire comme celui d’un bâtisseur.
C’est son choix !
Il laissera derrière lui des stades, des kilomètres d’autoroute, un train express régional, un nouvel aéroport, etc.
Je préférerais quant à moi que les sénégalais, s’ils me font confiance en 2024, retiennent que j’aurais contribué à une augmentation de leur pouvoir d’achat, à la création de dizaines de milliers d’emplois, au développement de l’enseignement et de la santé, à l’amélioration d’une justice digne d’un Etat de droit, et à la mise en œuvre de véritables politiques en faveur du tourisme, de l’agriculture et de la pèche.
Plutôt que de laisser des constructions en bêton derrière moi, je préfère améliorer substantiellement le niveau de vie de mes compatriotes. Des millions d’hommes, de femmes, de vieillards et de jeunes dans notre pays aspirent à vivre une existence digne et c’est ce que je veux leur offrir.
C’est un autre choix !
La « troisième voie » est là, entre la satisfaction personnelle d’un Macky Sall et l’inclinaison radicale, jusqu’au-boutiste, d’un personnage aigri et revanchard d’un Ousmane Sonko.
Elle se situe résolument dans la mise en place d’une politique sociale, d’une démocratie économique humaine, pragmatique où la corruption, les inégalités et les injustices seront moins criantes, à défaut d’être inexistantes. En résumé une politique plus vertueuse. Je considère que le temps est venu de tourner la page Macky et de se garder d’ouvrir celle Sonko et avec elle sa politique isolationniste, dangereuse pour nos libertés et notre économie.
Il en va de l’avenir du Sénégal, c’est pourquoi je veux incarner cette « troisième voie » et que je la proposerai dans deux ans à nos compatriotes.
Ibrahima Thiam, président du mouvement « Un Autre Avenir »

 

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