Une revue scientifique décèle les causes de la maladie mystérieuse qui avait affectait les pêcheurs en 2020 au Sénégal

25 - Février - 2025

Cinq ans après l’apparition de la maladie de peau dite mystérieuse qui a frappé 1.300 pêcheurs sénégalais entre novembre 2020 et décembre 2021, des scientifiques ont évoqué les causes dans une revue parue le 13 février dernier.

L’énigme a été résolue par un consortium scientifique international réunissant une quinzaine de laboratoires sénégalais, français, espagnol et singapourien. Même si des interrogations persistent.

À côté de la psychose née de la pandémie de Covid-19 avec son lot de morts, le Sénégal a été frappé, en novembre 2020, par une maladie de peau affectant des dizaines de pêcheurs. Il aura fallu cinq années d’investigations en mer et de recherches pour trouver l’origine de ces « dermatoses aiguës » : une microalgue marine, qui produit une biotoxine à des « niveaux élevés », selon les conclusions publiées le 13 février dans la revue scientifique Embo Molecular Medicine consultée par « Le Monde Afrique ». En effet, l’énigme a été résolue par un consortium scientifique international réunissant une quinzaine de laboratoires sénégalais, français, espagnol et singapourien. À l’époque, les premières analyses se concentraient sur des polluants chimiques, mais la piste est vite écartée. Des nappes brunâtres ont été aperçues au large de l’île de Gorée. Fausse alerte encore, rien d’anormal n’est détecté dans les eaux. Dans un pays où la pêche emploie 17% de la population, d’aucuns prennent l’extrême décision de ne plus acheter le poisson. « Des niveaux importants de phtalate (un groupe de produits chimiques) provenant de dérivés pétroliers étaient notés dans les filets de pêcheurs. Mais, dans la littérature scientifique, il n’y avait aucune concordance entre ces symptômes observés et les perturbateurs endocriniens liés aux phtalates », explique Patrice Brehmer de l’Institut de recherche pour le développement (Ird) contacté par « Le Monde Afrique ».

Si la « maladie mystérieuse des pêcheurs sénégalais » s’évapore à partir de janvier 2021, le mal revient, un an plus tard, « dans la même zone géographique, et à la même période », précise M. Brehmer. 1.300 pêcheurs sénégalais touchés Sans que les scientifiques parviennent à l’expliquer, la crise baisse en intensité. « Elle a touché, au total, 1.300 personnes au Sénégal entre novembre 2020 et décembre 2021 », souligne le journal français. De semaine en semaine, l’énigme suscite davantage l’intérêt des scientifiques. Ces derniers pointent le rôle clé joué par la toxine émise par la microalgue « Vulcanodinium rugosum en raison « d’un faisceau de présomptions fiables ».

Mais il reste à savoir « pourquoi ces toxines [sont] responsables de ces lésions cutanées », poursuit Philippe Hess, responsable de l’unité Physiologie et toxines des microalgues toxiques. De plus, des dermatologues de Toulouse, des scientifiques de Murcie en Espagne et de Singapour se joignent au jeu de piste autour de « Vulcanodinium rugosum ». En laboratoire, ils travaillent sur des cellules primaires pour comprendre la chaîne immunitaire ayant conduit à ces nécroses cutanées. C’est ainsi qu’ils dévoilent le rôle primordial d’un « capteur immunitaire, l’inflammasome Nlrp1 », à l’origine « d’un mécanisme de défense (…) provoquant ainsi les symptômes sévères constatés chez les pêcheurs », selon la revue. Cependant, les scientifiques n’ont pas trouvé de réponse à certaines interrogations. Pourquoi et comment cette microalgue s’est-elle développée en pleine mer au large de Dakar et Conakry, alors qu’elle était observée dans des baies comme à Cuba ? Est-ce la faute à l’intensification du transport maritime, notamment aux bateaux de pêche chinois observés à Cuba et le long du littoral ouest-africain ? L’enquête n’est pas encore tout à fait bouclée.

le soleil 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

01 - Août - 2024

Fièvre du Nil occidental : Les caractéristiques de cette maladie apparue à Kaffrine

L’affectation est transmise à l’homme par un moustique. Elle n’est pas mortelle et est, à 80%, asymptomatique. Dans les colonnes de L’Observateur, le...

01 - Août - 2024

Sénégal - Audits et rapports des corps de contrôle: vers des convocations et arrestations

L'Inspection générale d'Etat (Ige) est en passe de boucler la première vague des missions d'audit commanditées par le président de la République Bassirou...

01 - Août - 2024

Police: le Directeur de la Sécurité publique, Ibrahima DIOP, limogé

En juin 2023, les évènements qui ont éclaté à Dakar et sa banlieue ont fait plusieurs morts et des blessés. La police a été accablé...

31 - Juillet - 2024

Dérives dans les médias : « Notre gouvernement sera intransigeant… », annonce Ousmane Sonko

Face aux dérives sur les réseaux sociaux et dans les médias, le nouveau gouvernement ne restera pas les bras croisés. Ce mardi, le premier ministre Ousmane Sonko a...

31 - Juillet - 2024

Vol des 200 millions de francs: Les 9 policiers envoyés en prison

Le chef de la Brigade de recherches du commissariat de Zac Mbao et son équipe, impliqués dans une rocambolesque affaire de vol de 200 millions de francs CFA, viennent de passer leur...