DADJU : « JE TRAVAILLE POUR NE PLUS REDEVENIR PAUVRE »

05 - Mars - 2020

Avec ses deux albums, « Gentleman 2.0 » et « Poison ou Antidote », le chanteur s’est imposé comme la figure de la pop urbaine française.

Dadju le reconnaît sans hésiter, c’est grâce à son frère, Maître Gims qu’en 2012, il enregistre une chanson. Il entamait ses études en licence éco­gestion qu’il finançait en travaillant dans les fast­foods quand, un jour, son aîné, qu’il accompagne parfois en studio, l’invite à passer derrière le micro : « “Je t’entends toujours chanter derrière moi, vas­y”, m’a­t­il dit, se souvient Dadju. On a enregistré un duo qui ne devait pas sortir des murs du studio, mais qu’on a finalement fait écouter à notre entourage. J’ai découvert ma voix. Faire de la musique ne m’intéressait pas, mes frères en faisaient déjà, mais le naturel a pris le dessus. »
Pour se démarquer de son aîné, il s’est d’abord associé au rappeur Abou Tall dans le duo The Shin Sekaï, mais, après deux mix tapes et un album, Dadju se lance en solo en affinant son style : « Je n’ai pas créé un nouveau style de musique, résume­t­il. En revanche, j’apporte ma touche en mettant la rumba au goût du jour. Je veux chanter de la variété française, mais avec un flow très afro. J’essaie d’inventer un nouveau délire tout en ayant des textes positifs et actuels. Je parle beaucoup de l’obsession pour l’argent, d’amour, de rupture, d’infidélités, de jalousies. » Des thèmes largement exploités dans son premier disque.
« Je n’ai pas créé un nouveau style. En revanche, j’apporte ma touche en mettant la rumba au goût du jour »
Pour son deuxième album, Poison ou Antidote, le jeune homme est moins léger et se livre plus, notamment sur son enfance et sur les femmes de sa vie: sa mère, Lionne, sa femme et sa fille, Reine, et sur l’histoire compliquée avec son père, Papa : « Je commence à me confier, avoue­t­il. C’est comme de la drague, de la séduction, tu ne peux pas tout dire d’un coup, c’est plus intéressant de se dévoiler petit à petit. »
Né à Melun, en Seine­et­Marne, le 2 mai 1991, Dadju est le fruit de la rencontre entre deux clandestins arrivés de la République démocratique du Congo, un musicien et une étudiante. L’enfant vit ses premières années dans des squats de la Seine­Saint­Denis. A l’âge de 3 ans, un marchand de sommeil déniche un appartement à sa famille, à Romainville, contre un loyer payé en espèces. Il y reste jusqu’à ses 12 ans et le départ de son père : « Quand il est parti, il n’a pas laissé de message, raconte Dadju, il ne m’a pas dit : “Tu sais, on va se séparer avec ta mère, maintenant tu es grand, il faut que tu comprennes.” Il est juste parti, je me suis réveillé le matin, je l’ai vu, je lui ai dit : “A tout à l’heure” et je ne l’ai plus revu. Il m’a donné des nouvelles de lui un an après être parti : “Si tu veux, on va au McDo”, comme si de rien n’était. Il m’a ainsi donné des nouvelles, tous les deux ans pour me dire : “Viens, on va au McDo.” Il n’était pas méchant, juste pas fait pour avoir des responsabilités. »

« Douleur du pauvre »

Sa mère, elle, sans papiers, peine à trouver un travail et accumule les retards de loyers. La petite famille finit par se retrouver à la rue : « Quand on avait un peu d’argent, on allait à l’hôtel, ou alors chez une tante. Au pire, on restait dans une cage d’escalier, raconte Dadju. La CPE [conseillère principale d’éducation] de mon collège, à Romainville, a vu que je n’étais pas bien. Elle m’a demandé ce qu’il se passait. Je pouvais ne pas changer de vêtements pendant une semaine. J’étais quelqu’un de très souriant, je n’avais plus envie de rigoler. Elle a demandé à voir ma mère. Comme je ne voulais pas qu’elle se déplace, et rajouter à ses problèmes, j’ai fini par tout expliquer à ma CPE. »

La fonctionnaire organise une collecte pour subvenir aux besoins urgents de la famille et prend les choses en main : « Elle allait à la mairie en emmenant ma mère, rapporte le chanteur. Pendant six mois, elle a harcelé l’administration : “C’est inadmissible, Dadju est un de nos meilleurs élèves. Il est à la rue, ses notes chutent, je vais me plaindre ici et là.” Un logement HLM nous a été attribué après dix­ huit mois sans domicile. Ma CPE nous a littéralement sauvés. »

De cette période, Dadju dit avoir gardé un traumatisme : cette « douleur du pauvre ». « Pour moi, décrypte­t-­il, c’est l’incapacité de s’aider soi­-même et de pouvoir aider les autres. Quand tu vois ta mère souffrir parce qu’elle n’a pas ses papiers, pas d’argent et que toi, en tant qu’adolescent, tu ne peux rien y faire, c’est une douleur que je n’ai plus envie de ressentir. Je travaille pour ne plus redevenir pauvre. Je refuse que mes enfants vivent ce que j’ai vécu. »
Avec Lemonde

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