A PROPOS D’OUSMANE SONKO (PAR MOMAR-SOKHNA DIOP)

27 - Août - 2022

En Afrique précoloniale, c’était le « Griot-Savant » qui avait la charge de faire l’éloge et la promotion des personnalités. Il en avait les prérogatives en raison de ses compétences avérées et de la pédagogie dont il avait le secret.
Je ne suis ni Griot ni Savant mais un simple citoyen chercheur-écrivain, attentif aux évènements, et qui essaye de les analyser, de les partager avec ses compatriotes afin de trouver, ensemble, des solutions efficaces.
Parler d’Ousmane Sonko relève de la gageure tant le personnage est complexe. Toutefois, au moment où le Sénégal traverse des périodes de profondes mutations,
tant politiques qu’économiques, tout observateur soucieux des affaires de la cité ne peut faire l’économie sur la trajectoire fulgurante de cet « autodidacte politique » qui s’est hissé, en un temps record, au premier rang de l’échiquier politique sénégalais.
En effet, il faut reconnaître, quand même, qu’Ousmane Sonko a du talent, beaucoup de talents et de qualités qui font l’unanimité. Son investissement dans la maitrise des dossiers publics a incontestablement élevé le niveau des débats au sein de l’Assemblée nationale.
Son engagement idéologique, en totale rupture avec les idéologies dominantes a suscité auprès de la jeunesse un regain d’intérêt pour la politique. La conscientisation des populations s’est beaucoup renforcée depuis son irruption dans le champ politique.
Les Sénégalais cherchent désormais à mieux comprendre le fonctionnement des institutions. Ils semblent trouver dans le discours de Sonko des explications cohérentes et convaincantes sur les causes persistantes de leur précarité, dont les prémices remontent aux années 60. Sa prééminence politique s’est constamment renforcée, comme le montrent ses scores aux trois dernières élections présidentielles, municipales et législatives.
Ousmane Sonko est « la révélation politique de cette décennie postcoloniale ». Il a révolutionné la manière de faire de la politique au Sénégal voire en Afrique. Il s’est imposé à l’opinion publique et internationale non pas par l’achat des consciences, mais par la profondeur de son offre politique et le leadership dont il est porteur.
En effet, il s’approprie et incarne cette vision endogène du développement, dans le prolongement des idées pionnières des infatigables militants panafricains comme Mamadou Dia, Cheikh-Anta Diop, Thomas Sankara, etc.
Les Sénégalais sont aujourd’hui conscients des richesses gigantesques de leurs pays et refusent la fatalité de la régression dans laquelle ils se trouvent.
Les Sénégalais veulent un Sénégal nouveau capable d’identifier ses ressources, de les mobiliser et de les exploiter pour tout simplement mieux vivre. Il s’agit de pouvoir accéder à une nourriture décente produite localement, d’accéder à des soins de santé de qualité, à une éducation pour le développement et non à une éducation aliénante comme c’est actuellement le cas. Il s’agit d’instaurer un projet de rupture, enraciné dans les valeurs sociales et culturelles du Sénégal, pour reprendre les propos de Mamadou DIA.
En vérité, les Sénégalais ont le choix entre deux visions : d’une part, celle du statu quo, c’est-à-dire de la continuité incarnée par les régimes qui se sont succédés depuis 1960, date des indépendances truquées octroyées aux pays africains ; et d’autre part, la vision de rupture qui ouvrent de nouveaux paradigmes économiques, politiques, diplomatiques, etc.
Il ne faut pas se tromper d’adversaire. L’adversaire du Sénégal est ce manque de courage politique et de patriotisme qui installe le pays dans la fatalité qui veut nous faire croire que tout est écrit d’avance et qui fait qu’aucun espoir de changement ne semble possible.
Le Sénégal, répétons-le, est un pays qui regorge d’importantes ressources dont l’exploitation ne saurait être déléguée. L’émergence ne se délègue pas. Elle se construit grâce à une mobilisation endogène de tous. Il faut s’y atteler ici et maintenant. Oui, le changement ne peut plus attendre, car la précarité a atteint des niveaux jamais égalés. Ce sont des recommandations allant dans ce sens que j’ai formulées dans mon ouvrage intitulé « Sénégal diagnostic d’un pays candidat à l’émergence » ouvrage qui s’appuie, en partie, sur le diagnostic des Assises nationales et qui démontre que l’émergence n’est ni un slogan ni un jeu. L’émergence est un enjeu.

Sources : L’Afrique noire précoloniale, Cheikh-Anta Diop, Editions Présence Africaine
Afrique le prix de la liberté, Mamadou DIA Edition l’Harmattan
Thomas Sankara parle, la révolution au Burkina Faso, Edition Pathfinder
Solutions, pour un Sénégal nouveau, Ousmane Sonko
Les Assises nationales du Sénégal, Editions l’Harmatan
Momar-Sokhna Diop, Sénégal diagnostic d’un pays candidat à l’émergence, Editions l’Harmattan

Momar-Sokhna DIOP : professeur d’économie-gestion Ecrivain à Paris

 

Commentaires
2 commentaires
Auteur : Posté le : 27/08/2022 à 23h06
(4/5)

Merci, pour cette pertinente analyse, vraiment l'Afrique a besoin de ses fils et filles pour son développement mais pas des étrangers.

Auteur : Posté le : 27/08/2022 à 22h29

Bravo ! Très belle plume et une grande conscience des enjeux futurs de notre Cher Sénégal… Merci Momar mon cher frère !
Bien à toi
François Ba…

Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

12 - Juin - 2023

Pastef dément les rumeurs de fuite d’Ousmane Sonko : « Aucune exfiltration motorisée »

Une mise au point qui tombe à point. Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a récemment...

11 - Juin - 2023

REPONSE A BENJELLOUN ET BIRAHIM CAMARA : « JE N'AI JAMAIS ORGANISE DES MANIFESTATIONS POLITIQUES SUBVERSIVES » AU CONSULAT MAIS, « JE VOUS ACCORDE LE DEFAUT DE LA MEMOIRE » (PAR AMADOU DIALLO)

Droit de réponse à mon oncle Aboubaker Bengelloune et à mon ami et grand frère Birahim Camara qui évoquent ma présence lors de deux actions il y a...

10 - Juin - 2023

LA DERIVE TOTALITAIRE S’ABAT SUR WALF

Ils n’aiment pas le Sénégal, ces va-t-en guerre ! Alors que le pays vient juste de sortir, épuisé, de 72 h d’émeutes mortelles (23 morts) qui ont mis...

10 - Juin - 2023

LE SENEGAL PEUT EN CONNAITRE DAVANTAGE DE MORTS SI LE PRESIDENT CONTINUE A VOLONTAIREMENT MAINTENIR LE " NI OUI NI NON " (BIRAHIM CAMARA)

A Jethro, Moise trouva refuge , y épousa Sephora , kouchie et nubienne sombre de peau et reçut les premiers articles de la LOI impersonnelle , générale , d'application...

09 - Juin - 2023

Sortie de crise : La proposition qu’Emmanuel Macron aurait faite à Macky Sall

Emmanuel Macron et Macky Sall se sont parlés, le 4 juin. Au menu des échanges le sommet pour un nouveau pacte financier mondial, sous les auspices de l’Élysée,...