Boffa Bayotte : Les incohérences de l’enquête et l’absence de preuves accablent la gendarmerie
Après l’affaire des e-mails truqués, de nouvelles incohérences émergent dans le dossier de l’affaire Boffa Bayotte. Jusqu’à présent, personne n’a été arrêté pour cette affaire, mais plusieurs ont été diabolisés. Finalement, seulement deux personnes ont été condamnées, tandis que plus d'une dizaine ont été acquittées.
Premièrement, parmi les personnes arrêtées se trouvait Seyni Sané, âgé de 80 ans, le chef du village de Toubacouta. Il était accusé d'avoir participé à une réunion contre les coupeurs de bois. Cependant, en réalité, il n’avait pas mis les pieds dans ce village depuis plus de 30 ans pour des raisons de sécurité. Dans leur traque impitoyable, le vieil homme a été emprisonné et est décédé en détention.
Deuxièmement, contrairement aux informations largement diffusées par la presse entre 2018 et 2024, la gendarmerie ne s'est jamais rendue sur les lieux du crime pour constater les corps ou les extraire. Cette même presse a même utilisé des photos prétendument prises sur les lieux, mais les vérifications de exckusif.net ont révélé que ces images provenaient d’Ituri et de Beni, dans le Nord-Kivu en République Démocratique du Congo, et datent de 2014. Invité par nos confrères de GMS TV, le journaliste Babacar Touré a confirmé que les gendarmes ne s’étaient pas rendus sur les lieux du crime. "Ce que nous avons constaté dans cette affaire, c’est que la gendarmerie, sous la direction du Lieutenant Colonel Issa Diack, n'a pas effectué de déplacement sur les lieux pour constater les faits. Dans ce cas, il est difficile de parler d’enquête. Ce que la gendarmerie a fait, c’est aller dans un village où les habitants étaient démunis et sans défense pour les arrêter et les emprisonner sans preuve", déplore le journaliste.
Pour lui, "ce procès devrait être basé sur des preuves et non sur des suppositions. Or, dans cette affaire, aucune arme de guerre n’a été saisie, ni aucun élément de preuve contre René Capain Bassène et ses supposés complices. À l’annonce du crime, la gendarmerie aurait dû se rendre sur les lieux avant d’informer le procureur. Elle ne l’a pas fait et ne connaît même pas le site supposé du crime. Les militaires n’ont pas non plus mis les pieds sur les lieux du crime. Ce n’est pas les gendarmes qui ont récupéré les corps, mais le chef du village de Toubacouta, Dasylva, et ses parents, qui ont utilisé des charrettes pour transporter les corps", révèle Babacar Touré. Le journaliste déplore ainsi le fait que les gendarmes n'aient pas effectué les premiers constats sur les lieux du crime.