Unir le Mali et non le punir

21 - Août - 2020

Il convient de saluer la position assez modérée du Sénégal dans la question des sanctions de la Cedeao contre le Mali. Certes, l’événement de mardi dernier mérite parfaitement le qualificatif de coup d’État militaire. Mais on peut aussi, à juste titre, l’appeler une révolution. Une mobilisation populaire ponctuée par l’intervention des soldats qui prennent le pouvoir seuls ou en association avec des civils, c’est ce qu’on appelle une révolution sous tous les cieux. Presque toutes les révolutions sont des coups d’État militaires mais l’inverse n’est pas vérifié. Par exemple, le renversement de la IVème République française par le général De Gaulle n’a rien eu d’une révolution populaire. Si le coup d’État militaire est condamnable au nom de la démocratie, la révolution, elle, est une manifestation directe de la volonté populaire.
Alors, inutile de se gargariser de mots. La révolution-coup d’État est le principal mécanisme permettant l’alternance au pouvoir dans l’histoire du Mali comme du Burkina voisin. Il en sera ainsi tant que l’objectivité et la crédibilité des processus électoraux ne seront pas assurées. Dans ces conditions, au-delà même des sanctions à lever le plus tôt possible, la Cedeao ne devrait pas s’interdire au Mali ce qu’elle avait parrainé au Burkina au moment de la chute de Compaoré. Elle devrait laisser le président Ibk aller se reposer et accompagner une transition aussi courte et consensuelle que possible vers des élections transparentes et une nouvelle gouvernance du Mali. Aider le Mali plutôt que de punir son peuple.
Aujourd’hui, les citoyens ouest-africains attendent de leurs chefs d’État non pas une intervention armée favorisant des affrontements fratricides, mais plutôt une mutualisation des capacités politiques et militaires pour éradiquer le terrorisme et recouvrer notre souveraineté sécuritaire. Ils ne veulent pas non plus de querelles intestines reflétant la proximité plus ou moins grande avec telle ou telle puissance extra-africaine. Ils veulent la coopération et une stratégie commune avec tous les États voisins, y compris l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie.
Quant au Mali et au Sénégal, le temps est peut-être venu d’oser tirer un bilan définitif de l’éphémère Fédération du Mali en vue de penser la refondation de notre patrie commune.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

22 - Juillet - 2024

DES OFFICIERS AUX SOLDATS DE PREMIERE CLASSE DE L'ARMEE MEXICAINE : LES APERISTES AUTHENTIQUES RESTERONT POUR GARDER LA VIEILLE MAISON (PAR ALIOU NDAO FALL)

Les activités politiques présentement au Sénégal, sont encore relatives non seulement à la défaite impossible du candidat de BBY, mais aussi à la...

22 - Juillet - 2024

DIPLOMATIE : FIN DE MISSION POUR EL HADJI MAGATTE SEYE, AMADOU DIALLO, SOULEYMANE JULES DIOP…

El Hadji Magatte Sèye, ambassadeur du Sénégal en France ; Amadou Diallo, consul général du Sénégal à Paris ; et Souleymane Jules Diop,...

19 - Juillet - 2024

Protocole du Cap Manuel-Report de la présidentielle : Cheikh Oumar Anne étale ses divergences avec Macky Sall et annonce son départ de l'Apr

Cheikh Oumar Anne a fait le grand déballage hier jeudi, lors de son passage à l'émission "L'invité MNF" sur la 7 TV. Ancien ministre de l’Enseignement...

19 - Juillet - 2024

Le Bassirou Diomaye Faye procède à de nombreuses nominations dans plusieurs départements ministériels

Les nominations se poursuivent. Le chef de l’Etat conformément à ses prérogatives constitutionnelles, a procédé mercredi 18 juillet lors du conseil des...

18 - Juillet - 2024

Aminata Touré : «L'opposition n'a qu'un seul programme, diviser Sonko et Diomaye »

Aminata Touré a vivement critiqué les partis de l'opposition pour leurs attaques contre les 100 premiers jours du président Bassirou Diomaye Faye au pouvoir. Lors d'une...