68% des Sénégalais veulent le retour de la peine de mort (Afrobarometer)

29 - Septembre - 2021

La multiplication des meurtres barbares, gratuits et atroces ainsi que la délinquance extrême ont abouti à un sentiment généralisé d’insécurité. D’autant que plus de six Sénégalais sur 10 jugent « plutôt mal » ou « très mal » les performances du gouvernement dans la réduction de la criminalité. Une grande majorité des citoyens (68 %) est d’accord avec l’introduction de la peine de mort dans la Constitution. C’est le résultat de l’enquête de Afrobarometer publiée hier mardi 27 septembre.

Les Sénégalais veulent le retour de la peine de mort. Ce sentiment généralisé révélé par l’enquête d’Afrobarometer découlerait d’une croyance populaire selon laquelle l’Etat ne serait plus à même de prendre en charge la problématique de la peine de mort.

« Malgré le dispositif sécuritaire déployé nuit et jour sur le terrain et l’implantation des caméras de vidéosurveillance sur l’ensemble des zones sensibles, l’insécurité continue d’être observée par endroits, notamment dans le département de Pikine. L’effectif de la population carcérale reste en hausse, passant de 10.045 en 2017 à 11.014 en 2018, dont 241 mineurs. Les Sénégalais révèlent un sentiment d’insécurité dans leurs quartiers et, dans une moindre mesure, la crainte de subir un crime dans leurs propres maisons. Cette inquiétude est plus élevée chez les habitants en milieu rural, les moins instruits et les plus pauvres. A côté de ce sentiment d’insécurité, les citoyens déplorent l’inégalité devant la justice et l’impunité des officiels qui commettent des crimes » écrit Afrobarometer dans le résumé de son enquête consacrée au Sénégal.

Selon toujours cette étude, la majorité (63%) des Sénégalais s‘est sentie en insécurité dans les quartiers au moins une fois tandis que le tiers (32%) des citoyens craint de subir un crime dans les maisons durant les 12 derniers mois. Ce sentiment d’insécurité dans les quartiers est plus ressenti par les habitants en milieu rural (67 %), les plus pauvres (67 %), les moins instruits (67%) et les habitants de la zone Nord (74%). La peur de subir un crime dans la maison est plus élevée chez les femmes (34 %), les résidents en milieu rural (36 %), les moins instruits (40 %), les plus pauvres (42 %) et les habitants des zones Sud/Est (35 %) et Nord (47 %).

D’autres formes d’insécurité sont également signalées : violences psychologiques (13 %), harcèlement dans le lieu de travail (12 %), violences physiques (7 %), viols (3%) et autre violences sexuelles (3%).

Manque d’emplois des jeunes, la principale cause de la hausse de l’insécurité
Quatre Sénégalais sur 10 (40 %) pensent que le manque d’emploi des jeunes est la principale cause de la hausse de l’insécurité et de la délinquance. Un citoyen sur cinq soutient que l’accentuation de la pauvreté (21%) et le manque d’éducation et de discipline à la maison (20%) en sont les causes. Ce sentiment d’insécurité dans les quartiers suit une tendance haussière depuis 2014, passant de 43 % à 63 %, soit une augmentation de 20 points de pourcentage.

Cependant, la peur de subir un crime dans sa propre maison est restée plus stable, quoiqu’elle soit en légère hausse par rapport à 2017. Plus de six Sénégalais sur 10 (62 %) jugent « plutôt mal » ou « très mal » les performances du gouvernement dans la réduction de la criminalité. D’ailleurs, la grande majorité (68%) des citoyens est d’accord avec l’introduction de la peine de mort dans la Constitution.

Les citadins (65%) et les plus instruits (53 %) sont moins favorables à l’introduction de la peine de mort que les habitants du milieu rural (71%) et les moins instruits (69 %-72 %). Cependant, le soutien à l’introduction de la peine de mort est quasiment identique suivant le sexe, l’âge et le degré de pauvreté vécue.

La majorité des citoyens pensent que le gouvernement devrait pouvoir surveiller les communications privées (59 %) et empêcher les gens de se déplacer (57%) en cas de menaces de sécurité publique. Cependant, 54% s’accordent sur le fait que le gouvernement ne devrait jamais réguler ce qui se dit dans les lieux de culte.

La majorité (52 %) des Sénégalais pense que la création d’emplois pour les jeunes constitue le moyen le plus efficace pour lutter contre la délinquance et l’insécurité. Près d’un Sénégalais sur cinq (18 %) affirme que le rétablissement de la peine de mort pourrait résoudre le problème de l’insécurité. Afrobarometer est un réseau panafricain et non-partisan de recherche par sondage qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains, relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie. Il est basé à Accra au Ghana. Huit rounds d’enquêtes ont été réalisés dans un maximum de 39 pays depuis 1999. Les enquêtes du Round 8 en 2019/2021 couvrent 34 pays.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

24 - Octobre - 2024

Sénégal et Afreximbank : Khadim Ba de Locafrique encaisse 4 milliards 427 millions de FCFA de commissions grâce à Amadou Ba, ministre de l'Economie et des Finances à l'époque

En octobre 2016, une convention de crédit d’un montant de 98 383 500 000 FCFA avait été signée entre le Sénégal et Afreximbank pour soutenir les...

23 - Octobre - 2024

Sécurité maritime :Le Sénégal se dote d’un nouveau patrouilleur « le Cayor »

Après sa réception, il y a quelques mois, le patrouilleur de haute mer « Le Cayor » a été officiellement baptisé ce mardi 22 octobre par le chef de...

23 - Octobre - 2024

Législatives anticipées: Le ministère de l'intérieur interdit le port d'armes jusqu'au 17 décembre

Le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique a récemment publié un arrêté interdisant le port d'armes, de munitions et d'explosifs. Selon...

23 - Octobre - 2024

Reddition des comptes/levée provisoire des interdictions de sortie du territoire

Le 14 septembre 2024, Dakaractu avait fait état d’une liste de 200 personnalités qui auraient fait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire, au niveau des...

23 - Octobre - 2024

“Suicide” dans ses locaux: le ministère des Affaires étrangères donne sa version

Ce mardi, Ibrahima Ndiaye est mort d'une chute depuis le 17ème étage de l'immeuble Fahd. L’homme est présenté, sur les réseaux sociaux, comme étant...