« C’EST UN VERITABLE SYSTEME DE DETOURNEMENT DE FONDS QUI A ETE MIS EN PLACE » : L’AVOCAT DE L’IAAF CHARGE MASSATA DIACK & CIE
Hier mercredi, devant la cour d’appel de Paris, a débuté les plaidoiries des parties civiles dans l’affaire du scandale du dopage russe. Le moins qu’on puisse dire est que Me Régis BERGONZI, l’avocat de la fédération internationale d’athlétisme, n’a pas été tendre avec mis en cause.
Il dégage l’air du gendre idéal, un homme qui ne ferait pas de mal à une mouche. Mais comme on le dit à juste raison, l’apparence est souvent trompeuse. Car Me Régis BERGONZI, avocat de IAAF, est un franc-tireur, un avocat qui choisit méticuleusement ses munitions, c’est-à-dire ses mots, pour porter l’estocade. Ainsi pendant presque 90 mn, il va tenter de démontrer la culpabilité des mis en cause. Lamine Diack, Papa Massata Diack, Habib Cissé, notamment.
Lamine Diack est décédé, « mais on a encore deux acteurs majeurs de cette affaire, en particulier Papa Massata Diack », cogne l’avocat.
Papa Massata Diack est « le grand gagnant de cette affaire. Il est avachi sur plusieurs dizaine de millions d’euros », à Dakar. Pour le moment, déplore l’avocat, il est protégé par son pays, mais jusqu’à quand, semble-t-il s’interroger ?
Dans une élocution soignée, l’avocat de l’IAAF ajoute : « C’est un véritable système de détournement de fonds qui a été mis en place ». Pour lui, l’affaire du dopage des athlètes russes n’est que la face visible de l’iceberg. « Le fils, (c’est-à-dire Massata Diack) travaillait pour le père » et le « père favorisait le fils avec des cascades de contrats », déplore-t-il.
Autre preuve de détournement supposé : à la veille de leur départ de la fédération internationale d’athlétisme, Lamine Diack et son équipe ont signé des contrats « pourris » qui courent jusqu’en 2029.
Me Régis BERGONZI n’a pas aussi ménagé les autorités sénégalaises dans sa plaidoirie. L’air dépité, il affirme que le Sénégal s’est arc-bouter sur sa position en refusant la moindre coopération judiciaire avec la France dans cette affaire, ce qui est regrettable, juge-t-il.
Pour lui, l’attitude de la justice voire des autorités sénégalaises se comprend. Lors que vous faites élire un président de la république et un maire de Dakar, vous pouvez avoir des soutiens de taille dans le pays. Pape Massata Diack bénéficie donc de ce soutien, estime l’avocat.
Me Régis BERGONZI faisait allusion à des propos prêtés à Lamine Diack. Lequel aurait avoué que des fonds russes avaient été récoltés pour financer la campagne présidentielle Macky Sall, en 2012. Et celle de Khalifa Sall, en 2009, lors des municipales.
Ce jeudi, place au réquisitoire du procureur et aux plaidoiries de la défense.
Cheikh Sidou SYLLA