AFFAIRE DES JOUETS CONTENANT DE L’ALCOOL : Les aveux sur Pv d’Houssam Khalil

21 - Décembre - 2020

Il est au centre de l’affaire dite des jouets contenant de l’alcool. Le 16 décembre dernier, Houssam Khalil, né le 10/08/2000 au Liban, était interrogé, sous le régime de la garde à vue, au commissariat de Rufisque qui a permis de casser la chaîne d’approvisionnement. Libération a pris connaissance de sa déposition.
Signalement de la Dst.
Le 14 décembre 2020, vers 13 heures, l’antenne locale de la Division de la surveillance du territoire (Dst, Renseignements) a saisi le commissariat de Rufisque à propos des vidéos circulant sur les réseaux sociaux et faisant état de la commercialisation de gadgets pour enfants- des pistolets factices- contenant un type de boisson qui serait impropre à la consommation. Les policiers sont immédiatement descendus dans une boutique qui vendait ces produits. En plus de l’arrestation du commerçant, ils emportent avec eux le stock en place avant que le commissaire Daouda Bodian n’envoie, le même jour, une réquisition au chef du service régional de Commerce de Dakar afin d’analyser le produit en cause. Le lendemain, le laboratoire d’analyse du ministère du Commerce conclue que «le liquide coloré présentant un goût sucré et un parfum fruité » contient de l’alcool avec une teneur de 6% (voir document).
«Je suis musulman… ».
L’enquête déclenchée allait permettre l’interpellation de Sylvie Dasilva qui fournissait certains commerçants mais, surtout, de Houssam Khalil né le 10/08/2000 au Liban et domicilié au Point E. Ce dernier, qui possède un dépôt à Cambérène, a importé le fameux produit au Sénégal. Sylvie Dasilva était une de ses clientes comme il l’a confirmé le 16 décembre, lors de son interrogatoire sous le régime de la garde à vue. «Je la connais dans le cadre de mon activité. C’est moi qui l’approvisionne en termes de marchandises. Après avoir passé une commande, elle prend son bénéfice et me reverse le capital. Je reconnais avoir vendu cette boisson à Sylvie et cette dernière l’a revendue sur le marché. Cette boisson m’a été envoyée depuis la Guinée par mon patron. Le dernier arrivage faisait 50 cartons que j’ai revendus en raison de 15.000 Fcfa, l’unité. Certainement, c’est sur ce lot, qu’elle en a revendu à ses clients. Cette boisson est envoyée au Sénégal au même titre que d’autres produits alimentaires», a confié Houssam Khalil.
«Cette boisson est envoyée au Sénégal au même titre que d’autres produits alimentaires ».
Lorsque les enquêteurs l’interrogent sur la présence d’alcool dans les gadgets, le mis en cause assure : «Je ne sais rien de ce produit. Ce n’est pas moi qui le fabrique. Je ne fais que le commercialiser. Je regrette que cela soit ainsi. Je suis musulman, si je le savais, je n’allais jamais le commercialiser. Je pensais que cette boisson était autorisée, sinon elle n’allait pas entrer au Sénégal car à chaque fois, la Douane demande la « Dipa», document délivré par les services de commerce, sinon le produit ne rentre pas. Effectivement, la dame Sylvie Dasilva m’a appelé hier après son audition pour me dire que la boisson aurait des problèmes. Elle m’a même envoyé via WhatsApp les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux. Cependant, je n’ai pas retiré le produit de mon magasin, comme vous le suspectez. En réalité, le stock était déjà fini. J’avais déjà tout vendu ».
«Je ne sais rien de ce produit ».
Interpellé sur le fameux Guinéen du nom de Bah qui lui aurait livré le produit, Houssam Khalil indique : «Je ne connais que son nom de famille. Il est de la Guinée Conakry. J’ai travaillé avec lui une seule fois lorsqu’il me livrait cette boisson, pour une quantité de 50 cartons. Je dois vous dire que le produit était venu sans aucun document (Dipa). Le susnommé a l’habitude de passer ses produits par la voie terrestre via la Gambie. D’ailleurs, c’est l’une des raisons pour lesquelles, j’ai arrêté de travailler avec lui. Actuellement, je n’ai plus les coordonnées de Bah. C’est difficile à croire mais c’est la vérité ». Il ajoute : «Il faut comprendre que dans notre milieu, je travaille avec plusieurs convoyeurs de marchandises établis dans divers pays. De ce fait, je ne peux pas connaître tout le monde. Surtout quelqu’un auprès de qui j’ai effectué une seule opération ».
« Pour les 50 cartons, j’ai payé 22.000 Fcfa l’unité. Chaque carton contient 600 blocs ».
Problème : lors de son audition, Sylvie Dasilva, avait dit aux policiers qu’elle s’approvisionnait chez Houssam Khalil, depuis cinq ans maintenant. « Je suis venu au Sénégal dans le courant de l’année 2019. Il y avait bien avant moi, un autre compatriote. Ce dernier est parti au Canada. Je l’ai remplacé à ce poste ».
Sur le coût du produit en cause, il précise encore : « Pour les 50 cartons, j’ai payé 22.000 Fcfa l’unité. Chaque carton contient 600 blocs. Je revends à la dame Sylvie Dasilva, le carton, à 22.500 Fcfa et elle l’écoule dans le marché à 23.500 Fcfa. Question : qui est le propriétaire du dépôt de Cambérène ? « C’est moi-même le propriétaire du dépôt. A la mort de mon père, j’ai reçu beaucoup d’argent dans la succession en tant que fils unique. Une fois au Sénégal, j’ai investi cet argent dans le domaine du commerce. A cet effet, j’ai créé une société dont je ne vous dirai pas le nom. J’attends de prendre un avocat pour vous communiquer le nom de ma société », lâche Houssam Khalil qui adoptera la même posture lorsqu’il a été interpellé sur ses comptes bancaires. Que cache-t-il ?
Libération quotidien

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