AFFAIRE DES FAUX BILLETS : COMMENT LE POUVOIR A MANŒUVRE POUR SAUVER LE SOLDAT BOUGAZELLI

22 - Novembre - 2019

Seydina Fall Boughazelli, mis en cause dans l’affaire de faux billets, a été déféré aujourd’hui au parquet, à l'issue de sa garde à vue, a annoncé une source proche du dossier. Le député va être présenté au procureur de la République en même temps que ses présumés complices, en vue de l'ouverture d'une information judiciaire.
Mais avant d’en arriver là, les tenants du pouvoir tenté vainement de manœuvrer pour le sauver, selon le Témoin. Le journal renseigne le déjà ex-député Seydina Fall alias Bougazelli a bel et bien été démissionné par le pouvoir. Un pouvoir qui n’a pas ménagé sa peine pour, à défaut d’extirper cet élément central de l’Alliance Pour la République (APR) des griffes des gendarmes, à tout le moins essayer de lui sauver la face. Et se protéger lui-même en tant que pouvoir.
Le Témoin renseigne dès que la nouvelle de l’arrestation du député est tombée , des secteurs du pouvoir ont tenté de manœuvrer pour tirer le « frère » Bougazelli d’affaire. Hélas, quand les éléments du dossier leur ont été communiqués — notamment la vidéo de l’arrestation la main...dans le sac de faux billets de banque du tonitruant député ! —, les tenants du pouvoir compris que les carottes étaient cuites. Il n’était tout simplement pas possible, malgré la meilleure volonté du monde, d’éviter la prison au député de Guédiawaye.
Comme l’ont écrit fort justement nos confrères d’ « Enquête » dans leur édition d’hier, les gendarmes de la Section de Recherches, sachant qu’ils avaient affaire à un gros morceau du régime en place, avaient pris toutes leurs dispositions. Toutes leurs précautions aussi. C’est ainsi qu’ils ont filmé toute la scène de l’arrestation, notamment le moment où le député-voyou remettait à son complice la mallette remplie de faux billets. Pris la main dans le sac, il ne pouvait plus nier et nul ne pouvait plus voler à son cours au risque de se faire lyncher par l’opinion et les médias ! Il s’y ajoute qu’aussitôt après l’avoir conduit dans leurs locaux, à Colobane, les gendarmes ont tourné une deuxième vidéo au cours de laquelle ils ont étalé devant le propagandiste d’un troisième mandat du président de la République les preuves accablantes dont ils disposaient. On peut y voir le député écarquillant gros les yeux, mais aussi le visage décomposé. Après quoi, pour ne pas offrir la faille qui avait permis au chanteur Thione Seck — le non respect du Règlement numéro 5 de l’Uemoa relatif à la présence de l’avocat dès la garde à vue —, les pandores ont demandé à Bougazelli s’il avait un avocat. « Oui, Me Assane Dioma Ndiaye » a-t-il répondu. Joint par les pandores, le droit-de-l’hommiste, visiblement pas très chaud pour défendre un tel client surtout pour une telle cause, a demandé un temps de réflexion. Les défenseurs de Bougazelli au sein du pouvoir ont sauté sur l’occasion pour demander au procureur de le faire libérer sur convocation jusqu’au lendemain. Après quoi, le pouvoir lui-même a organisé la disparition de l’encombrant député ! Cette disparition, il la fallait pendant une durée de trois jours au moins pour faire dis- paraître la flagrance et tout ce qui s’y rattachait en termes de procédure. Pour cause, cela aurait fait mauvais effet de voir les gendarmes débouler à l’Assemblée nationale avec un « honorable » député du parti au pou- voir menottes au main pour perquisitionner son bureau ! Maintenant qu’il ne l’est plus, c’est autre chose...
Bougazelli planqué dans un lieu sûr — comme jadis Abdoulaye Baldé lorsque le procureur de la Crei Alioune Ndao avait voulu le faire arrêter —, , le pouvoir, en rap- port avec la présidence de l’Assemblée nationale, pouvait donc organiser la « démission » de Seydina Fall puis la reddition honorable...de l’ex-honorable.
Entretemps, et vu la gravité des faits — le trafic de fausse monnaie étrangère est considérée comme un crime —, même les plus chauds partisans du député de Guédiawaye au sein du pouvoir s’étaient fait à l’idée qu’il n’était pas possible de juger Bougazelli en flagrant délit comme un vulgaire voleur de poulets ou un fumeur de cornets de chanvre indien. Comme Thione Seck ou Ngaka Blin D, il fallait absolument qu’il se prépare à un long séjour à Rebeuss. Car, et c’est bien entendu, le tonitruant député de Guédiawaye et ex-simbkat Seydina Fall Bougazelli ne peut pas échapper au mandat de dépôt...

Lamine Sow avec Le Témoin

 

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

04 - Février - 2025

Est de la RDC : Le M23 annonce un cessez-le-feu à partir de ce mardi

Les rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars) sont-ils essoufflés ou veulent-ils changé de stratégie ? On en sait rien pour l'instant. Mais tyoujours est-il qu'ils ont...

04 - Février - 2025

Trois marins sénégalais enlevés par des pirates au Gabon

Selon la presse gabonaise reprise par le journal Les Echos, le chalutier Amerger 7, appartenant à la société Amerger, a été pris pour cible par des assaillants,...

03 - Février - 2025

Conflit à l’Est de la RDC : Le Président Diomaye Faye offre sa médiation

Le chef de l’État sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, s’inquiète du conflit qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo...

03 - Février - 2025

Ziguinchor : Un homme accuse Sonko d’avoir ruiné son entreprise et menace sa famille

La famille du Premier ministre, Ousmane Sonko, établie au quartier HLM Néma de Ziguinchor, a vécu une fin de journée mouvementée dimanche dernier. Un homme...

03 - Février - 2025

Exportation des titres fonciers : Mandat de dépôt requis contre Tahirou Sarr et mandat d'arrêt international contre Mamour Diallo

Le dossier judiciaire sur l’expropriation des titres fonciers n° 5058/NGA, 13833/NGA et 1838/NGA, au profit de la société Sofico, a été relancé par le...