13 Octobre : Célébration de la journée internationale de la réduction des risques de catastrophe.

12 - Octobre - 2020

Le monde va célébrer ce 13 Octobre 2020 la journée internationale de la réduction des risques de catastrophe. C’est donc cette occasion que nous saisissons pour évaluer l’Afrique de façon générale, celle au Sud du Sahara en particulier sur le niveau d’exécution de certaines recommandations issues de plusieurs rencontres. Ce qui permettra à chaque citoyen d’en tirer les conséquences en connaissance de cause.
Par le passé nous avons eu à publier un article relatif à la problématique de la gouvernance des risques au Sénégal en lien avec la gestion de la pandémie à Covid 19.
D’où venons-nous ?
Le Cadre de Sendai (14-18 Mars 2015) est l’instrument international de référence en matière de résilience des communautés et des nations faces aux catastrophes. Il a été adopté lors de la troisième conférence mondiale des Nations-Unies sur la réduction des risques de catastrophes.
Le cadre de Sendai est un accord volontaire de 15 ans, non contraignant, qui reconnaît que l’Etat a le rôle principal de réduire les risques de catastrophe, mais aussi que les responsabilités qui lui incombent doivent être partagées avec d’autres parties prenantes, notamment les autorités locales et le secteur privé. Le Cadre de Sendai vise à parvenir, au cours des 15 prochaines années, au résultat suivant :
la réduction substantielle des pertes et des risques liés aux catastrophes en termes de vies humaines, d’atteintes aux moyens de subsistance et à la santé des personnes, et d’atteintes aux biens économiques, physiques, sociaux, culturels et environnementaux des personnes, des entreprises, des collectivités et des pays.
Le Cadre de Sendai se définit à travers 7 objectifs et 4 actions prioritaires.
Les Objectifs
Une réduction substantielle de la mortalité globale liée aux catastrophes.
Une réduction substantielle du nombre de personnes touchées.
Une réduction des pertes économiques par rapport au PIB mondial.
Une réduction substantielle des dégâts causés aux infrastructures et de l’interruption des services de base.
Une augmentation du nombre de pays dotés de stratégies nationales et locales pour réduire les risques de catastrophe d’ici à 2020.
Un renforcement de la coopération internationale.
Un accès accru aux systèmes d’alerte précoce multirisques et aux informations et évaluations sur les risques de catastrophes.
Les actions prioritaires
Première action : Compréhension des risques de catastrophe : la gestion des risques de catastrophe devrait être fondée sur la compréhension des risques de catastrophe dans toutes leurs dimensions : la vulnérabilité, les capacités et l’exposition des personnes et des biens ,les caractéristiques des aléas et l’environnement .Ces connaissances peuvent être exploitées pour effectuer des évaluations des risques en prévision des catastrophes, prendre des mesures de prévention et d’atténuation et élaborer et mettre en œuvre des dispositifs.
Deuxième action : Renforcement de la gouvernance des risques de catastrophe afin de mieux les gérer : la gouvernance des risques de catastrophe, aux niveaux national, régional et mondial est nécessaire aux fins de la prévention, l’atténuation, la préparation, les interventions, du relèvement et de la remise en état. Un tel renforcement favorise la collaboration et les partenariats.
Troisièmes actions : Investissement dans la réduction des risques de catastrophe aux fins de la résilience : l’investissement public et privé dans la prévention et la réduction des risques de catastrophe au moyen de mesures structurelles et non structurelles revêt une importance essentielle pour le renforcement de la résilience économique, sociale, sanitaire, et culturelle des personnes, des collectivités, des pays et de leurs biens, et de la préservation de l’environnement.
