41 morts dans deux villages dogons au Mali: l’ONU indexe les meurtriers…

20 - Juin - 2019

L’attaque lundi contre deux villages dogons du centre du Mali a été commise « par des éléments peuls » et a fait 41 morts, selon un bilan de l’ONU obtenu mercredi par l’AFP, alors que l’armée malienne renforçait sa présence dans les environs.

Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, et qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».

Les violences qui déchirent cette région depuis quatre ans ont culminé avec le massacre le 23 mars, attribué à des chasseurs dogons, de quelque 160 Peuls dans le village d’Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso.

Dernières cibles en date, les villages de Gangafani et de Yoro, près de la frontière burkinabè, ont été frappés lundi soir par des assaillants motorisés et très lourdement armés pour certains.

Commises « par des éléments peuls armés », ces attaques ont fait 41 morts, selon un document interne de l’ONU obtenu mercredi par l’AFP, alors que le gouvernement malien avait fait état d’un bilan de 38 morts et de « nombreux blessés ».

Selon la note de l’ONU, elles ont entrainé « le déplacement de 750 personnes » vers la localité voisine de Dinagourou, et d’autres vers le Burkina tout proche.

– Populations apeurées –

« Un contingent des forces de défense et de sécurité a été dépêché sur les lieux pour sécuriser les populations et leurs biens, et traquer les auteurs de ces attaques », a indiqué le gouvernement.

« C’est une bonne chose si ça se réalise », a réagi auprès de l’AFP un élu local, selon qui « les populations ont évidemment peur ».

Lors d’un déplacement dans le village dogon de Sobane Da, proche de Bandiagara, où une attaque le 9 juin avait fait 35 morts dont 24 enfants, le président Ibrahim Boubacar Keïta a notamment annoncé l’interdiction de la circulation des motos dans plusieurs localités de la zone.

Un fonctionnaire retraité habitant dans la région, Amidou Maïga, s’étonnait dès lors que les assaillants aient pu arriver « à plus de 100 motos » malgré ces restrictions.

Agent de sécurité à Bamako, Abdoulaye Goro a quant à lui été intercepté près des villages alors qu’il se rendait en camion aux funérailles de son père.

Selon lui, les assaillants ont accusé les habitants de ces deux villages d’avoir collaboré avec l’armée lors d’une opération au cours de laquelle de nombreux Peuls avaient été arrêtés.

– Embuscade –

« Ils ne cherchaient que les habitants de Yoro et Gangafani ». Ils les « identifiaient », puis « ils les ont tués devant nous, avec des fusils », a-t-il raconté à l’AFP. Il a évoqué une « vengeance ciblée », lui-même ayant pu repartir libre car natif d’une autre localité, a-t-il dit.

Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit.

Malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes dans le nord du Mali, des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques.

Dans la région de Tombouctou (nord), une patrouille est tombée mardi dans une embuscade. Cinq soldats maliens ont été tués, selon les informations de l’ONU, alors que les autorités avaient évoqué des « pertes humaines et matérielles », sans donner de bilan précis.

Depuis 2015, les violences se sont propagées du Nord vers le centre, voire parfois le Sud, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger.

Au Burkina, à Béléhédé, soit à une cinquantaine de kilomètres de Yoro, 17 personnes ont été tuées dans la nuit de mardi à mercredi lors d’une attaque jihadiste, a annoncé le ministre burkinabè de la Défense Chériff Sy.

Et au Niger, deux policiers avaient été tués et deux blessés mardi soir lors de l’attaque d’un poste de police à l’entrée de Niamey.

AFP

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

14 - Août - 2023

Parlement de la Cédéao : Les députés s'opposent à une intervention militaire au Niger

Réunis en session extraordinaire virtuelle sur la situation politique au Niger, samedi 12 août 2023, les députés de la Cédéao n’ont pas pu...

12 - Août - 2023

Alerte à la bombe à la Tour Eiffel : tous les visiteurs évacués, les démineurs de la police sont sur place

Panique sur le champ de Mars. Ce samedi, les visiteurs ont été évacués de la Tour Eiffel et de son parvis à Paris après une alerte à la bombe,...

12 - Août - 2023

Au moins six morts dans le naufrage d'une embarcation au large du Pas-de-Calais

Ce samedi 12 août, en tout début de matinée, le CROSS, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage Griz-Nez en France, a appris qu'une...

12 - Août - 2023

Un homme tué par balle devant une boîte de nuit à Marseille

Une nouvelle nuit sanglante à Marseille. Un homme d'une quarantaine d'années a été tué par balle dans la nuit de vendredi au samedi 12 août dans le 11e. La...

11 - Août - 2023

Adji Sarr exilée en Angleterre: L'ex-masseuse prend la fuite

S’il y a une compatriote qui est devenue tristement célèbre sous nos tropiques et que d’aucuns ne veulent même plus voir en peinture, c’est bien celle par qui...