Bassirou Diomaye Faye : premiers pas, premières incertitudes (par Ibrahima Thiam)
Le 31 décembre, le président Bassirou Diomaye Faye a prononcé son premier discours à la nation. Un moment marquant, mais aussi un exercice où, comme souvent lors des premières fois, la maîtrise n’était pas totalement au rendez-vous. Entre promesses ambitieuses et zones d’ombre, il a esquissé les grandes lignes de son mandat, mais sans offrir de détails suffisamment clairs pour qu’on puisse réellement juger de la concrétisation de ses propos.
Il a d’abord annoncé la réforme des partis politiques sous le terme de “mise en conformité”. Autrement dit, un grand ménage dans le paysage politique pour ne conserver que les partis “alignés”. Ce tri sélectif fait penser à un contrôleur qui décide qui peut monter dans le train et qui doit rester sur le quai. L’idée de rationaliser, pourquoi pas, mais la question demeure : à quoi ressemblera la démocratie quand seuls les partis en règle seront autorisés à exister ? Une rationalisation ou une petite purge ? Cela dépend du point de vue.
Puis est venue la question de la lutte contre la corruption, ce fléau profondément ancré dans la société. Le président a promis d’être “implacable”, et sa volonté ne fait aucun doute. Le problème, c’est que la corruption est un peu comme un virus invisible : elle s’infiltre partout, souvent là où on l’attend le moins. Mais une lueur d’espoir se profile : les déclarations de patrimoine pour les fonctionnaires et élus. Une mesure qui pourrait enfin apporter de la transparence. Toutefois, attention, si ces déclarations finissent simplement dans un tiroir, leur impact sera aussi nul que si elles n’avaient jamais existé. Si elles sont rendues publiques, en revanche, cela pourrait constituer un véritable tournant dans la lutte contre la corruption.
Il a également parlé d’une réforme de la fonction publique, avec un appel à candidatures. Toutefois, petit détail : toutes les directions ont déjà été attribuées à des membres de son propre parti et à ses alliés. Du coup, la question qui se pose est : quel poste reste-t-il à pourvoir ? Une réforme transparente, certes, mais on a l’impression d’un casting où tous les rôles ont déjà été distribués avant même l’audition. Un peu comme dire à un enfant qu’il peut choisir un jouet, mais en réalité, tout a déjà été pris.
Enfin, le Plan Diomaye Casamance, censé être une révolution pour la région, a été présenté comme un projet ambitieux. Mais là encore, l’ombre du flou est restée, avec des promesses de transformation mais sans véritablement de détails. C’est un peu comme une bande-annonce de film qui vend du rêve, sans nous dévoiler ce qui va réellement se passer.
En somme, ce discours a été une bonne introduction, mais pas encore un véritable chef-d’œuvre. Il y a de l’ambition, de bonnes intentions, mais aussi des zones d’ombre qui mériteraient d’être éclaircies. Espérons que 2025 nous réserve des annonces plus concrètes et, surtout, plus transparentes ! En attendant, bonne année à tous, et pour ceux qui ne sont pas encore “en conformité”, bonne chance pour la suite !
Ibrahima Thiam, Président du mouvement Un Autre Avenir