Amadou Chérif Diouf pour une migration “choisie” et un partenariat “équitable” entre l’Afrique et l’Europe
Le secrétaire d’État aux Sénégalais de l’extérieur, Amadou Chérif Diouf, a réaffirmé, jeudi, l’engagement du Sénégal à faire de la migration un choix et non une contrainte, appelant à un changement de paradigme dans les relations entre l’Afrique et l’Europe.
“Notre pays s’engage à œuvrer pour créer des conditions favorables au développement économique et à la stabilité politique, afin que les populations n’aient pas à migrer par désespoir, mais plutôt par choix”, a-t-il déclaré lors d’un colloque international sur la migration, ouvert le même jour à Dakar.
La ministre de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et de la Migration du royaume d’Espagne, Elma Saiz Delgado, prend part à ce colloque prévu pour deux jours.
Amadou Chérif Diouf a insisté, à cette occasion, sur la nécessité de transformer la migration en opportunité de développement.
“La migration doit être vue comme un atout pour nos deux continents. Elle représente un pont de solidarité, de partage et d’opportunités entre l’Europe et l’Afrique”, a-t-il dit.
Pour y parvenir, il a mis en avant trois axes prioritaires portant notamment sur la mise en place de partenariats “justes” entre pays d’origine et de destination. Il a également évoqué une “meilleure intégration” des migrants dans les sociétés d’accueil et la mise en œuvre de politiques de développement “inclusives” et “durables” pour réduire les migrations contraintes.
“Les politiques migratoires en Europe doivent être repensées pour offrir une véritable protection et des conditions de vie dignes aux migrants”, a-t-il insisté.
Cette ambition, a-t-il rappelé, s’inscrit dans la vision du président sénégalais Bassirou Diomaye Diakhar Faye, consistant à promouvoir un “Sénégal souverain, juste et prospère”, avec une économie reposant sur l’agriculture, l’industrie et une finance au service du développement.
M. Diouf a également rappelé les conséquences dramatiques de l’émigration irrégulière, marquée par des pertes en vies humaines, la vulnérabilité des migrants et la montée de la xénophobie dans de nombreux pays d’accueil.
Il a relevé la baisse de l’activité économique dans les pays de destination, qui aggrave la précarisation des migrants dans un contexte de populisme et de rejet des étrangers.
Il est revenu sur les mécanismes mis en place par le gouvernement sénégalais pour encadrer la migration avec l’élection de députés de la diaspora siégeant à l’Assemblée nationale et la création de Bureaux d’accueil, d’orientation et de suivi (BAOS).
Ces initiatives, conjuguées au lancement du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), visent selon lui à surmonter les difficultés enregistrés dans ce domaine .
Le secrétaire d’État aux Sénégalais de l’extérieur a également salué les efforts de coopération Sud-Sud, notamment à travers le projet de migration circulaire avec l’Espagne, considéré comme un exemple de gestion concertée réussie.
Selon lui, la migration doit être perçue non comme une fatalité, mais comme un atout stratégique dans les relations entre l’Europe et l’Afrique.
Il a réitéré l’importance de partenariats équitables, d’une intégration respectueuse des migrants et de politiques durables et inclusives pour faire de la migration un véritable vecteur de progrès.
Mi-mars, une première cohorte de 17 bénéficiaires dont 9 femmes du programme de migration circulaire entre le Sénégal et l’Espagne s’est envolée pour ce pays européen.
Selon les termes de l’accord liant les deux pays, ces ouvriers agricoles vont séjourner pour une durée de trois mois en Espagne, où ils seront employés comme saisonniers.
“Au total, nous avons 370 bénéficiaires, en plus des 150 autres que nous devons sélectionner”, avait indiqué Amadou Chérif Diouf lors d’une cérémonie organisée à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass où ses saisonniers avaient embarqué pour l’Espagne.
Le secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur avait assuré que “le processus va se poursuivre”.