Coronavirus : Ousmane Faye, le virologue sénégalais en première ligne contre l’épidémie

22 - Mars - 2020

À la tête du département de virologie de l’Institut Pasteur de Dakar, en première ligne contre le début d’épidémie de coronavirus, le Dr Ousmane Faye conseille quotidiennement les pouvoirs publics sénégalais.

1. Point quotidien

À la tête d’une équipe de 54 personnes, ce biologiste virologue annonce chaque jour au gouvernement sénégalais, un peu avant 17? heures, le résultat des analyses quotidiennes. Le ministère de la Santé peut ainsi rendre public le nombre de nouveaux cas, de cas suspects ou de patients guéris.

2. Premier sur la recherche

En plus de l’analyse des prélèvements qui leur sont envoyés, les équipes du Dr Faye portent une attention particulière à l’étude du virus. Depuis 2003 déjà et l’épidémie de sras en Chine, ils ont étudié d’autres formes de coronavirus. Ils planchent aujourd’hui sur le séquençage du Covid-19.

3. Quatre piliers

Travail en laboratoire, surveillance, communication et instauration d’un protocole de crise?: voici les quatre piliers nécessaires à la bonne gestion d’une épidémie, selon lui. Le docteur estime qu’il faut «?parfois s’affranchir du tout médical?».

4. Expert en épidémie

Le Sénégalais n’en est pas à la gestion de sa première crise. Entre? 2014 et ?2018, il a été responsable de plusieurs laboratoires, entre la Guinée et la RDC, dans le cadre de la lutte contre Ebola. En 2016, il dirigeait également le laboratoire de l’Institut Pasteur de Dakar envoyé en Angola pour participer à la lutte contre la fièvre jaune.

5. Conseiller

Tous les matins, il part jouer les conseillers auprès du ministre de la Santé. De son expérience dans la gestion d’Ebola, il a conservé une notion importante?: le protocole de test, qui exige notamment d’obtenir deux analyses négatives avant qu’un patient soit considéré comme guéri.

6. Formateur

Après avoir formé des laboratoires rwandais, ougandais et zambiens aux techniques de diagnostic de la fièvre jaune en 2013, il a supervisé début février la formation de quatorze laboratoires africains au diagnostic du coronavirus. Au début de la crise, seuls deux établissements subsahariens étaient en mesure de mener des tests?: l’Institut Pasteur de Dakar et l’Institut national des maladies transmissibles, en Afrique du Sud.

Ousmane Faye et son équipe de chercheurs ont enseigné l’utilisation des outils de diagnostic et fourni des kits de dépistage à des laboratoires de tout le continent. Ils continuent aujourd’hui à dispenser des conseils à travers un groupe WhatsApp.

7. Prolifique

Il est l’auteur de 121 publications scientifiques et médicales, parues depuis 1992 dans différentes revues internationales.

8. Occupé…

Sur pied tous les jours à 5 ?heures du matin et mobilisé au moins jusqu’à 23 ?heures, le quinquagénaire a des journées bien remplies. Entre deux analyses, il échange avec le Comité national de gestion des épidémies et répond à des coups de téléphone via sa montre connectée.

9… mais pas dépassé

Avec une capacité de 1 000 tests par jour, pouvant être élargie grâce à des unités mobiles (des laboratoires dans des camions), l’Institut Pasteur assure qu’il est loin d’être dépassé. Il en va de même pour les unités d’isolement comme celle de l’hôpital de Fann à Dakar, qui a accueilli les premiers malades, estime Ousmane Faye.

10. Diagnostic précoce

À l’Institut Pasteur, les premiers tests ont commencé le 6? février et le premier cas n’a été confirmé que le 28. Selon le virologue, «?tout a été fait pour être prêt très tôt face à un virus qui est arrivé tard en Afrique, mais qui se propage très vite?». Une «?capacité à identifier rapidement les cas suspects et à les sortir de leur communauté?» qui déterminera l’évolution de la pandémie sur le continent, selon Ousmane Faye.

Le cas d’un patient sénégalais de retour d’Italie et installé dans la ville de Touba, à l’est de Dakar, devenue l’épicentre de l’épidémie au Sénégal, pourrait marquer un tournant. Le malade, diagnostiqué positif au Covid-19 le 11 ?mars, a déjà contaminé 18 personnes et le ministère de la Santé a identifié 71 individus avec qui il aurait été en contact. Si le nombre de contaminations devient trop important, il faudra changer de stratégie, estime Ousmane Faye, et demander aux individus de se placer en auto-isolement.

Jeune Afrique

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

25 - Octobre - 2024

Les choses se compliquent un peu plus pour Jérôme Bandiaky : Sa famille sommée de quitter la villa qu'elle occupe illégalement au centre ville de Dakar

Jérôme Bandiaky traverse une période difficile. Après son arrestation et son placement sous mandat de dépôt le 25 septembre dernier, il subit un nouveau...

24 - Octobre - 2024

Conditions de détention de Bougane : Seydi GASSAMA contre un traitement de faveur pour le leader de Guem Sa Bopp

Seydi GASSAMA plaide pour la libération e Bougane GUEYE. Mais il ne soutient un traitement en faveur à son endroit dans le lieu de privation où il est détenu. Le leader...

24 - Octobre - 2024

Mort de Mohamed Taya Diop : Six policiers vont comparaitre le 12 novembre

En mars dernier, Mohamed Taya Diop a perdu la vie dans des circonstances tragiques. Aujourd’hui, sept mois après sa mort, l’heure de vérité semble avoir...

24 - Octobre - 2024

Sénégal et Afreximbank : Khadim Ba de Locafrique encaisse 4 milliards 427 millions de FCFA de commissions grâce à Amadou Ba, ministre de l'Economie et des Finances à l'époque

En octobre 2016, une convention de crédit d’un montant de 98 383 500 000 FCFA avait été signée entre le Sénégal et Afreximbank pour soutenir les...

23 - Octobre - 2024

Sécurité maritime :Le Sénégal se dote d’un nouveau patrouilleur « le Cayor »

Après sa réception, il y a quelques mois, le patrouilleur de haute mer « Le Cayor » a été officiellement baptisé ce mardi 22 octobre par le chef de...