Convocation du juge Téliko: Me Assane Dioma Ndiaye dénonce une démarche de restriction des libertés des magistrats de la part de l’Etat !

01 - Octobre - 2020

​« C’est une volonté de musellement ». Telle est la position du président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), l’avocat Maître Assane Dioma Ndiaye, sur la convocation du président de l’Union des Magistrats du Sénégal, Ums, Souleymane Téliko devant l’Inspection générale de l’Administration judicaire (Igaj). Une convocation qui fait suite aux propos que le magistrat a tenus sur le procès de Khalifa Sall. L’avocat dénonce à travers cette convocation une volonté manifeste de l’Etat d’affaiblir la magistrature.

L’affaire du juge Souleymane Téliko est loin de connaitre son épilogue. D’ailleurs, l’Union des Magistrats du Sénégal a décidé d’internationaliser son combat suite à la convocation de son président par l’Inspection générale de l’Administration judiciaire. Une audition qui porterait sur une appréciation technique que Téliko avait faite sur le procès de Khalifa Ababacar Sall. L’Ums dénonce une manœuvre flagrante orchestrée pour la décapiter à travers notamment une campagne effrénée de dénigrement à l’encontre de son président Souleymane Téliko. Elle ne sera pas seule dans son combat puisque l’avocat droit-de-l’hommiste Me Assane Dioma Ndiaye a décidé de lui apporter son soutient.

Le président de la LSDH dénonce ce qu’il qualifie de tentative de musellement de la magistrature sénégalaise. « Notre position, elle est claire dans cette affaire. Pour nous, c’est une volonté de musellement. On veut museler un homme. Mais à travers lui, l’Etat entend lancer un message très fort à l’endroit des magistrats pour leur faire savoir qu’il n’accepterait pas un certain nombre de libertés de leur part. Il entend surtout freiner cette quête d’indépendance qui est aujourd’hui très forte au niveau de la nouvelle vague de la magistrature. On assiste à une sorte de refus de l’Etat par rapport à des revendications qui sont de plus de plus grandissantes et qui tiennent surtout à une magistrature qui soit maitresse d’elle-même pour qu’elle puisse travailler dans la dignité, dans la sérénité et dans les conditions de l’égalité sous le contrôle de la conscience unique de ces magistrats. Manifestement, l’Etat n’est pas disposé à une magistrature qui soit forte et qui soit indépendante, utilisée en toute équité et sans aucune pression. Donc on assiste vraisemblablement à une sorte de reprise en main de la magistrature par l’Etat », a fustigé Me Assane Dioma que nous avons joint au téléphone hier.

Me Assane Dioma Ndiaye dit avoir noté que pendant ces dernières années, au sein de la justice, l’Etat était favorable à des réformes allant dans le sens d’une mainmise de sa part sur la Magistrature surtout pour ce qui concerne les magistrats du siège. En effet, estime-t-il, une chose qui n’est plus perceptible dans ce secteur.

L’union sacrée autour de la Magistrature !
« Pour les magistrats du Parquet, il n’y a pas de souci. Mais, pour les magistrats du siège, il y avait quand même des acquis surtout aux principes de l’inamovibilité même s’il y avait des entorses sous le couvert du prétexte de nécessité de service. Surtout de l’intérim qui permettait à l’Etat d’affecter des magistrats du siège sans leur consentement. Il y avait certes des entorses mais, au moins, l’Etat respectait les apparences surtout au niveau des principes. Mais là, avec l’affaire Ngor Diop et maintenant avec la convocation de Téliko, je pense qu’on assiste à un durcissement de la part de l’Etat. Et c’est inquiétant, parce que si cette affaire passe, ça risque de compromettre ce combat qui a été mené par l’Union des magistrats tout le temps symbolisé par Souleymane Téliko. C’est ce qui explique notre mobilisation au niveau des organisations des droits de l’homme ».

«Nous appelons tous les hommes épris de paix, de justice et de liberté à faire corps, à se dresser contre l’arbitraire, à faire en sorte que notre magistrature ne sorte pas affaiblie de cette épreuve. Parce que la Justice est le socle de l’Etat de Droit. C’est la charpente de la démocratie. Si, aujourd’hui, on la casse de cette manière, je pense qu’il y va surtout de la vulnérabilité des Sénégalais de tous bords. Or, tout le monde a intérêt à ce que la magistrature soit forte. A ce qu’au moins, on puisse arriver à une indépendance de la justice. Pour qu’aucun magistrat ne puisse souffrir du fait des décisions qu’il rend ou d’une prise de position qui ne viole en rien la déontologie de la magistrature » a conclu Me Assane Dioma Ndiaye.

Le Témoin

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