VIOLENCES DANS LE GUIDIMAKHA : LE MESSAGE D’ALERTE DE BIRAHIM CAMARA

10 - Octobre - 2020

Le vent de la violences qui souffle sur les terres de Guidimakha que partagent le Mali et la Mauritanie, lentement mais sûrement se dirige vers la Guinée Bissau, la Gambie et le Sénégal.

Chaque jour passe avec son lot de blessures morales, d'agressions physiques et de crimes odieux dans les villages et hameaux Soninke frappés par un virus communément appelé " Gambanakhou ou Gambanaxu " traduisible par égalitarisme.
Des familles entières ont vu leurs toits brûlés avant d'être chassées des villages.
Dépossédés de leurs champs , des pères offerts à la vindicte populaire ont été ligotés, frappés, torturés et attachés par les partisans de l'ordre ancien. Ordre ? Non.Désordre? Oui. Pour quel crime? Celui d'avoir osé prôner l'égalité en devoirs et en droits. Mais encore celui de prétendre à la liberté de gérer leur propre destin d'homme.
Au nom de quoi ? Au nom des droits humains les plus élémentaires proclamés plus de cinq siècles avant la déclaration des droits de l'homme et du citoyen en1789 par le serment du Mandé de 1222.
Cette charte mise en application par Soundiata Keita abolit l'esclavage, prescrit le respect de la vie humaine et défend le droit à la vie et les principes de non discrimination, d'égalité, de liberté, de justice, d'équité et de solidarité.
En effet, il est dit dans ce serment " qu'une vie est une vie.Une vie n'est pas plus respectable qu'une autre vie ; que l'esclavage n'est pas une bonne chose ; que nul ne placera le mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre ou le mettre à mort parce qu’il est fils d'esclave et enfin que chacun est libre de ses actes dans le respect des interdits de sa patrie ."
Le Mali oublieux cette déclaration historique, vient d'enterrer dans la précipitation quatre personnes sauvagement tuées et jetées dans des marigots par des assassins connus mais couverts par les autorités de ce pays en déliquescence.
En Mauritanie les castés avec la complicité des pouvoirs publics corrompus sont isolés par la seule volonté des chefferies traditionnelles, coutumières et religieuses qui font du Saint Coran et des Hadiths authentiques une interprétation et une lecture fallacieuse pour légitimer et privilégier la naissance comme unique élément héréditaire.
Le 31 octobre 2018 dans un article publié par Infos 15 .com, j'avais dénoncé le laxisme des Etats mauritanien et malien face à la montée de ce conflit qui sévit dans les villages au cœur de Guidimakha.
Ce qui est vrai dans ces deux pays où est méconnue la notion basique de l'état de droit, ne peut pas prospérer au Sénégal même si titillé par cette ignominie.
Le Sénégal est un Etat de droit , une démocratie et une République dotée d'une Constitution qui ne reconnaît aucun privilège exclusif lié à la naissance .
Dans les assemblées locales et nationales le principe de la citoyenneté prévaut dès lors que les dispositions constitutionnelles, législatives et réglementaires sont respectées.
Cette réalité est piétinée par certains leaders de partis politiques qui , sous le manteau du dialogue national en cours dans notre pays ou de la mouvance présidentielle, attisent les flammes de ce dangereux populisme dans les villages Soninké de la vallée du fleuve Sénégal.
Par conséquent, ces derniers doivent être poursuivis, dénoncés et traduits devant la justice pour atteinte à la sûreté de l'Etat, à l'intégrité territoriale et incitation à la haine.
Birahim Camara

 

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