ALIOUNE TINE SUR LE DÉCÈS DE HABRÉ : ’’C’EST DOMMAGE QUE NOTRE ALERTE N’AIT PAS ÉTÉ ENTENDUE"

24 - Août - 2021

Le militant sénégalais des droits de l’Homme Alioune Tine, réagissant à l’annonce du décès de l’ancien président tchadien Hissein Habré a fait part de sa tristesse et déploré que "l’alerte’’ de son épouse et de certaines organisations relativement au danger lié à son incarcération en temps de Covid-19 n’ait pas été entendue.

"Je suis triste de cette nouvelle et triste que l’alerte de sa femme et la réaction de quelques organisations de droits humains n’aient pas été entendues par la justice", a déploré Alioune Tine dans un entretien avec l’APS.

Le 23 août, Fatime Raymonde Habré, son épouse, avait confirmé par communiqué que l’ancien président avait été contaminé par le Covid-19, ajoutant que des moyens avaient été mobilisés pour diligenter ses soins, dans un hôpital public sénégalais disposant d’un "plateau technique de qualité à même de traiter un cas aussi sérieux".

En exil depuis sa chute fin 1990, Hissein Habré avait été jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et condamné à la prison à la perpétuité par les Chambres extraordinaires africaines (CAE), en 2016 – sentence confirmée en appel l’année suivante.

Il était surveillé 24 heures sur 24 par deux gardes de Cap Manuel, prison dakaroise où il était incarcéré et avait commencé à purger sa peine.

En avril 2020, il avait bénéficié d’une autorisation de sortie provisoire de deux mois dans le contexte de la pandémie de coronavirus. Il avait alors rejoint son domicile dakarois, en résidence surveillée.

Une nouvelle demande avait été déposée par son entourage en avril dernier, mais cette demande de liberté provisoire avait été rejetée, les services compétents jugeant que les risques médicaux encourus ne le justifiaient pas.

Début juillet, sa famille avait demandé à la justice sénégalaise de lui accorder une permission à cause de la résurgence du COVID-19 dans le pays.

Alioune Tine, qui s’était battu en son temps pour que Habré soit jugé, avait lui souhaité qu’il puisse bénéficier d’une permission.

"Ce que je regarde, c’est le détenu et ses droits, pas le dictateur. C’est une personne vulnérable, il n’a pas encore été vacciné. Il a fait huit ans en prison, il est compréhensible qu’en période de Ramadan, on puisse lui permettre de rentrer chez lui. C’est presque une raison humanitaire !", déclarait-il.

Alioune Tine, au-delà du cas Habré, demande à l’Etat d’ouvrir une enquête sur les circonstances dans lesquelles les détenus vivent avec la COVID-19.

"L’Etat sénégalais doit ouvrir une enquête sur les circonstances de l’existence de la COVID-19 en prison", a-t-il dit.

Pour le président fondateur du think tank AfrikaJom Center, "il faut désormais envisager de vacciner les détenus qui ont droit à la santé et à la vie et ceux qui ont l’âge et les vulnérabilités de Habré".

"Il faut envisager des mesures spécifiques pour leur protection. La justice elle doit être égale pour tous", a fait valoir l’ancien responsable de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO).

Il a insisté sur la nécessité de protéger les droits des détenus reconnus dans la Constitution.
aps

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

15 - Novembre - 2024

Décès de Moustapha Ba : Une enquête française avance l’hypothèse d’un suicide de l’ancien ministre

Selon le site Africa Intelligence, visité par Senego, les autorités françaises ont conclu que l’ancien ministre sénégalais de l’Économie et...

15 - Novembre - 2024

Violences politiques à Saint-Louis : 81 personnes seront jugées en flagrant délit le 2 décembre

Les 81 personnes arrêtées à la suite de violences ayant émaillé le passage de la caravane d’une coalition d’opposants à Saint-Louis vont...

15 - Novembre - 2024

L’ASER renégocie et obtient un Contrat qui d'électrifier 1 000 villages avec SAGEMCOM

L’Agence Sénégalaise d’Electrification Rurale, annonce ce jeudi la signature d’un protocole d’accord entre l’ASER et SAGEMCOM. Ce 13 novembre 2024,...

14 - Novembre - 2024

Plus de 300 passeurs sénégalais emprisonnés au Maroc : Boubacar Seye demande la clémence du roi Mohammed VI

Plus de 300 Sénégalais purgeant des peines de prison, certaines allant jusqu’à dix ans ou plus, croupissent dans les geôles marocaines. La plupart de ces...

14 - Novembre - 2024

Législatives : La circulation inter-régions interdite du samedi à minuit au dimanche à minuit (arrêté)

La circulation de région à région est interdite sur l’ensemble du territoire national du samedi à minuit au dimanche, jour du scrutin législatif, a...