Affaire TELIKO : une grenade dégoupillée pour le régime

08 - Octobre - 2020

« L’état est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement »
L’affaire TELIKO est une grenade dégoupillée pour le régime (un monstre froid), qui a ouvert la boite de pandore qui risque de déboucher sur une crise institutionnelle, sans précédent : une opposition frontale entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire (voulue par l’exécutif) qui conduira inéluctablement Macky Sall à sa perte.
La décision du Ministre de la justice (via le Directeur des droits humains), de la tenue d’une conférence de presse, le vendredi 09 octobre 2020 à 10 heures sur l’affaire du juge TELIKO constitue un nouvel affront intolérable à la magistrature sénégalaise et une atteinte extrêmement grave au principe de la séparation des pouvoirs et à l’indépendance de la justice. Cette démarche inédite, en violation des textes, prouve que le pouvoir perd pied, et est totalement dépassé par la tournure des événements.
La Direction des droits humains est sous l’autorité du ministre de la justice, garde des sceaux. Par conséquent, le Directeur des droits humains n’a aucune qualité pour se prononcer sur une procédure disciplinaire en cours, qui concerne un magistrat : ni via un communiqué de presse, ni via une conférence de presse (ne relève pas de sa sphère de compétence). En effet, s’agissant d’une procédure disciplinaire, le rôle du Ministre de la justice est strictement encadré par les textes et se limite à la transmission du dossier d’enquête de l’IGAJ (inspection générale d’administration de le justice) au Conseil supérieur de la magistrature.
Art. 11 de la Loi organique n° 2017-11 du 17 janvier 2017 portant organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la Magistrature : « Le ministre de la Justice dénonce au Conseil supérieur de la Magistrature les faits motivant la poursuite disciplinaire ». Un point, c’est tout.
Aucun service (à fortiori aucune direction du ministère de la justice) n’est habilité à tenir un point de presse sur la procédure disciplinaire, dont fait l’objet le juge TELIKO. Les termes du communiqué de la Cour suprême du 07 octobre 2020 sont extrêmement clairs : « le pouvoir de discipline est du ressort exclusif du conseil supérieur de la magistrature composée exclusivement de magistrats…Le ministre de la justice ne dispose d’aucun pouvoir disciplinaire pour décider du sort d’un magistrat ». En décidant d’organiser une conférence de presse, sur l’affaire TELIKO, après que la Cour suprême ait publié un communiqué, le ministre de la justice sème le désordre et les germes du chaos judiciaire, dont il ne sortira pas indemne. Cette conférence de presse (une propagande du régime qui a perdu la bataille de l’opinion et qui cherche à se justifier) doit être annulée, sans délai. Dans le cas contraire, tout ce que le Directeur des droits humains dira au sujet de la procédure disciplinaire concernant l’affaire TELIKO sera retenu contre lui, car il n’a aucune qualité pour se prononcer publiquement sur une affaire dont il n’a pas à connaître.
Le 1er Président de la Cour suprême (Cheikh Tidiane Coulibaly) qui préside le Conseil supérieur de la magistrature, en formation disciplinaire a réagi sur cette affaire. Nous ne nous épancherons pas sur les termes du communiqué de la cour suprême. Au-delà des mots, tous les citoyens sénégalais épris de justice attendent des actes. La preuve de l’indépendance de la justice passe par l’abandon total de la procédure inique à l’encontre du Juge TELIKO (une convocation serait ridicule). Ni plus, ni moins.
Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

01 - Juin - 2023

Situation à Ziguinchor ce jeudi matin: Des jeunes manifestants ont mis le feu dans plusieurs quartiers de la ville

Avant même le verdict du procès Ousmane Sonko-Adji Sarr tant attendu ce jeudi au Sénégal, la tension est déjà montée à Ziguinchor. Des...

01 - Juin - 2023

Les nouvelles du palais de justice avant le verdict du procès Adji Sarr-Ousmane Sonko

Le verdict du procès opposant Ousmane Sonko à Adji Sarr qui sera prononcé par le juge Issa Ndiaye devrait tomber d’un moment à l’autre. Déjà,...

01 - Juin - 2023

Ousmane Sonko condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse

Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de jeunesse, ce jeudi, par la chambre criminelle. Il est acquitté pour viol et menaces de...

01 - Juin - 2023

Ndèye Khady Ndiaye condamnée à deux de prison ferme, elle aussi

Ndeye Khady Ndiaye, la patronne de Sweet Beauty a été, elle aussi, condamnée à deux ans de prison ferme pour Incitation à la débauche. Elle doit...

01 - Juin - 2023

La réaction de Me. Bamba Cissé, l'un des avocats de Sonko, après le verdict

Un des avocats de Ousmane Sonko, Me Bamba Cissé a livré ses premiers sentiments, après le verdict du procès de viols, qui opposait son client à Adji Sarr....