"Un calvaire au quotidien" : comment ce titulaire d'un bac + 5, travaillant depuis 25 ans en France, se retrouve sans papiers et sans revenu

01 - Mai - 2024

Mohamed Nrabet vit "un calvaire au quotidien". De nationalité marocaine, l'homme de 54 ans vit en France depuis vingt-cinq ans. Agent de nettoyage polyvalent, il renouvelle chaque année son titre de séjour auprès de la préfecture de l'Isère. Mais en décembre 2023, lorsqu'il se présente auprès des services de l'État pour mettre ses papiers à jour, l'agent qui le reçoit exige une "autorisation de travail".

"On m'a dit : 'Soit vous avez cette approbation et on vous délivre le récépissé, soit vous ne l'avez pas et on ne peut rien vous donner'", explique Mohamed. En cause, une nouvelle directive de l'État, qui exige des travailleurs étrangers ce document. Problème : son employeur estime que son contrat de travail est suffisant et refuse d'entamer les démarches pour demander cette autorisation de travail. L'homme de 54 ans vit dès lors dans la précarité. Sans travail et donc sans revenu.

"J'étais stupéfait, se souvient le quinquagénaire. Depuis 2015, je suis régularisé sans autorisation de travail, sans aucune contrainte, aucun problème, aucune difficulté. Je suis toujours à jour avec les services de l'État français. Normalement, quelqu'un qui a de l'ancienneté, on ne peut pas lui mettre des bâtons dans les roues. La préfecture devrait faire un geste."

Titulaire d'un DEA en études anglophones, obtenu en 1999 à l'université Grenoble Alpes (anciennement Stendhal Grenoble-III), Mohammed Nrabet a longtemps espéré obtenir un poste de traducteur. Toutes ses candidatures se sont soldées par un refus ou une absence de réponse. "Malgré les diplômes que j'ai obtenus, ce n'était pas possible de travailler dans les autres administrations."

"Je ne suis jamais resté les bras croisés"
Il s'est alors tourné vers "le secteur du nettoyage". "Je ne suis jamais resté les bras croisés. J'ai travaillé en tant qu'agent de propreté polyvalent." Même "pendant l'état d'urgence sanitaire". En juillet 2022, l'homme accepte un poste d'agent de service hospitalier. Lors d'un rendez-vous avec la préfecture, le 30 août de la même année, il dépose une demande de carte de résident, d'une durée de dix ans, en vertu d'un accord bilatéral franco-marocain, signé en 1987.

Il obtient finalement un titre d'un an. "Ça m'a mis en colère." La préfecture promet de vérifier s'il s'agit d'une erreur. En décembre 2023, sans nouvelles du service public, Mohammed Nrabet découvre qu'il n'est plus régularisé. "Depuis quatre mois, je n'ai pas de revenu, je galère, je subis des souffrances quotidiennes. Sans autorisation de travail, je ne peux pas travailler."

L'homme a bien tenté de discuter de son cas avec la préfecture. En vain. "Ils m'ont dit : 'C'est la réglementation'. Un homme à 54 ans, on ne peut pas lui mettre des complications, on doit pouvoir le laisser vivre normalement et dignement sur le territoire."

Contactée, la préfecture de l'Isère n'a pas souhaité s'exprimer.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

26 - Janvier - 2023

Mbour : Une femme exhume un garçon de 2 ans, l’ampute d’un bras et tente de brûler le corps avec de l’essence

L’horreur a eu lieu au cimetière Tefess de Mbour. Munie d’une bouteille d’essence, une femme s’est nuitamment introduite dans le cimetière, exhume le corps...

26 - Janvier - 2023

Accident de Sakkal : Le propriétaire du Bus envoyé en prison

Le propriétaire du bus impliqué dans l’accident de Sakal, qui a fait 22 morts et plus d’une vingtaine de blessés, a été envoyé en prison....

26 - Janvier - 2023

Mac de Mbour : Le fils du journaliste de la Sentv parmi les évadés

Mamadou Moustapha Diop, 22 ans, mêlé dans l’affaire du meurtre d’une Franco-Sénégalaise à Somone, a réussi à s’évader de la...

25 - Janvier - 2023

«IL N’Y A PAS DE JUSTICE INDÉPENDANTE AU SÉNÉGAL…», SEYDI GASSAMA DIXIT

Le débat autour de l’indépendance et l’impartialité de la justice au Sénégal fait couler beuacoup d’encre et de salive. Après Birahime...

25 - Janvier - 2023

MANTES-LA-JOLIE : « LA CENTRALE » DE LA DROGUE GEREE AU VAL-FOURRE DEPUIS LE SENEGAL, DEMANTELEE

« La Centrale ». Un mot – ou plutôt un site internet – qui parle à tout le monde. En 2-3 clics n’importe quel internaute peut rechercher sa voiture...