CRISE SECURITAIRE DU SAHEL : POUR UN RETRAIT IMMEDIAT DES TROUPES FRANÇAISES

26 - Novembre - 2019

L’incident malheureux ayant coûté la vie à 13 soldats français lundi soir montre encore une fois que l’intervention militaire de la France au Mali n’a pas permis une amélioration de la situation sécuritaire. Bien au contraire, l’impression d’une constante détérioration s’impose à l’esprit de tout observateur. Le Mali, le Burkina-Faso et le Niger n’ont jamais été aussi menacés de déstabilisation totale que depuis le lancement de l’opération Serval devenue Barkhane. Six ans après, la décision « héroïque » de François Hollande semble avoir produit le contraire des objectifs officiellement affichés. Et, au Mali, aujourd’hui, c’est le grand artiste Salif Keïta qui est porté aux nues après ses vigoureuses dénonciations, alors que le drapeau français brule dans les rues et les marchés.
Certes, le président Hollande avait su, en son temps, habilement profiter d’une conjoncture favorable pour mettre fin à la décision de retrait des troupes françaises prise par le président Modibo Keïta au début des années 60. Ce retour militaire sur le terrain malien permet aux dirigeants français de renforcer leurs capacités d’influence sur les exécutifs ouest-africains et leurs possibilités d’accaparement des immenses richesses naturelles de la sous-région. Il facilite aussi l’utilisation des irrédentismes ethniques et religieux au service de la domination politique, comme au bon vieux temps colonial. Mais sert-il réellement le peuple français dont la paupérisation croissante a généré la mobilisation des Gilets-Jaunes ? N’est-il pas trop lourd pour le budget de la France qui cherche aujourd’hui l’aide financière et militaire de ses alliés européens ? Les décideurs parisiens ont-ils encore les moyens et l’intérêt de faire perdurer les reliques de la colonisation que sont l’occupation militaire et le franc Cfa ?
Au Sahel, le mot d’échec n’est pas trop fort, dans une évaluation rapportée aux objectifs officiels de stabilisation et de pacification, et non aux visées géopoliticiennes entrevues par les esprits critiques. Dans ces conditions, le retrait immédiat des troupes françaises est la précondition d’une stratégie efficace de combat contre les bandes de mercenaires et de trafiquants dits « djihadistes ». La sécurisation du Sahel doit devenir, de toute urgence, non plus une affaire française mais une affaire onusienne respectant le rôle de tous les pays membres du Conseil de sécurité, y compris la Russie et la Chine, et responsabilisant pleinement l’Union africaine et la Cedeao. Contrairement à la propagande intéressée de certains manipulateurs, les armées ouest-africaines ne sont pas des passoires, et leurs soldats savent se battre comme les Tchadiens, qui ont signé les rares succès militaires enregistrés au Nord-Mali.
A défaut, les peuples ouest-africains et français continueront à payer le prix du sang et de la pauvreté.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien président de la Commission Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale du Sénégal

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

26 - Octobre - 2024

Revue de presse: Les quotidiens commentent l’adresse du président de la République à la nation

Les quotidiens relayent l’appel à la retenue fait par le président de la République vendredi soir et relèvent son ‘’désaccord’’...

25 - Octobre - 2024

Les militants de Pastef récusent la nomination de Samba Ndiaye: Une pétition pour sa destitution recueille plus de 23 000 signatures

La tension monte autour du duo «Diomaye Faye – Ousmane Sonko». Mécontents de la nomination de Samba Ndiaye, ex-maire de Ndofane, au poste de président du Conseil...

25 - Octobre - 2024

Abdoulaye Sally SALL, un des piliers de l’APR au Fouta soutient le PASTEF pour les Législatives

Ancien ministre conseiller de Macky SALL et maire de Nabadji Civol, Abdoulaye Sally SALL apporte désormais son soutien au PASTEF, dans le nord considéré comme le titre foncier...

25 - Octobre - 2024

Arrestation de Bougane: Samm Sa Kaddu porte l'affaire à l’ONU

Considérant l’arrestation de Bougane GUEYE comme «une grave atteinte aux libertés individuelles et à la démocratie », la coalition Samm Sa Kaddu a...

25 - Octobre - 2024

Les soutiens de pontes de l'Apr au Pastef pour les législatives se multiplient : Saliou SAMB, président du Conseil départemental de Mbour allonge la liste

Le directeur général de la Société des Infrastructures de Réparation Navale (SIRN) et président du Conseil Départemental de Mbour compte battre...