Côte d’Ivoire : mort de l’écrivain Bernard Dadié
L’écrivain ivoirien était âgé de 103 ans. Il est considéré comme l’un des pionniers de la littérature africaine.
L’un des pionniers de la littérature africaine, l’écrivain ivoirien Bernard Dadié, est mort, samedi 9 mars, à l’âge de 103 ans, a annoncé le ministre ivoirien de la culture, Maurice Bandaman. « La Côte d’Ivoire vient de perdre son plus grand écrivain, a-t-il déclaré. Nous nous inclinons devant sa mémoire. »
Bernard Dadié est l’auteur d’une œuvre prolifique, dans laquelle il a abordé tous les genres littéraires : poésie, roman, chroniques, contes traditionnels et surtout théâtre. Parmi ses pièces, quatre notamment - Monsieur Thogo-Gnini, Béatrice du Congo, Les Voix dans le vent, Iles de tempête - ont été jouées à l’occasion de manifestations culturelles de grande envergure (Festival d’Avignon, Festival panafricain d’Alger ou encore au Festival de la jeunesse francophone de Montréal).
Il dénonce l’oppression coloniale dans son premier recueil de poésie, Afrique debout !, publié en 1950. Un deuxième recueil, La Ronde des jours, est resté célèbre notamment avec son poème, « Je vous remercie mon Dieu de m’avoir créé Noir ».
Dans Climbié, publié en 1956 - roman en grande partie autobiographique -, il retrace son enfance aux côtés de son père planteur et de son oncle. Bernard Dadié est aussi l’auteur d’une trilogie (Un Nègre à Paris, Patron de New York, La Ville où nul ne meurt), des chroniques pleines d’humour rapportant les observations faussement naïves d’un jeune Africain confronté aux métropoles occidentales.
Militant syndical et politique
Engagé dans le militantisme syndical et politique, Bernard Dadié a occupé des responsabilités au sein du Rassemblement démocratique africain (RDA) et du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) créé par Houphouët-Boigny. Ses articles et prises de position lui ont valu d’être condamné à la prison. Publiés en 1981, ses Carnets de prison sont un témoignage brut sur les seize mois de son incarcération et les conditions réservées aux prisonniers par l’administration coloniale.
L’indépendance venue, il poursuit sa route politique et militante en occupant des fonctions administratives et politiques dans divers cabinets et ministères. Il a été le ministre de la culture de 1977 à 1986 du premier président ivoirien, Felix Houphouët-Boigny.
En 2016, il a reçu le premier prix Jaime Torres Bodet, décerné par l’Unesco, qui récompense l’ensemble de l’œuvre de ce « pionnier et géant de la littérature africaine », selon Irina Bokova, directrice de l’Unesco.
LE MONDE