Quatrième action: Renforcement de l’état de préparation aux catastrophes pour intervenir de manière efficace et « reconstruire en mieux » durant la phase de relèvement, de remise en état, et de reconstruction :l’accroissement constant des risques de catastrophe, concourent à nous faire prendre conscience de la nécessité d’un meilleur état de préparation à diverses interventions en cas de catastrophe, de prendre des mesures prévisionnelles, et de veiller à ce que des moyens soient en place aux fins des opérations de secours et de relèvement à tous les niveaux. L’expérience des catastrophes passées a montré que la phase de relèvement, de remise en état et de reconstruction doit être préparée en amont et qu’elle est une occasion cruciale de « reconstruire en mieux », notamment en intégrant la réduction des risques de catastrophes dans l’élaboration des mesures de développement.
Où en sommes-nous ? Dans l’immobilisme et l’inaction totale !
L’évaluation de la mise en œuvre du Cadre de Sendai en Afrique et particulièrement au Sud du Sahara, peut se faire en référence aux recommandations issues de la rencontre de Yaoundé ( ainsi que de celles de l’Ile Maurice(22-25 Novembre 2016) et de Tunis(9-13 Octobre 2018) où des délais précis ont été donnés pour chaque point du cadre de Sendai lors de la 7éme réunion de Groupe de Travail Africain élargi ( du 21 au 23 Juillet 2015). Ainsi, il avait été demandé à chaque Etat africain membre de l’Union Africaine ( ce qui à ce jour n’est pas fait de manière générale) :
de mettre en place la méthodologie normalisée fondée sur la science, les directives, les procédures et les outils d’évaluation et d’analyse des risques au plus tard en 2018.
de générer et diffuser des informations et des connaissances des risques pour la prise de décision, y compris pour les questions transfrontalières et interculturelles.
de mettre en place des mécanismes pour échanger les meilleures pratiques de la réduction des risques de catastrophes, les leçons tirées et les expériences entre les Etats membres en 2016.
de mettre en place le mécanisme de transfert de risque fonctionnel et le mécanisme de protection financière en 2018.
de veiller à ce que les gouvernements à partir de 2018 mettent en place des systèmes d’alerte multi risques pour une action rapide ou une réaction rapide.
que l’évaluation et l’analyse du risque soient bien prises en compte en perspective de la prise de décision en tenant compte de tous les risques probables au niveau du pays.
d’impliquer les collectivités locales à l’évaluation, l’analyse et la réponse à apporter aux risques.
d’élaborer des politiques, des stratégies, des plans, et un cadre juridique pour la réduction des risques de catastrophe en 2018.
aux gouvernements d’accompagner le niveau décentralisé de l’Etat en termes de pouvoirs et de ressources en vue de catalyser des actions au niveau local à partir de 2018.
au gouvernement de mettre en place un plan d’investissement dans la réduction des risques de catastrophe à partir de 2016.
Qu’au niveau local un programme de micro finance et de protection du revenu soit mis en œuvre à partir de 2020.
la mise en place ou le renforcement du centre de coordination d’urgence soit effectif à partir de 2018.
Qu’au niveau local les gouvernements mettent ou renforcent à partir de 2020, les mécanismes d’intervention multidisciplinaire.
La mise à jour de données statistiques relatives aux impacts des catastrophes au plan humain, économique, financier, environnemental…
Il est temps de nous rattraper au regard des enjeux liés à notre développement !
La revue des recommandations de Yaoundé associées aux conclusions des rencontres de L’Ile Maurice et de Tunis laissent apparaître beaucoup de lacunes dans la mise en œuvre du Cadre de Sendai en Afrique de façon générale.
Ce qui se lit à travers la récurrence des catastrophes avec leur lot de désolation, compromettant ainsi les différents efforts de développement tout en rendant incertain l’atteinte des Objectifs de développement durable.
Il est temps que la volonté politique se traduise en actions fécondes à la mesure de la légitime aspiration des peuples africains à un développement durable !
Monsieur Abdou Sané
Géographe –Environnementaliste.
Ancien député
Champion du Bureau des Nation Unies pour la réduction des risques de catastrophe.
Chevalier de l’Ordre International de la protection civile.
Président de l’Association Africaine pour la Promotion de la Réduction des Risques de Catastrophe.

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