Commémoration du M23 : "Aujourd’hui, le mouvement n’est qu’une ombre et ça se comprend" (Alioune Tine)

23 - Juin - 2020

23 juin 2011-23 juin 2020 ! Voilà neuf ans que le M23, ce vaste mouvement populaire, né de la volonté de l’ancien président Abdoulaye Wade d’instaurer un ticket présidentiel, a vu le jour. L’on se rappelle des manifestations devant l’Assemblée nationale, dans les rues de la capitale sénégalaise et à l’intérieur du pays qui ont fortement contribué à la chute de l’ancien président Wade. À l’occasion de sa commémoration, l’ancien président de la Raddho et du Comité sénégalais des droits de l’homme, Alioune Tine, revient sur l’évolution du M23, dans un entretien avec L’AS.

« Avec la formation du gouvernement et les réalités et aléas de la vie politico-administrative, des fissures et des ruptures sont vite apparus. Aujourd’hui, le M23 n’est qu’une ombre et ça se comprend. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et le contexte politique a également évolué », a déclaré Alioune Tine, d’entrée.

Pour M. Tine, la pandémie de Covid-19 a dévoilé les failles profondes des systèmes politiques de la planète. « Ce qu’on appelle l’effet pangolin avec la pandémie de Covid-19 est pire que la crise de 1929. Avec les effets de la pandémie et de l’assassinat de George Floyd, on aborde un tournant et une bifurcation importante de la planète et il suffit de s’y préparer », a-t-il avancé.

Sur la question de savoir s’il y a une grande différence entre Wade et Macky, M. Tine estime que non. « Depuis Diouf, de mon point de vue, il n’y a manifestement pas de discontinuité en politique ni au Sénégal, ni ailleurs. Comme dit l’autre, aucun Etat n’est biologiquement immunisé sur les pathologies de la démocratie», dixit-il.

M. Tine ne s’est pas arrêté sur l’évaluation du M23, il a aussi abordé les questions d’actualité notamment l’affaire Abdou Karim Guèye alias Xrum Xax et la sécurité au sud du Sénégal.

Le fondateur du Think Tank, est d’avis que « Libérer Karim Xrum Xax serait une décision salutaire, la liberté d’expression est constitutionnalisée au Sénégal. On ne peut mettre quelqu’un en prison pour ça. Tous les acteurs de la justice s’accordent à reconnaître la nécessité de réformer la justice », a-t-il soutenu.

S’agissant de la Casamance, Alioune Tine est d’avis que « tant qu’on n’aura pas réussi le désarmement et la réintégration sociale de ce qui reste des combattants, ce sera difficile d’éviter ce qui se passe. Les gens, profitant de la guerre, ouvrent des routes pour des trafics de toutes sortes ; ici, c’est le bois avec la déforestation scandaleuse de la Casamance», a-t-il conclu.

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